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Assemblée générale de l'UFS

Les semenciers veulent défendre leur rôle sociétal


TNC le 07/11/2019 à 08:52
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Dressant le bilan de 10 ans d’existence, l’Union française des semenciers (UFS) fait le constat d’un manque de connaissance et de reconnaissance face aux solutions apportées par le secteur de la semence, y compris en matière de réponses sociétales. Ils demandent notamment un débat plus apaisé sur les nouvelles techniques de sélection variétale.

« Nous sommes persuadés depuis longtemps d’apporter des solutions à l’agriculture, mais nous avons besoin d’en persuader aussi la société », a constaté Franck Berger, président de l’UFS, à l’occasion du point presse de l’organisation, le 5 novembre. Le secteur, qui investit en recherche et développement une part très importante de son chiffre d’affaires, soit 13 % de 3,3 milliards d’euros, participe en effet à la dynamique de l’ensemble du territoire avec 383 000 ha de multiplication, 19 000 agriculteurs multiplicateurs, 1 million de tonnes de semences produites chaque année, et 12 000 emplois induits.

La France est ainsi le premier exportateur mondial de semences, le premier producteur européen, avec, en 2017-2018, 947 M€ de balance commerciale positive à l’export. Néanmoins, comme pour les autres secteurs agricoles, « le débat global sur la crise de confiance nous atteint », estime Franck Berger. L’un des enjeux actuels de l’UFS est donc de mieux faire connaître la façon dont le secteur prend en compte les attentes sociétales.

Ainsi, les surfaces de multiplication en bio ont progressé de 70 % en deux ans. « 500 variétés sont produites pour l’agriculture biologique, et ce chiffre ne va faire qu’augmenter », indique Claude Tabel, vice-président de l’UFS. De même, un quart des fiches du contrat de solutions concernent les innovations variétales, qui ont pour objectif d’améliorer la résistance des variétés aux maladies pour limiter l’usage des produits phytosanitaires.

Remettre en débat le sujet des nouvelles techniques de sélection

Néanmoins, l’amélioration variétale ne peut pas échapper au débat sur les nouvelles techniques de sélection, estime l’UFS, qui appelle la France à s’unir aux autres pays européens pour remettre le débat sur le devant de la scène auprès des instances de l’UE. « On prétend fournir toutes les formes d’agricultures, on n’est pas là pour enfoncer un clou idéologique sur une certaine forme de pratique agricole. Par contre ce qui est important, c’est d’avoir un champ réglementaire qui permette à tous de s’exprimer, cohérent par rapport aux attentes et aux besoins », rappelle Franck Berger.

Pour le moment, les nouvelles techniques de sélection sont assimilées à de la mutagenèse, et donc interdites dans le cadre de la directive de 2001. « Notre proposition est de prendre en compte la finalité et l’utilisation de la méthode, à savoir coupler la méthode et le produit, en regardant par exemple si de l’ADN exogène est introduit ou non », explique Claude Tabel. « On doit être capable de se remettre autour de la table au niveau européen », poursuit le vice-président de l’UFS, alors que la réflexion est en cours dans la plupart des grands pays (États-Unis, Canada, Japon…).

Au niveau français, la décision du Conseil d’État est toujours attendue sur cette question. « Si les recherches ne peuvent pas être conduites en milieu ouvert sur le territoire de l’UE, alors il y aura la tentation de les réaliser à l’étranger et donc un moindre effort de recherche sur le territoire national », regrette France Berger. Pour sensibiliser davantage aux possibilités offertes par ces nouvelles techniques, l’UFS aimerait s’associer à la recherche publique pour mener des projets pilotes « sur des sujets qui ne font pas polémique, c’est à dire en évitant le sujet de la résistance aux herbicides par exemple… », explique le président de l’UFS.

Loi Égalim : les inquiétudes persistent

Autre problématique pour les semenciers, celle de l’interdiction de stocker ou de transporter sur le territoire national des produits phytosanitaires dont l’utilisation est interdite au sein de l’Union européenne, une disposition introduite par l’article 83 de la loi Égalim. Or, « ces traitements nous sont imposés par les pays destinataires, en dehors de l’UE, pour répondre à des problèmes spécifiques liés à leur contexte agricole, si on ne peut plus répondre à leur demande, on va perdre ces marchés », déplore Franck Berger.

Un article correctif, destiné à exclure le secteur des semences de ce dispositif, avait été introduit dans la loi Pacte mais a été annulé par le Conseil constitutionnel qui y a vu un « cavalier législatif ». L’UFS espère néanmoins trouver un aménagement rapidement pour éviter la perte de ces marchés ou des délocalisations éventuelles.