La Baltique, une mer malade en quête de remèdes
AFP le 05/06/2025 à 13:15
Confrontée à la pollution et au réchauffement climatique, la Baltique est la mer malade de l'Europe et les poissons y disparaissent de façon dramatique. L'Union européenne a promis jeudi d'en faire l'une de ses « priorités urgentes ».
En dévoilant sa feuille de route pour protéger les océans, Bruxelles a annoncé la tenue d’un sommet sur l’état de la Baltique à la fin du mois de septembre. Car la situation est alarmante depuis des années dans cette mer semi-fermée bordée de pays agricoles et industriels, uniquement raccordée à l’Atlantique par les détroits du Danemark.
Les écosystèmes marins qui s’y sont adaptés aux eaux peu profondes et à faible salinité sont extrêmement sensibles au changement climatique et à la pollution.
Au Parlement européen, l’eurodéputée suédoise Isabella Lövin a tiré la sonnette d’alarme. « Aujourd’hui, les stocks de cabillaud de la Baltique, autrefois massifs, se sont effondrés, les stocks de harengs dans plusieurs sous-bassins atteignent des niveaux critiques (…) et les stocks de saumons sauvages sont en déclin », écrit cette écologiste dans un rapport. « Les réseaux alimentaires et les interactions entre les espèces ont complètement changé en un laps de temps très court », ajoute-t-elle.
Entourée par l’Allemagne, la Pologne, la Russie, la Finlande, la Suède, le Danemark et les États baltes, la Baltique est considérée comme l’une des plus grandes zones marines « mortes » au monde, en grande partie en raison du ruissellement des activités humaines terrestres vers la mer.
Réoxygéner
Elle se réchauffe plus vite que les autres mers côtières. Et des pollutions issues de l’agriculture et du phosphore et de l’azote des eaux usées ont entraîné l’appauvrissement des fonds marins en oxygène, ainsi que la prolifération d’algues massives pendant les mois d’été.
« L’état de la mer Baltique n’est pas bon », convient auprès de l’AFP Maria Laamanen, conseillère du ministère finlandais de l’Environnement. Et le changement climatique constitue « un défi supplémentaire majeur » pour l’environnement marin, poursuit-elle.
Mais l’amélioration du traitement des eaux usées et l’expansion des zones marines protégées en Finlande ont eu un impact positif, souligne-t-elle. « La situation serait bien pire sans les mesures mises en place ».
Face à la baisse des stocks de poissons, Isabella Lövin appelle quant à elle à une réforme de la pêche. Elle voudrait un « accès prioritaire aux pêcheries à faible impact » et la remise en cause de certaines techniques comme le « chalutage pélagique industriel », un filet de grande taille remorqué en pleine eau.
Mais le sujet est sensible, par exemple en Finlande, où le nombre de pêcheurs a déjà diminué, avec un total d’environ seulement 400 pêcheurs actifs dans les zones marines aujourd’hui.
Selon Kim Jordas, le directeur général de l’Association des pêcheurs finlandais (SAKL), c’est l’eutrophisation, c’est-à-dire l’augmentation des apports en phosphore et en azote dans l’eau qui explique le déclin des stocks de poissons en mer Baltique, plutôt que la surpêche. « Pour le cabillaud par exemple, c’est entièrement dû à l’état de la mer Baltique et à la mauvaise situation en matière d’oxygène », estime-t-il.
Pour faire face, des start-up et des scientifiques explorent aussi des solutions de réoxygénation de l’eau.
Baptisé BOxHy, un projet pilote étudie la faisabilité d’injections d’oxygène gazeux en profondeur, technique déjà utilisée dans certains lacs américains d’eau douce.