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Taupin, géomyze et corvidés

Le point sur la gestion de ces ravageurs du maïs en 2022


TNC le 20/01/2022 à 06:05
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Retrouvez un résumé des dernières recommandations d'Arvalis en matière de lutte contre les ravageurs sur maïs. (©TNC)

Taupin, géomyze, corvidés... dès le début de son cycle, le maïs peut être soumis à d'importantes attaques de ravageurs. Dans une série de webinaires, Arvalis présente ses dernières recommandations pour lutter contre ces ravageurs lors de la campagne 2022.

Parmi les principaux ravageurs du maïs en début de cycle, on peut citer le taupin, coléoptère à cycle long (2 à 5 ans). Ce sont ses larves phytophages, qui attaquent les parties souterraines des plantes et peuvent être très nuisibles pour la culture : « une perte d’environ 5 à 10 q/ha pour 10 % de pieds attaqués », estime Romain Tscheiller d’Arvalis. 

Les plantes-appâts : une piste à creuser contre les taupins ?

Au-delà de sa nuisibilité, la principale difficulté avec le taupin est qu’il n’existe aujourd’hui aucune technique de lutte curative. Comme le confirment les derniers essais d’Arvalis, « deux solutions font alors référence sur le marché : les produits à base de cyperméthrine (Belem 0,8 MG, Daxol) et les produits à base de lambda-cyhalothrine (Karaté 0,4Gr, Expert) ».

Dans les deux cas, « l’utilisation d’un diffuseur est largement recommandée pour une répartition des microgranulés optimale et une protection plus complète ».

Synthèse d’essais de protection contre les taupins – maïs grain et fourrage. (©Arvalis-Institut du végétal)

Avec le projet Startaup (2017-2021), l’institut technique évalue également différents leviers à l’échelle de la rotation pour abaisser les populations de taupins comme : « le travail du sol estival pour remonter les jeunes œufs et larves, qui devraient être plus sensibles à la prédation et au sec, les plantes de service ou les cultures défavorables, les produits de biocontrôle (Met 52) ». Mais quelques complications de mise en place et les dernières analyses en cours ne permettent pas d’en sortir une solution concrète à ce jour.

Les essais 2018-2021 concernant les plantes-appâts sont, par contre, plus encourageants. En effet, « l’utilisation d’un mélange blé/maïs ou d’orge en pur montre les résultats les plus prometteurs », précise Romain Tscheiller. À noter : « l’efficacité est d’autant plus importante lorsque les plantes-appâts sont placées au plus près de la ligne de semis (2 lignes à 20 cm de la raie de semis) ».

Synthèse d’essais plantes-appâts contre les taupins 2018-2021 (©Arvalis-Institut du végétal)

L’expert nuance : « il faut tout de même rester assez vigilant. La technique montre une efficacité certaine mais il reste à peaufiner le choix des espèces, leur densité et leur positionnement. Le mode de destruction est aussi à prendre en compte pour garder les avantages de la technique, sans effet négatif sur la culture ».

Tous les détails dans le webinaire Arvalis dédié.

Korit 420 FS, une nouvelle dérogation pour 2022 contre les corvidés

En ce qui concerne la lutte contre les corvidés, Korit 420 FS reste le traitement qui présente les meilleurs résultats pour le moment en maïs (coût : environ 10 €/dose). « Ce traitement de semences dispose d’un dérogation jusqu’au 30 avril 2022, en attendant les prochaines décisions au niveau européen », indique Anne-Sophie Colart. « Il est à privilégier dans les situations à risque, même si son efficacité reste insuffisante en cas de fortes attaques », ajoute Bastien Chopineau. 

L’expert conseille aussi d’adapter l’itinéraire technique : 

  • « Éviter tant que possible les semis décalés dans l’espace et dans le temps. Cela permet de diluer le risque » ; 
  • « Si les conditions le permettent, privilégier un semis suffisamment profond (4-5 cm mini). Soigner les préparations de sol et éviter les sols soufflés » ;

  • « Rappuyer correctement la ligne de semis ». 

D’autres méthodes ont été mises à l’essai comme l’agrainage pimenté ou l’utilisation de plantes-appâts (blé et maïs ou maïs seul), sans « résultats probants en 2021 ». Il est aussi possible d’avoir recours à des techniques d’effarouchement et de tirs : attention, « il faut se référer à la réglementation nationale, aux mesures en vigueur dans votre département et fonction de l’espèce concernée ».

Et en cas d’attaques dans vos parcelles en 2021, Bastien Chopineau rappelle  l’importance de déclarer les dégâts (même si vous avez déjà déclaré les années précédentes) via les formulaires départementaux (DDT, CA, FNSEA, FNC) pour contribuer au classement des espèces nuisibles ».

Dérogation de Lumiposa accordée contre la géomyze

La géomyze concerne plutôt le Grand Ouest : des attaques significatives ont été observées en 2021 dans ces régions. On peut reconnaître « les symptômes provoqués par cette mouche dès le stade 3 feuilles du maïs, par un dessèchement de la feuille centrale notamment, explique Elodie Quemener. Lorsqu’on arrache un pied, il y a généralement un effet de « poireautage », c’est-à-dire un boursouflement à la base ». Attention à ne pas confondre ces symptômes avec ceux d’attaques de taupins ou d’oscinies, met en garde l’experte. « Pour confirmer la présence de géomyze, il faut généralement en observer sur plusieurs plantes consécutives sur le rang ».

D’après une étude menée par la Fredon et la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, la présence de géomyze serait d’autant plus importante « dans les parcelles abritées (présence de haies, arbres), à proximité de prairies et dans les parcelles qui se réchauffent plus vite ». Le travail du sol et la fertilisation starter au semis ne montrent « pas d’effets significatifs sur cette mouche ».

Si la dérogation du traitement de semences Lumiposa (cyantraniliprole) est « arrivée un peu tardivement pour être vraiment utilisée la campagne dernière, « une nouvelle demande a été formulée par l’AGPM* pour 2022 suite aux dégâts observés en 2021 ». Et cette dernière a été récemment accordée sur maïs grain et fourrage pour les régions Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire.

Un programme de recherche, GéoTrouvetou (2021-2023), est également en cours pour « mieux connaître cette mouche et trouver de nouveaux moyens de lutte ». À suivre donc ! 

Revoir le webinaire dédié à la géomyze.

*AGPM : Association générale des producteurs de maïs