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La France produit plus de sucre mais exporte moins, concurrencée par l’Ukraine


AFP le 09/07/2024 à 19:00
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La France a produit 7 % de sucre en plus en 2023-2024 par rapport à la campagne 2022-23. (© TNC)

La France a produit plus de sucre en 2023-24 mais vu ses exportations diminuer de plus de 3 %, notamment en raison de la forte concurrence de la production ukrainienne entrée libre de droits de douanes dans l'Union européenne.

Premier producteur européen de sucre (de betterave et de canne) avec 4,4 millions de tonnes, en hausse de 7 % par rapport à la campagne 2022-23, la France a vu dans le même temps ses exportations reculer de plus de 3 %, à 2,41 millions de tonnes, selon le bilan publié mardi par Agreste, le service statistique du ministère de l’agriculture.

« La diminution en volume vers l’ensemble de la zone UE (- 4 %) s’explique par la hausse de la production européenne mais surtout par la croissance des exportations de sucre ukrainien vers la quasi-totalité des pays européens », souligne la synthèse.

Les ventes de sucre par l’Ukraine ont en effet augmenté avec la suppression des droits de douanes européens votée en 2022, en signe de solidarité avec Kiev après l’invasion russe de son territoire.

« Cette situation pénalise nettement la France sur les marchés espagnol et italien, structurellement déficitaires et traditionnellement clients du sucre français », explique Agreste.

Face à la bronca des producteurs européens, l’UE a annoncé en avril le rétablissement de taxes pour les volailles, oeufs, maïs, miel, avoine, gruaux et sucre dès lors que les exportations ukrainiennes dépassent les volumes moyens importés entre mi-2021 et fin 2023.

Pour le sucre, ce frein d’urgence est activé depuis le 1er juillet et chaque tonne de sucre blanc ukrainien sera donc taxée à hauteur de 419 euros jusqu’à la fin de l’année.

Durant cette campagne, relève Agreste, les exportations françaises ont toutefois fortement augmenté vers la Belgique, « en partie pour être stockées sur les ports et être réexportées vers les pays tiers mais aussi car la production belge a davantage souffert » que la française de conditions météorologiques défavorables.

Hors UE, ce sont principalement les destinations d’Afrique subsaharienne (Mauritanie, Ghana, Guinée) qui affichent les progressions les plus importantes en volume.

La contraction des débouchés extérieurs français intervient dans un contexte de prix du sucre élevés, la production mondiale étant insuffisante pour couvrir la consommation.

La tonne de sucre est passée de 853 euros en moyenne en janvier à 831 euros en avril, une légère baisse mais des niveaux toujours « inégalés depuis la fin des quotas sucriers » en 2017, selon Agreste.