Plan de sobriété sur l’eau

Irriguer davantage en consommant moins d’eau, le défi du plan Eau agricole


TNC le 07/11/2023 à 15:42
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Dans le cadre du plan Eau, l'agriculture devra irriguer davantage de surface tout en diminuant, au global, sa consommation d'eau à l'hectare. (© Fernando Augusto, Pixabay)

Le plan de sobriété sur l’eau doit permettre à l’agriculture de consommer moins d’eau à l’hectare, tout en irriguant davantage de surfaces compte tenu de la raréfaction de la ressource et de la nécessité de maintenir une production agricole française. Face à ces enjeux, si les Agences de l’eau pourront augmenter leurs redevances, il faudra être vigilant quant au poids de cette contribution supplémentaire pour les agriculteurs, a rappelé le ministère de l’agriculture.

Annoncé fin mars par Emmanuel Macron, le plan de sobriété sur l’eau est en cours de déclinaison dans les différents secteurs économiques, pour réduire de 10 % l’eau prélevée d’ici à 2030. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, et la secrétaire d’État chargée de la biodiversité, Sarah El Haïry, se sont réunis le 7 novembre pour évoquer, avec les Agences de l’eau et les comités de bassin, le déploiement des mesures qui concernent plus directement l’agriculture.

Préserver la souveraineté alimentaire

Deux points ont été plus particulièrement abordés, ont précisé les cabinets des deux ministères, et en premier lieu, la singularité du secteur agricole. Car si l’agriculture n’a pas d’objectif chiffré de réduction de son usage de l’eau afin de préserver la production et la souveraineté alimentaire française, « ce n’est pas de l’immobilisme », rappelle le cabinet de Marc Fesneau. Du fait de la raréfaction de la ressource en eau, des surfaces aujourd’hui non irriguées vont le devenir afin de maintenir l’activité agricole. Le secteur devra cependant baisser sa consommation globale en eau à l’hectare, ce qui impliquera des investissements notamment dans l’hydraulique agricole pour gagner en efficience et compenser les nouveaux besoins par une baisse de la consommation, explique le cabinet de Marc Fesneau.

Augmentation des redevances perçues par les Agences de l’eau

Pour financer les nouveaux besoins, les agences de l’eau vont bénéficier de 475 M€ supplémentaires, grâce à une réforme des redevances prévue dans le projet de loi de finances pour 2024. « Le ministre de l’agriculture a prévenu qu’il ne fallait pas que les niveaux de prélèvements augmentent de façon démesurée pour les agriculteurs », indique le cabinet de Marc Fesneau. Dans certains bassins, notamment Adour Garonne et Rhône Méditerranée, la contribution pourrait en effet considérablement augmenter, et ne pas être soutenable si elle n’est équitablement répartie entre les différentes catégories d’usagers. Les agriculteurs seront en effet mis à contribution pour 10 M€ « et pas davantage » au titre de l’irrigation, rappelle le cabinet du ministre de l’agriculture.

Instauré par le PLF 2024, le relèvement de la redevance pour pollutions diffuses, qui représente 37 millions d’euros supplémentaires à la charge des agriculteurs, doit également permettre d’abonder le budget supplémentaire des Agences de l’eau.

Le plan de sobriété sur l’eau comporte 53 mesures, les 17 qui concernent le secteur agricole étant pour la plupart en cours de déploiement ou encore à lancer. La mesure 15 visant à lever les freins réglementaires à la valorisation des eaux non conventionnelles a connu une première avancée fin août avec la publication d’un décret simplifiant la réutilisation des eaux usées.

Un deuxième décret spécifique à la réutilisation des eaux usées en agriculture, très attendu, serait « dans les parapheurs des ministres » et devrait donc être publié très prochainement, ont indiqué les cabinets.