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Filière viticole

L’économie pourrait ralentir la transition écologique (professionnels)


AFP le 24/02/2020 à 14:42

La transition environnementale de la filière viticole risque d'être « ralentie » par ses déboires à l'exportation, qui plombent la situation économique des entreprises, ont prévenu lundi les principaux responsables de la filière viticole française.

Avec le recul des exportations dû aux taxes américaines notamment sur le vin, « l’économie va souffrir dans nos campagnes, et les entreprises viticoles ne pourront pas investir dans la transition environnementale, qui doit pourtant se faire », a déclaré le président du comité national des interprofessions des vins à appellations et indications géographiques (CNIV) Jean-Marie Barillère, lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture à Paris.

Pour réduire l’utilisation de pesticides chimiques sur les vignes et leur impact sur les riverains, les viticulteurs doivent adopter de nouvelles techniques, soit replanter des vignes plus résistantes aux maladies, soit acheter du matériel de désherbage électrique, soit encore des pulvérisateurs modernes équipés d’équipements anti-dérive, qui nécessitent de lourds investissements. Au vu de l’impact des surtaxes de 25 % aux États-Unis, premier marché à l’exportation des vins français, « la transition environnementale se fera à vitesse réduite, car on ne peut pas envoyer toute une économie dans le mur », a affirmé Jean-Marie Barillère.

Revenant sur la visite samedi d’Emmanuel Macron au salon, Jean-Marie Barillère a semblé rassuré par la position du président assurant la filière viticole qu’il n’y aurait pas de sortie des pesticides sans solution de remplacement pour les agriculteurs et viticulteurs. « C’est clair dans la tête du président, plus clair que dans celle de nombreux responsables administratifs », a-t-il ajouté. Le fonds annoncé de 25 millions d’euros pour compenser les pertes induites par l’établissement au 1er janvier de zones de non-traitement autour des habitations doit servir à financer l’achat de matériels de pulvérisation anti-dérive. « Il y aura un appel à projet lancé par FranceAgriMer pour renouveler les matériels et éviter les dérives », a précisé Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de l’organisme public.

Les viticulteurs attendent par ailleurs une circulaire de l’État pour les « sécuriser » sur le plan juridique, après avoir obtenu l’assurance verbale du chef de l’État qu’il n’y aurait pas de contrôle punitif cette année sur les épandages de pesticides, seulement des « contrôles pédagogiques », le temps que l’ensemble des chartes locales fixant les règles du jeu entre Etat, agriculteurs et riverains soient signées dans les régions concernées.