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Agroalimentaire

Les amidonniers réclament l’assouplissement des réglementations du secteur


TNC le 29/09/2023 à 18:30
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L'amidonnerie française rappelle l'importance de la valorisation de ses matières premières et s'oppose aux réglementations maximalistes. (©Adobe Stock)

Après une année de croissance en 2022 dans un contexte inflationniste, l’amidonnerie, fer de lance du commerce extérieur français, réclame un assouplissement du cadre réglementaire du secteur sur les sujets de la décarbonation et de l'usage de l'eau, afin d’assurer le maintien de sa compétitivité et la contribution à « la souveraineté alimentaire et industrielle nationale ».

L’amidonnerie, contributrice historique de la balance commerciale française, affiche une croissance de 4,8 % en 2022, avec un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros, malgré les effets du ralentissement de l’économie et des coûts de production élevés. Lors d’une conférence du 28 septembre, l’Usipa (Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés) représentée par les groupes ADM, Cargill, Roquette et Tereos, a exhorté les pouvoirs publics à assouplir certaines réglementations dont celle encadrant le recyclage de l’eau afin de préserver la compétitivité du secteur.

Une performance maintenue sur un marché sous tension

« La croissance est essentiellement tirée par l’export qui représente 75 % des ventes des amidonniers français, notamment vers l’UE, en hausse de 3 % par rapport à 2021. Elle masque des signaux faibles, à savoir des coûts de production liés aux prix du gaz et des matières premières élevés en 2022 en raison du contexte inflationniste, et du ralentissement de la croissance mondiale », indique Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa.

Les représentants de l’amidonnerie française, totalisant 30 % de la production européenne, ont souligné la problématique de l’exposition du secteur à l’international. En effet,  la distorsion de concurrence induite par les coûts de production inférieurs sur le marché asiatique se fait au détriment de la compétitivité de la filière française, expliquant outre la politique zéro covid, un recul des exportations vers la Chine de 8,5 %. D’où l’inquiétude de l’interprofession au sujet de la perspective de signature d’un accord de libre-échange entre la Commission européenne, et des pays étrangers ne respectant pas les mêmes normes de production que la France.

Les incertitudes planant sur ce secteur sont d’autant plus problématiques dans la mesure où « l’amidonnerie représente des débouchés importants pour les grandes cultures françaises, s’élevant hors export, à 18 % pour le blé tendre, et 30 % pour le maïs », selon Mariane Flamary.

Alerte sur les contraintes réglementaires 

Dans ce contexte, les contraintes réglementaires relatives à la décarbonation et la sobriété de l’usage de l’eau, suscitent des inquiétudes de la part de l’interprofession désireuse d’engager sa décarbonation sans compromettre sa compétitivité.

« Dès 2021, l’Usipa a été interpellée par les pouvoirs publics afin de rendre une feuille de route collective de décarbonation basée sur une trajectoire à – 35 % d’ici 2030, en passe d’être respectée par le secteur qui comptabilisait une baisse des émissions en tonnes de C02 entre 2015 et 2022 d’au moins 16 %, selon les données de la Commission européenne (ETS) », précise la déléguée générale.

Néanmoins ces objectifs ont été revus à la hausse fin 2022 par l’exécutif, d’où la nécessité de travailler sur une nouvelle feuille de route sur la base de deux scénarii, prévoyant respectivement – 40 % et – 50 % d’émission de GES, à l’horizon 2030. Trois leviers permettraient d’atteindre ces objectifs selon l’Usipa, à savoir l’électrification massive des procédés de fabrication, un recours accru à la biomasse énergie et la poursuite des efforts d’efficacité sur site, pour un coût estimé entre 1,1 milliard et 1,4 milliard d’euros, d’où l’importance du soutien de la puissance publique.

En parallèle, le syndicat s’inquiète de la tournure « maximaliste » du projet de décret « Reut » concernant le recyclage de l’eau, à l’opposé de la doctrine de « libération des initiatives » privilégiée pour l’objectif de sobriété de ces usages. La filière qui s’est déjà emparée du sujet annonce une réduction de 13 % sur les quatre dernières années et déplore les préjugés sur le maïs, matière première incontournable du secteur valorisé a plus de 1,8 million de tonnes en 2022, pointé du doigt pour sa consommation en eau pourtant inférieure à celle du blé ou du soja, à 454 litres d’eau pour un kg.

« L’Usipa réclame un cadre favorable pour la stabilité et la compétitivité des prix et la libération de l’accès à la biomasse qui fait l’objet d’une réglementation parfois compliquée en France et âpre au niveau européen, avec des débats qui ne sont pas totalement tranchés. Il n’y aura pas de marche arrière possible, la question c’est la vitesse de réalisation de ces ambitions », résume Mariane Flamary.