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Céréales d'hiver

La température : « facteur prépondérant du risque JNO »


TNC le 18/11/2020 à 17:30
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La seule façon de protéger les cultures contre la jaunisse nanisante de l'orge (JNO) repose sur la gestion des pucerons ailés et aptères, dont l'activité est étroitement liée aux températures. Si le retour du froid devrait freiner leur activité en fin de semaine, les équipes Arvalis appellent à la vigilance en cas de remontée des températures pour les parcelles en cours de levée.

Pour rappel, « la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) est un complexe de virus transmis aux plantes par les pucerons via leurs piqûres. À ce jour, il n’existe aucun moyen de lutte curative contre ces virus, qui peuvent causer des pertes de rendements importantes : – 46 q/ha en orge d’hiver et – 18 q/ha en blé tendre en moyenne, selon plusieurs essais Arvalis », indique Céline Drillaud, ingénieur régional Poitou-Charentes, lors d’un webinaire organisé par l’institut technique.

Le seul moyen de se protéger de la JNO repose sur la gestion des vecteurs (pucerons ailés et pucerons aptères), dont l’activité est étroitement liée aux températures, rappelle Eloïse Gave, ingénieur régional Normandie.


(©Arvalis-Institut du végétal)

Les conditions climatiques influencent ainsi la présence des pucerons ailés et aptères, mais aussi les virus. En effet, « plus l’hiver est doux, plus les virus peuvent se développer dans la plante et inversement ».

Privilégier une surveillance aux heures les plus chaudes de la journée

Si l’utilisation de variétés d’orge tolérantes et le décalage de la date de semis sont des leviers agronomiques mobilisables dans la gestion des pucerons, l’observation des parcelles reste néanmoins indispensable, dès la levée et pendant toute la période de sensibilité des céréales aux virus (début tallage environ), indique Justin de Rekeneire, ingénieur régional Lorraine. Après la résistance de maturité se met en place et limite le développement des virus au sein des plantes. Pour mesurer, de manière optimale, la pression pucerons, il convient de :

  • «  Privilégier les zones à risque (proches des haies ou de réservoirs potentiels tels que des bandes enherbées, jachères…) »
  • « Observer 10 plantes sur plusieurs lignes de semis (au moins 5) par beau temps, ensoleillé si possible, durant les heures les plus chaudes de la journée (fin de matinée, début d’après-midi) et éviter les jours de pluies »
  • « Chercher les pucerons au bas des pieds, entre les feuilles, dans le cornet… »

L’institut technique recommande alors une protection insecticide à partir de 10 % des plantes habitées par un ou plusieurs pucerons, pour une variété non tolérante, ou bien dès que la présence des pucerons sur la parcelle dépasse plus de 10 jours.

Attention, « si les conditions d’observation ne sont pas favorables, il ne faut pas conclure à l’absence de pucerons, mais plutôt renouveler l’observation sous des conditions plus propices. » En complément, il est possible de suivre les bulletins régionaux BSV et il est important d’avoir l’œil sur le thermomètre et les prévisions météo. « Des précipitations importantes sont défavorables aux vols de pucerons, mais affectent peu la prolifération des aptères qui reste sous la dépendance de la température », complète Justin de Rekeneire.

La baisse des températures devrait freiner l’activité des pucerons en fin de semaine

Selon les données des BSV au 10 novembre 2020, « la fréquence des parcelles avec présence de pucerons est élevée cette campagne. Si la fréquence de 10 % des plantes habitées n’est pas souvent dépassée, c’est surtout le seuil des 10 jours de présence qui amène les agriculteurs à traiter leurs céréales avec les conditions douces de ces derniers jours ». Une baisse des températures prévue pour la fin de semaine devrait freiner l’activité des pucerons. « Mais attention il faudra être vigilant pour les parcelles en cours de levée en cas de remontée des températures », remarque Eva Deschamps, ingénieur régional Sud. Compte-tenu d’une gamme d’insecticides assez restreinte vis-à-vis des vecteurs de viroses, l’experte souligne aussi « l’importance d’intervenir dans de bonnes conditions, pas trop précocement et d’alterner les sous-familles de pyréthrinoïdes en cas de ré-intervention nécessaire ».

Pour accompagner les agriculteurs face à la JNO de manière durable, les équipes Arvalis planchent également à une meilleure évaluation du risque, ainsi qu’à la recherche d’autres moyens de lutte :

– directe avec le biocontrôle : une huile minérale offre notamment de bons résultats depuis deux ans, mais nécessite encore un peu de temps d’évaluation.

– indirecte avec les plantes de services (effet répulsif ou de masquage), les auxiliaires de cultures, etc. À suivre donc…