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Inoculation du soja

La souche Semia 5079 de Liquifix « compétitive et non invasive »


TNC le 29/08/2022 à 07:30
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Le LSTM apporte des éléments d'étude complémentaires sur les souches Semia 5079 et 5080 utilisées pour l'inoculation du soja. (©TNC)

Bien qu'il soit déconseillé par Terres Inovia, le produit inoculant pour soja Liquifix de Legume Technology est constitué de souches à « la compétitivité avérée par rapport aux autres », selon des essais réalisés par le Laboratoire des symbioses tropicales & méditerranéennes (LSTM) à la demande du fabricant et de son importateur Catelin-Logi-Fert.

Pour que le système de symbiose permettant au soja de fixer l’azote atmosphérique se mette en place, une bactérie « Bradyrhizobium », naturellement absente des sols français, doit être apportée, au moins une fois par inoculation. En février dernier, Terre-net a relayé l’avis de Terres Inovia sur les différents inocula disponibles en France.

Et c’est suite à la publication de cet article que l’entreprise Catelin-Logi-Fert, basée à Jarzé Villages dans le Maine-et-Loire, nous a contactés. Cet importateur distribue depuis 2020 l’inoculant Liquifix de Legume Technology, constitué des souches Semia 5079 et 5080, etdéconseillé par l’institut technique. En effet, si ce dernier a pu constater une amélioration des rendements avec ces souches (+ 3,3 q/ha selon 3 essais réalisés en 2016 et 2017), il s’interroge sur « leur survie dans le sol : est-ce possible de les remplacer ? », note Xavier Pinochet de Terres Inovia. 

De nouveaux résultats d’essais du LSTM

Jean-Philippe Catelin, responsable de Catelin-Logi-Fert, met en avant « l’intérêt pour les agriculteurs avec l’efficacité du Liquifix et son rapport qualité/prix intéressant ». Des atouts soulignés aussi par Mathieu Martinet, agriculteur dans le Lot-et-Garonne et utilisateur de produits inoculants à base des souches Semia 5079 et 5080 depuis environ 5 ans. Mathieu Martinet a utilisé ces souches sous forme de tourbe ou liquide : « les deux fonctionnent. La forme liquide est plus simple d’utilisation, mais est incolore. La tourbe, elle, a l’avantage de colorer les graines de soja, mais est par contre plus contraignante : il faut utiliser une bétonnière ou un malaxeur à béton ». À noter qu’il existe aussi le Liquifix 120 destiné aux semences certifiées et qui contient un colorant bleu.

La question du devenir des souches dans le sol a également été soulevée lors de l’autorisation de mise sur le marché par l’Anses le 12 juillet 2019. Afin de fournir des résultats complémentaires, les deux entreprises ont alors demandé une étude auprès du LSTM* basé à Montpellier (Hérault) sur la compétitivité des souches Semia 5079 de Bradyrhizobium japonicum et Semia 5080 de Bradyrhizobium diazoefficiens. L’analyse les compare avec les souches de Bradyrhizobium diazoefficiens G49, sous licence Inrae, et 532C (Hicoat BASF). 

La première partie de l’expérience a permis de montrer que « la souche Semia 5079 était la plus efficace sur la croissance des différentes variétés de soja et à l’inverse la souche G49 induisait des résultats moindres en termes d’efficacité », indique dans son rapport Dr Robin Duponnois, directeur du LSTM et directeur de recherche de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Résultats de biomasse aérienne (à gauche) et nodulaire (à droite) en fonction des souches. (©LSTM)

« Afin d’évaluer la compétitivité des souches sur le soja, l’ADN des nodules issus de différentes co-inoculations a été amplifié par PCR digitale. L’expérience a été conduite sur 2 cycles, un premier cycle (C1) pour lequel les inoculations ont été réalisées via des cultures bactériennes liquides dans un sol naturel. Pour le second cycle (C2), du soja a été replanté dans chacun des pots contenant les racines et les nodules des plantes du précédent cycle ; le but étant d’observer ou non une certaine « hérédité » des inocula dans les sols. »

Dans les résultats, la souche Semia 5079 apparaît comme « la plus compétitive sur un sol désinfecté et sur un sol naturel. Cependant, en l’absence de Semia 5079, c’est la souche 532C qui se montre, à son tour, très compétitive lors de la nodulation de plants de soja. Les souches G49 et Semia 5080 sont les moins compétitives ».

« Mis à part le témoin qui a été contaminé par la souche la plus compétitive (Semia 5079), les proportions relatives des autres souches sont plutôt bien conservées entre les cycles 1 et 2 », observe Robin Duponnois. (©LSTM)

Pour l’expert, « la souche Semia 5079 présente alors les propriétés recherchées pour concevoir un inoculant performant, à savoir un effet significatif sur le développement de la plante hôte et une compétitivité avérée par rapport aux autres souches testées et aux rhizobia contaminants ou natifs du sol de culture utilisé. Dans le cadre de cette expérience, il n’y a pas d’éléments permettant de craindre une éventuelle invasibilité de la souche Semia 5079 sachant que lors du 2e cycle de culture, cette souche a tendance à être moins représentée sur les systèmes racinaires du soja témoignant d’un comportement habituel dans ce type d’inoculant microbien ».

*LSTM : Laboratoire des symbioses tropicales & méditerranéennes. Cette unité mixte de recherche réunit des chercheurs de différentes institutions : IRD, Cirad, Inrae, Montpellier SupAgro et Université de Montpellier.