Les betteraviers appellent à limiter les imports de sucre ukrainien dans l’UE
TNC le 13/05/2025 à 10:00
La CGB exhorte à réduire les importations de sucre ukrainien, qu’elle juge destructrices pour la filière betteravière française et européenne. Lors d’un déplacement à Kiev, ses représentants ont plaidé pour une meilleure régulation des volumes afin de préserver l’équilibre du marché.
Une délégation de la CGB s’est rendue à Kiev au début du mois, à l’invitation de l’ambassade de France sur place, pour faire entendre la voix des betteraviers français face aux importations de sucre ukrainien, apprend-on dans un communiqué du 12 mai.
L’idée : « Faire reconnaître le sucre comme un produit sensible au sein de l’accord commercial entre l’UE et l’Ukraine » et « continuer de demander la poursuite de la baisse du contingentement de sucre ukrainien dans l’UE ».
« Nous admirons et soutenons les Ukrainiens dans leur combat pour la liberté, mais nous leur avons expliqué pourquoi nous n’avons pas les moyens de financer ce conflit. Nous avons été transparents et avons exposé les raisons qui nous poussent à veiller en permanence à ce que le sucre soit exclu de toute concession au sein de l’accord entre l’Ukraine et l’UE », relate Guillaume Gandon, vice-Président de la CGB.
De fait, l’UE a instauré au début du conflit une exemption de droits de douane sur des produits agricoles ukrainiens pour soutenir Kiev face à l’invasion russe. Face aux protestations des agriculteurs européens contre une concurrence jugée déloyale, Bruxelles a reconduit le dispositif en 2024 avec un plafond maximum pour certains produits détaxés, notamment le sucre. Cet accord expire le 5 juin et les négociations sur son avenir patinent.
« L’ouverture du marché européen au sucre ukrainien en 2022 s’est traduite par des volumes importés multipliés par 25 en deux ans, conduisant à la division par deux des prix spots dans l’UE, et par une baisse massive des surfaces de betteraves semées en UE (- 7 %) », déplore le communiqué.
Les importations de sucre ukrainien dans l’UE tournaient autour de 20 000 t/an avant 2022, elles ont grimpé à 500 000 t/an dans les premiers temps du conflit, avant de redescendre à 260 000 t/an en 2024.
Le marché du sucre européen étant « mature », la filière sucrière ukrainienne met d’autant plus en péril la production communautaire, plaide la CGB. De fait, elle est « plus compétitive » et « très adaptable » : dominée par moins de 10 « agroholdings », sur des exploitations pouvant dépasser 200 000 ha contre 140 ha en moyenne en France, et capables de « s’adapter à une mise en conformité aux normes européennes ».
Guillaume Gandon reprend : « Nous pouvons être un soutien, y compris auprès de la Commission européenne, quand les Ukrainiens cherchent à pérenniser leur accès au marché mondial, ou lorsqu’ils cherchent à développer une filière biogaz ou bioéthanol – d’ailleurs, ils ont adopté un taux d’incorporation de 5 % de bioéthanol en ce début d’année. Discuter nous a permis de mieux comprendre les points de convergence que nous pouvons avoir. »