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Académie d'Agriculture de France

Le maïs en France et dans le monde


André GALLAIS, membre de l'Académie d'Agriculture de France le 28/11/2022 à 11:24
Sunlit corn field under beautiful sky with clouds, closeup view

(©Getty Images)

Au niveau mondial, en surface, le maïs est la troisième plante cultivée (160 millions d'ha environ, actuellement), après le blé (220 millions d'hectares) et le riz. Mais en quantité de grain récoltée (900 à 1 100 millions de tonnes) il dépasse le blé (700 à 800 millions de tonnes) du fait d'un rendement moyen supérieur. On fait le point sur cette production avec l'Académie d'agriculture de France.

Importance de la culture du maïs en France et diverses utilisations

En France, le maïs représente en moyenne aujourd’hui entre 2,8 et 3 millions d’hectares, avec deux utilisations principales : le maïs grain avec près de 55 % des surfaces et le maïs pour l’ensilage de la plante entière avec environ 45 % des surfaces. La France est le premier pays producteur européen de maïs grain ; 45 % de la production est exportée, essentiellement vers l’UE. […]

L’évolution de la culture du maïs grain en France

Le maïs est une plante semée au printemps. Avant la Seconde Guerre mondiale, en France, il était cultivé comme une plante sarclée, c’est-à-dire une plante désherbée manuellement et cultivée à faible densité (moins de 50 000 pieds à l’hectare), avec une fertilisation limitée à une fumure organique et une récolte manuelle. Il s’agissait de populations de pays (par exemple Grand Roux basque, Jaune Gros de Ruffec…) maintenues par les agriculteurs, par une sélection des plus beaux épis. Après 1945-1950, la nécessité d’intensifier l’agriculture et l’arrivée des semences des variétés hybrides américaines dans le cadre du plan Marshall pour l’agriculture a conduit à modifier complètement la façon de cultiver : augmentation de la densité de culture, apport d’une fumure minérale NPK (azote-phosphore-potassium), et mécanisation de la récolte. Dans les années 1960, la mise au point par l’INRA des premiers hybrides précoces franco-américains a conduit à augmenter encore plus la densité de culture, pour arriver, pour ces hybrides, à plus de 100 000 plantes par hectare. Une autre modification importante de la culture est apparue, avec le désherbage chimique par l’utilisation de l’atrazine et la simazine, substances auxquelles le maïs est résistant, mais qui seront interdites en 2002. Aujourd’hui, avec l’interdiction du glyphosate, le désherbage du maïs devient un problème plus difficile à résoudre.

Pour la production de maïs ensilage, ce sont souvent les mêmes variétés que pour la production de grain qui sont utilisées (un peu plus tardives), bien que des variétés avec une digestibilité plus élevée que celle des variétés classiques existent. La densité de culture est plus élevée (+ 10 à 20 %) que pour la production de grain et peut atteindre 120 000 plantes par hectare.

Une plante à fort potentiel de production mais qui pousse l’été

Le maïs est une plante d’origine tropicale avec une photosynthèse dite en C4 (car les premiers produits de la photosynthèse sont des acides à 4 atomes de carbone, alors que la plupart des céréales à paille ont une photosynthèse en C3, les premiers produits de la photosynthèse étant à 3 carbones). Or la photosynthèse en C4 est plus efficace que la photosynthèse en C3 et demande moins d’eau. Ainsi la synthèse d’un gramme de matière sèche chez le maïs demande environ 350 grammes d’eau, alors que chez le blé il en faut environ 550.

La différence entre les deux plantes est que le blé consomme une grande partie de l’eau qui lui est nécessaire avant l’été, alors que le maïs en a besoin en été, donc à une époque où elle est plus rare, d’où l’image fausse que le maïs serait une plante nécessitant beaucoup d’eau. En fait, il en consomme moins que le blé, mais à une époque où elle est une ressource rare.

Les grandes innovations génétiques chez le maïs

Le développement des variétés hybrides

Le maïs est la première plante de grande culture pour laquelle les variétés hybrides ont été développées, dès 1935 aux États-Unis et à partir des années 1950 en France. Les variétés hybrides ont remplacé les variétés populations et permis d’étendre la zone de culture de l’espèce au Nord de la France. […]

Dans le nord de la France, les hybrides ont longtemps été des hybrides « franco-américains » avec le parent femelle américain et le parent mâle français, sélectionnés l’un par rapport à l’autre. D’autres introductions de diversité ont eu lieu depuis. Cette évolution du type de variétés, avec des variétés de plus en plus homogènes, combinée à l’intensification de la culture, est à l’origine d’une augmentation spectaculaire des rendements.

L’adaptation à la densité

L’autre innovation importante a été la culture des variétés hybrides à plus forte densité que ce qui était réalisé avec les populations locales ; elle a permis une augmentation des rendements avec une adaptation des variétés à la densité. Cette adaptation vient surtout d’une résistance à la verse plus grande qui entraîne une augmentation du rendement mécaniquement récoltable par rapport au rendement manuellement récoltable. Aujourd’hui, ces deux types de rendement sont pratiquement identiques. Cette meilleure résistance à la verse vient de tiges plus saines, encore actives à maturité, résistant à l’invasion par le fusarium, pourrissant moins facilement. Cette meilleure santé des tiges est due elle-même à l’augmentation de la durée de vie des feuilles liée à une amélioration de la résistance à différents types de stress (sécheresse, température). En conséquence, le progrès génétique a été plus important en conditions défavorables qu’en conditions favorables.

L’adaptation aux basses températures

Cette innovation a été essentielle pour les variétés précoces, en permettant la mise en place d’une surface foliaire suffisamment importante et se produisant tôt au printemps. Cela a pu se réaliser par l’amélioration de l’aptitude à germer et à croître en conditions fraîches avec des semences de grande qualité sanitaire. Cette amélioration a permis des semis de plus en plus précoces. Aujourd’hui ces progrès, combinés à un effet du changement climatique, permettent, au nord de la Loire, de semer le maïs pratiquement un mois plus tôt que dans les années 1970 (semis vers le 15 avril au lieu de début mai), ce qui permet l’utilisation de variétés plus tardives, plus productives.

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https://www.academie-agriculture.fr/

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