Accéder au contenu principal
Sécheresse, inflation, etc.

Le vignoble européen résiste tant bien que mal


AFP le 28/10/2022 à 07:34
Burgundy vineyards

(©Getty Images)

Des raisins dorés et gorgés de sucre, rescapés de la sécheresse exceptionnelle de l'été : le vignoble européen a tenu le choc en 2022. Les grands producteurs reprennent leur souffle, mais s'inquiètent déjà de la flambée des coûts de production.

Après une année 2021 plombée par une récolte désastreuse en France, la vendange européenne devrait être légèrement plus volumineuse en 2022 (+ 2 %), avec 154 millions d’hectolitres de vin dans les huit principaux pays producteurs, a annoncé mardi lors d’une conférence la confédération agricole européenne Copa-Cogeca.

« Sécheresse, températures caniculaires, épisodes de gel et de grêle justifient cette timide augmentation », a souligné le principal syndicat d’agriculteurs avec un enthousiasme tempéré. La quantité sera « correcte, mais loin d’être abondante », avec un volume en dessous de la moyenne quinquennale.

Selon ses prévisions, l’Italie conserverait la première place du trio de tête européen, un trio qui produit près de la moitié des bouteilles écoulées dans le monde. L’Espagne, dont le vignoble a été assoiffé et écrasé par la chaleur, devrait toutefois céder sa place de numéro 2 à la France.

Un peu partout en Europe, les canicules ont accéléré la maturation des raisins et fait monter le degré d’alcool. « On a tous été un peu surpris » reconnaissait François Capdellayre, président de la cave coopérative Dom Brial dans les Pyrénées-Orientales, qui a dû sortir ses outils début août dans la précipitation.

Près de 44 % des surfaces agricoles européennes – vignobles mais aussi rizières ou champs d’oliviers – ont également souffert du manque d’eau depuis le printemps, avait expliqué la présidente du Copa-Cogeca et de la FNSEA Christiane Lambert.

Les pluies tombées in extremis avant la récolte ont permis de limiter les dégâts, et le syndicat mise sur un millésime de « très bonne qualité » grâce à l’excellente santé des raisins.

« Nous commençons à être inquiets pour l’avenir », a toutefois reconnu le président du groupe de travail vin, Luca Rigotti, car « le coût disproportionné de l’énergie engendre une augmentation du prix de toutes les matières premières », comme le verre ou le papier.

« Ce que l’on souhaite, c’est un dispositif d’accompagnement pour que nos fournisseurs puissent travailler correctement et nous fournir des matières sèches, du matériel, des engrais » à des tarifs raisonnables, a réclamé la vice-présidente du groupe, Anne Haller.

La France devance l’Espagne

« Le pouvoir d’achat des familles est en train de diminuer en Europe, et le vin n’est pas de première nécessité », a prévenu Luca Rigotti, qui s’attend à une diminution des ventes et des exportations.

Sur le plus long terme, la confédération européenne Copa-Cogeca a fait part de sa « grande appréhension face aux impacts désormais chroniques du changement climatique », qui affectent de manière très disparate les pays européens.

Malgré des conditions « défavorables et hostiles », le Conseil pour la recherche en agriculture italien a estimé que l’année 2022 « couronnait la résistance du vignoble italien au changement climatique », les stratégies d’adaptation de la vigne entamées depuis quelques années portant désormais leurs fruits.

Indétrônable, l’Italie devrait conserver une production stable, légèrement au-dessus de 50 millions d’hectolitres malgré des baisses de volume en Lombardie ou en Sicile.

La récolte devrait être très hétérogène en France, avec des vendanges exceptionnelles dans certains bassins viticoles comme la Champagne ou la Bourgogne, et d’autres comme le Sud-Ouest qui ont souffert du gel, de la grêle puis de la canicule.

La production tricolore devrait s’envoler de 20,2 % et atteindre 44,6 millions d’hectolitres, après la récolte « historiquement faible » de 2021 décimée par le gel printanier.

Elle devrait, de ce fait, dépasser l’Espagne, où les vagues de chaleurs se sont succédé sans répit. D’après le Copa-Cogeca, sa production devrait chuter autour de 37 millions d’hectolitres, soit une baisse de 6,1 %.

Le vaste réseau d’irrigation développé sur 40 % des terres viticoles de ce pays, menacé aux deux tiers par la désertification, n’a pas été suffisant pour sauver la mise, avec des rendements en baisse sur la quasi-totalité du territoire.

Seule consolation pour José Luis Benitez, directeur général de la Fédération espagnole du vin (FEV), le climat sec a certes diminué la taille des grains, mais permis aussi de réduire le nombre de maladies auxquelles sont généralement exposées les vignes.