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Engrais azotés

Les prix des engrais azotés sont encore en hausse


TNC le 23/08/2023 à 14:48
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Prix du gaz naturel européen dutch TTF parité eurodollar

Après la baisse du mois de juin, les prix des engrais azotés sont repartis à la hausse, dans un marché tendu par une offre mondiale réduite et des craintes sur les coûts de production en Europe.

440 €/t le 18 août pour l’urée départ port, 453,5 €/t pour l’ammonitrate 33,5 % départ usine et 287,5 €/t pour la solution azotée départ Rouen, contre respectivement 302,5 €/t, 322,5 €/t et 225 €/t deux mois plus tôt : les prix des engrais azotés augmentent, avec « un nouveau mouvement haussier marqué ces derniers jours sur le marché français », relève Marius Garrigue, spécialiste des marchés.

Cette fermeté s’explique notamment par une offre réduite à l’échelle mondiale : « les disponibilités en Asie du Sud-Est et en Afrique du Nord pour des livraisons à l’automne demeurent très limitées ». Autre facteur de tension : la hausse des prix du gaz naturel, qui sert de base à la production des engrais azotés », et dont le cours en Europe dépasse « les niveaux importants atteints en juin ».

À cela s’ajoute le repli de la parité eurodollar, sous les 1,09 le 22 août contre 1,12 mi-juillet. Or, si une baisse de cet indicateur donne un avantage compétitif à nos exportations, elle enchérit nos importations, notamment d’engrais.

Evolution du prix du Dutch TTF (cours du gaz de référence en Europe) et de la parité eurodollar ( © Tradingeconomics, Nasdaq)

Au mois de juin, la situation était tout autre pour les prix des engrais azotés, en baisse en raison de « marchés mondiaux bien approvisionnés » liés à une « nette décrue » des prix du gaz naturel sur un an qui a encouragé la production, expliquait Marc Zribi, chef de l’Unité grains et sucre de FranceAgriMer.

C’est à partir de début juillet que les prix se sont mis à grimper en France dans le sillage des cours mondiaux, avec un renforcement continu des risques haussiers : assèchement de l’offre en urée chez les exportateurs majeurs, incertitudes sur les coûts de fabrication en Europe à cause de la volatilité et de la hausse des prix du gaz, interrogations sur l’offre russe suite au sabotage du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa, retrait de la parité eurodollar.

« J’avais hésité pour le deuxième camion mais j’ai bien fait »

La demande internationale, restée « atone » pendant la baisse des prix, s’est en parallèle intensifiée et les achats dans les campagnes ont gagné en dynamisme.

Sur Twitter, plusieurs agriculteurs réagissaient fin juillet à la hausse des prix. « J’ai acheté la N39 et l’urée fin juin, ça a pris 85€/t pour le 1er et 70€/t pour le 2e depuis… », notait Benoît, paysan charentais.

Emmanuel avait « réservé 30 t de N39 à 275 €/t échéance décembre 2023, sûrement pas une mauvaise affaire. C’est 3 fois moins qu’il y a un an… ». « J’ai fait mon plein N39 à ce prix aussi, reprend Benoît. J’avais hésité pour le 2ème camion mais j’ai bien fait de le prendre au final ».

D’après un sondage proposé du 18 au 25 juillet sur Terre-net et sur Web-agri, environ la moitié des lecteurs des deux sites étaient alors couverts à plus de 75 % en engrais azotés pour la campagne 2023/24, contre un tiers l’an dernier à la même période, en pleine flambée des prix.

Un mois plus tard, la situation a sans doute encore bien évolué. De votre côté, où en êtes-vous ? Avez-vous pu vous couvrir avant que les cours remontent ? Quelle est votre stratégie d’achat d’engrais azotés pour la campagne 2023/24 ? Venez échanger sur le sujet en commentaires, en bas de cette page !

La Chine a un peu apaisé les tensions à l’international

« Les importantes hausses tarifaires appliquées sur l’ammonitrate et l’urée ont certes nettement freiné les intentions d’achats » en France, notait Marius Garrigue début août, « mais les fabricants profitent d’un bon engagement de leurs disponibilités sur les prochaines semaines pour maintenir des prix élevés ».

La course à la hausse des prix mondiaux s’est toutefois suspendue quelques jours, avec un appel d’offre indien conclu le 9 août : « la disponibilité chinoise en urée, à 1,1 Mt, en a surpris plus d’un et, combinée à une accalmie de la demande en Amérique latine et en Europe, a provoqué une baisse significative des offres des acheteurs », twittaient lundi les analystes du groupe CRU.

Quelle évolution pour les jours et semaines qui viennent ? Selon Josh Linville, spécialiste du marché des engrais chez StoneX, « il semble que le marché des engrais soit en train de s’installer pour son accalmie estivale annuelle : il ne se passe pas grand-chose… pour l’instant ». Les prix à venir dépendront de l’industrie, mais il incite aussi à surveiller les facteurs extérieurs, comme « les cours des grains, la politique internationale et les ratios de prix »