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Reportage en Seine-Maritime

Jean-Baptiste Vin conduit huit hectares de lin en « zéro phyto »


TNC le 03/05/2019 à 18:02
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Depuis son installation en 2014, Jean-Baptiste Vin cherche à réduire le recours aux produits phytosanitaires. Il participe au réseau Dephy et s'est engagé dans une démarche "zéro phyto" pour la culture du lin.

Après des études agricoles et plusieurs expériences dans le bâtiment, Jean-Baptiste Vin s’installe en 2014 sur la ferme familiale située à Ectot-l’Auber (Seine-Maritime), suite au départ à la retraite de son père. Le jeune agriculteur choisit alors de « stopper la production laitière et de développer au fur et à mesure de nouvelles cultures sur l’exploitation : lin, pommes de terre et betteraves rouges », explique-t-il.

Le lin demande « une grande implication »

Parmi elles, il apprécie tout particulièrement le lin, typique de la région. « Cette culture demande une grande implication et toutes les décisions à prendre sont déterminantes », observe Jean-Baptiste Vin. Elle nécessite également des équipements spécifiques pour les différentes étapes de récolte : arrachage, écapsulage, rouissage et récolte des pailles.

En lien avec la coopérative Terre de lin, l’agriculteur conduit, cette année, huit hectares de lin en « zéro phyto », ce qui entraîne différents aménagements au niveau de l’itinéraire technique. Alors qu’en conventionnel, les semis sont réalisés autour de la mi-mars dès que « les sols sont suffisamment ressuyés », le semis en conduite « zéro phyto » doit être fait plus tardivement.

Pour remplacer le désherbage de pré-levée, le producteur effectue un faux-semis pendant la deuxième quinzaine de mars (quand les conditions climatiques le permettent) et le laisse agir deux semaines avant de semer. Il a également recours à la herse étrille et/ou la bineuse vidéo-guidée, mises à disposition par la coopérative.

Autre point : « j’évite de surdoser la fertilisation dès le semis, pour limiter le risque verse en juin », explique l’agriculteur. En conduite « zéro phyto », l’arrachage se fait plus tôt afin « d’éviter les problèmes fongiques de fin de cycle ». Bien sûr, « cela a un effet sur la qualité de la fibre, mais attendre plus longtemps se ferait au détriment de la qualité et de la quantité de fibres ».

Dans cette démarche, l’agriculteur bénéficie de l’appui de son technicien et des essais mis en place par la coopérative. Il apprécie également le partage d’expérience avec les 50 autres agriculteurs engagés.

L’implantation constitue une étape essentielle pour le lin, souligne Jean-Baptiste Vin. Une des parcelles de l’exploitation a été semée dans des conditions plus mauvaises que les autres (sols motteux et pas suffisamment ressuyés). Cela a entraîné un mauvais démarrage de la culture et une sensibilité plus importante aux altises, plutôt virulentes cette année. (©TNC)

Une démarche globale

Jean-Baptiste Vin cherche à réduire le recours aux produits phytosanitaires sur l’ensemble de son exploitation. Il participe d’ailleurs au réseau Dephy depuis trois ans. Parmi les mesures mises en place pour les autres cultures : combinaison du broyage et du traitement chimique pour limiter la dose de défanant utilisée en pommes de terre et utilisation de l’outil d’aide à la décision Mileos afin d’optimiser les protections contre le mildiou.

Depuis le début de l’année, il s’est aussi équipé d’un système de traitement de l’eau : « le fait de jouer sur le pH, température, conductivité et dureté de l’eau permet de diviser jusque par deux les doses phytos », précise-t-il. Il expérimente les extraits fermentés sur blé.

En parallèle, Jean-Baptiste Vin s’est lancé un autre défi depuis deux ans : convertir 20 ha de son parcellaire en agriculture biologique. L’un des objectifs : « essayer de progresser agronomiquement ». A travers tout cela, l’agriculteur souhaite également répondre aux attentes sociétales, mais cela demande du temps parfois pour trouver une alternative efficace. « Une exploitation agricole n’est pas un terrain de jeu, il faut aussi pouvoir vivre de son métier », souligne-t-il.