Accéder au contenu principal
Fertilisation

Le phosphore : « l’huile du moteur de l’azote »


TNC le 14/04/2022 à 10:02
fiches_Fertilisation

Un apport de phosphore adapté aux besoins des cultures permet de « valoriser 16 unités d'azote supplémentaires sur céréales à paille, 15 en maïs et 31 en colza » (étude InVivo-Unifa, 2014). (©TNC)

Lors d'un webinaire dédié au phosphore, les équipes de Timac Agro nous rappellent l'importance de cet élément dans la nutrition et la productivité des plantes. L'occasion aussi de faire un point sur les tensions actuelles du marché des engrais.

Près de 50 % des cantons français peuvent être considérés dans un état de sous-nutrition phosphatée, estime Pierre-Yves Tourlière, responsable développement produit chez Timac Agro France, lors d’un webinaire organisé le 7 avril dernier. Cela veut dire que « ces sols ont besoin d’un apport de phosphore, non seulement pour compenser les exportations, mais aussi pour renforcer la réserve du sol et ainsi éviter des carences pour la culture ».

Un lien très fort entre pH et biodisponibilité du phosphore

« On met souvent en avant son rôle pour le développement racinaire des plantes, c’est un peu réducteur. Le phosphore est un constituant essentiel de l’ATP : l’adénosine triphosphate, molécule liée à l’énergie du vivant. Elle est à la base du développement racinaire, mais aussi de l’absorption et de la transformation de l’azote ou encore de la photosynthèse », nous rappelle le spécialiste. Une étude InVivo-Unifa (2014) montre ainsi qu’un apport de phosphore adapté aux besoins des cultures permet de « valoriser 16 unités d’azote supplémentaires sur céréales à paille, 15 en maïs et 31 en colza ».

« Au contraire de l’azote, il n’y a pas de pic d’absorption du phosphore par la plante, le besoin est continu tout au long du cycle. » À noter également : « seulement 15 % de l’apport de phosphore est utilisé la 1ère année, il faut bien faire attention à ce que le reste ne soit pas bloqué ». Pierre-Yves Tourlière rappelle notamment « le lien très fort entre pH du sol et biodisponibilité du phosphore. Pour ajuster au mieux sa fertilisation, les analyses de sol restent primordiales ». 

Les teneurs en phosphore assimilable des horizons de surface des sols agricoles de France par canton. (©Gis Sol, BDAT, 2011, IGN, Geofla, 2006)

Le spécialiste met en avant l’apport « des bactéries et mycorhizes, et de la localisation des engrais. En effet, en comparaison des autres éléments nutritifs, le phosphore est relativement peu mobile ».

« Aucune commande annulée » à ce jour

Au cours du webinaire, les équipes ont également évoqué les tensions actuelles sur la disponibilité des matières premières.  « Même si il n’y pas d’embargo sectoriel pour les engrais russes, l’achat de matières premières est impossible techniquement, compte-tenu des contraintes de logistique, de règlement et d’assurances. La Russie représente environ 20 % des importations européennes sous forme NP et NPK », précise Maxime Godart, responsable matières premières chez Timac Agro International.

« Aucune commande n’a toutefois été annulée pour le moment, note Pierre-Yves Tourlière. Nous ne prenons pas de commande si nous ne sommes pas sûrs de pouvoir livrer. » Les équipes Timac Agro s’appuient, pour cela, « sur un sourcing diversifié et un savoir-faire industriel, qui permet de travailler de multiples sources de phosphore avec des caractéristiques physico-chimiques différentes, ajoute Maxime Godart. […] La tension n’est pas nouvelle. Elle est particulièrement forte depuis la pandémie et nous force à anticiper davantage les besoins. Avant le Covid, entre l’achat et l’arrivée des matières premières, il fallait compter 3 semaines voire 1 mois. Désormais, on est plutôt autour des 3 mois de délai…»