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Tempête Alex

La « détresse » des éleveurs après les crues dans les Alpes-Maritimes


AFP le 07/10/2020 à 11:48
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Des animaux noyés, des troupeaux isolés, des bergeries sous des mètres de gravats : une centaine d'agriculteurs sont en grande détresse, cinq jours après les intempéries qui ont ravagé l'arrière-pays-niçois, a indiqué à l'AFP le président de la Chambre d'agriculture des Alpes-Maritimes, Michel Dessus.

« C’est une catastrophe, c’est pire que si c’était la guerre. Tout a été emporté », lâche, ému, Jean-Pierre Cavallo, un éleveur du village de Saorge, dans la vallée de la Roya, qui possède plus de 800 brebis sur son exploitation familiale. Deux bergeries de 250 m 2 « sous quatre mètres de gravats », une autre dont les fondations ont été happées par les eaux, du matériel et un 4×4 emportés : « C’est désolant de travailler une vie pour tout perdre », confie à l’AFP par téléphone ce berger de 65 ans installé depuis plus de trente ans dans le vallon du Cairos. Il fait partie des quelque 120 agriculteurs touchés dans le département, dont « une vingtaine qui ont des besoins urgents », selon Michel Dessus qui en a fait ravitailler et évacuer certains.

Dans cette région montagneuse, les exploitations, surtout des élevages ovins et bovins, sont enclavées en hauteur, souvent accessibles par des routes uniques, aujourd’hui morcelées et inaccessibles, décrit Michel Dessus. « Beaucoup (d’agriculteurs, ndlr) n’ont pas les moyens de descendre » et une vingtaine « ont des besoins en urgence, en eau, nourriture ou vêtements », précise-t-il. « Il y a aussi une grande détresse psychologique… ça pleure. Ils sont dans des états… », s’inquiète le représentant qui les contacte régulièrement par téléphone. Certaines bêtes se sont noyées, d’autres sont sorties des enclos pendant les crues et ont été retrouvées. Certains éleveurs sont par contre toujours à la recherche de leurs animaux. Au moment où les crues dévastaient ses bâtiments, les brebis de Jean-Pierre Cavallo étaient en train de pâturer à 2 000 mètres d’altitude sur des alpages surveillés par son fils de 28 ans. « Il est coincé là haut, il est désespéré », déplore Jean-Pierre Cavallo.

Sans bâtiments, plusieurs éleveurs des vallées cherchent aujourd’hui à « mettre leurs bestioles en gardiennage » dans d’autres départements et même en Italie, pour passer l’hiver, rapporte le président de la Chambre d’agriculture. Mais pour Jean-Pierre Cavallo, pas question de quitter ses bêtes. « Né dans le mouton », il veut déménager temporairement pour « effacer ces mauvaises images », mais en les emmenant avec lui. Le sexagénaire cherche une exploitation dans la Drôme ou en Provence qui pourrait les accueillir, avant de revenir dans la vallée de la Roya. « Je ne veux pas les perdre. Je ferai tout pour que les éleveurs reviennent, mais à quel prix et quand ? », s’interroge Michel  Dessus, qui attend des aides de l’État. Le président Emmanuel Macron qui vient dans les zone sinistrées mercredi a promis un soutien « à la mesure de la catastrophe ».