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Colza, céréales d'hiver...

Gelées printanières : quelles conséquences possibles sur les cultures ?


TNC le 02/04/2020 à 09:04
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Les gelées printanières actuelles laissent des marques sur les cultures d'hiver. S'il y a peu de raisons de s'inquiéter dans la majorité des situations pour les céréales, le constat semble plus mitigé pour les colzas en fonction du stade et de l'état sanitaire des parcelles.

Pour les parcelles de céréales semées en octobre ou novembre, « le stade épi 1 cm est passé ou imminent dans la majorité des cas, notent Jean-Charles Deswartes et Cécile Garcia, experts Arvalis-Institut du végétal. Les semis très tardifs (décembre ou janvier) sont encore en cours de tallage ou en redressement (zone sud avec variétés précoces). Les situations les plus précoces atteignent ou dépassent 1 nœud ».

À ces stades, « les gelées ne doivent pas engendrer de craintes particulières », rassurent les experts Arvalis. À l’inverse, « le retour d’un temps sec, ensoleillé et frais peut constituer une opportunité de rattrapage pour certaines parcelles : il va permettre de lever progressivement les excès d’eau et une reprise de la croissance sans générer une demande trop brutale vis-à-vis des racines, pas toujours bien installées ».

Par ailleurs, des lésions foliaires peuvent être observées sur céréales. En cause : l’ensoleillement actuel et le vent d’est, provoquant « un dérèglement de la photosynthèse ou bien un dessèchement des bouts de feuilles ». Ces symptômes « n’ont, en général, pas d’impact sur la suite de la croissance des cultures ».

Les céréales progressent

Selon l’observatoire Céré’Obs de FranceAgriMer, le stade épi 1 cm est atteint par 69 % des parcelles de blé tendre au 23 mars 2020, contre 37 % au 16 mars 2020 (62 % au 23 mars 2019).
En orge d’hiver, le stade épi 1 cm a aussi bien évolué : de 32 à 75 % entre le 16 et le 23 mars 2020, contre 64 % à la même période en 2019.

Un constat plus mitigé pour le colza

Comme le rappellent Arnaud Micheneau, Claire Martin-Monjaret et Alexis Verniau, ingénieurs Terres Inovia dans le sud, la culture du colza devient « sensible au gel dès la montaison et particulièrement durant la floraison ». Les températures négatives provoquent « des pertes de boutons (avortement), pouvant cependant être compensés. À partir de – 5 °C (température seuil), on pourra observer des pertes de feuilles et de hampes, plus dommageables pour la culture ».

Dans le sud, le risque semble limité pour les colzas : « les cultures pourront compenser d’éventuelles pertes ; vigilance toutefois dans les parcelles montrant un mauvais état sanitaire en sortie d’hiver ». Avec des stades moins avancés et des températures plus négatives, la situation est plus inquiétante sur une grande partie de la zone nord et est.

En effet, des dégâts de gel sont observés sur des colzas en cours de montaison. Dans certains cas, ces dégâts se cumulent même « aux attaques de ravageurs d’automne et/ou à l’hydromorphie », précise l’équipe régionale nord et est de Terres Inovia. Des observations successives vont alors être nécessaires au cours des 10 prochains jours « pour apprécier l’évolution des lésions et éventuellement l’apparition de nouveaux dégâts en fonction des conditions actuelles et à venir ».

D’une façon générale, les experts Terres Inovia constatent « un dessèchement des feuilles occasionnant une diminution de la surface foliaire ». Pour les parcelles où cette défoliation est très importante, « le fonctionnement de la plante sera pénalisé, ce qui pourra retarder la reprise de croissance après cet épisode de stress abiotique ». Cela pourrait également avoir des répercussions « sur la production de substrats carbonés par la photosynthèse et par conséquent un impact négatif sur le nombre de graines et leur remplissage ». Pour l’heure, il est toutefois compliqué d’estimer les conséquences en perte de quintaux par hectare, qui vont « être dépendantes de nombreux co-facteurs », expliquent les équipes Terres Inovia.

« Tige molle affaissée, tête en bas, faisant un U inversé… » : des dégâts de gel de tiges sont observés dans bon nombre de situations. Parfois la plante a encore une allure normale, « les dégâts sont alors plus insidieux ». Dans la majorité des cas, « la tige est gelée sur le tiers voire la moitié supérieure ». Selon les experts, la plante devrait donc pouvoir « par les bourgeons auxiliaires, dans la mesure où le fonctionnement de la plante n’est pas affecté par d’autres facteurs limitants (présence d’insectes d’automne notamment). Les pieds buissonnants compenseront partiellement les dégâts et retarderont la maturité des parcelles ». Enfin, des cas plus sévères, minoritaires pour le moment, ont également été observés avec des « plantes gelées mortes, déjà complètement desséchées ou en passe de l’être ».

Les équipes Terres Inovia rappellent qu’il est trop tôt pour prendre une décision sur le maintien ou non de la parcelle. Il est important de suivre l’évolution des parcelles au cours des 10 prochains jours.