En pleine moisson, les marchés de céréales dans l’attente
AFP le 24/07/2025 à 10:34
De part et d'autre de l'Atlantique, les cours des céréales se sont de nouveau globalement maintenus cette semaine, en pleine saison de moissons et dans l'attente d'éventuels prochains accords commerciaux américains.
À la Bourse de Chicago, les cours du blé et du soja ont montré une certaine fermeté, quand le maïs reculait légèrement, sans mouvements massifs. À Paris (Euronext), le prix du blé restait autour des 200 euros la tonne, tout comme le grain jaune de la nouvelle récolte (échéance novembre).
Au cœur de l’été et des moissons, « le marché stagne », entre faible demande et rétention de la part des producteurs confrontés à des prix insuffisamment rémunérateurs, résume Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux.
Son confrère Sébastien Poncelet, d’Argus Media, relève le maintien du blé et du maïs : pour lui, c’est « beaucoup mieux que ce qui aurait pu être anticipé sur cette période de l’année ». Explication : outre la « très forte rétention de la part des producteurs de céréales à travers le monde », le retard des récoltes de blé en Russie et de maïs au Brésil.
Une récolte française dans la moyenne
Au Brésil, les conditions d’humidité retardent la moisson, mais elles pourraient aussi in fine favoriser une production record. En Russie en revanche, les fortes pluies tombées dans le centre du pays sur le blé mûr font redouter un impact sur la qualité du grain, note l’analyste.
Ailleurs en Europe, les récoltes se poursuivent. En France, la moisson 2025 est presque terminée pour le blé : cette année, la production de la céréale y est attendue en hausse de 27 % par rapport à la désastreuse année 2024, estimait la semaine dernière ministère de l’agriculture.
Argus Media, dans une enquête annuelle publiée mardi, nuance : la récolte, estimée à 33,4 millions de tonnes, remonte vers la normale des années 2007-23, sans pour autant la dépasser. Les intempéries de l’automne dernier ont de fait freiné les semis et réduit la surface cultivée, la 3e plus faible depuis plus de 20 ans.
Pour autant, la qualité est au rendez-vous, dans le taux de protéine comme dans le faible taux d’humidité, critère important pour le négoce et le transport.
« Il manque toujours 25 €/t »
Maintenant, « qui va acheter cette récolte à l’export ? La scène internationale s’annonce très bataillée », interroge Sébastien Poncelet, qui alerte aussi sur la rémunération des agriculteurs : « il manque toujours 25 euros la tonne dans le prix payé aux producteurs pour qu’un céréalier dans la moyenne française dégage un Smic ».
Pour le maïs, alors que les productions américaine et brésilienne s’annoncent favorables, la sécheresse inquiète dans le sud mais aussi l’est de l’Europe. Autre incertitude, le sort des droits de douane, objet de tractations menées par l’administration Trump avec ses partenaires commerciaux.
En Europe, Sébastien Poncelet voit « un potentiel sujet » sur le maïs, si l’UE devait prendre des mesures de rétorsion douanière contre les États-Unis alors que le continent importe ces derniers temps du maïs américain en attendant que l’Ukraine et le Brésil prennent le relais.
« La grande question » de la Chine
Aux États-Unis, si les fonds d’investissement restent prudents quant aux conditions météorologiques, ils scrutent d’ailleurs surtout les développements autour des accords commerciaux trouvés par Washington.
« Il est certain que pour le maïs et le soja, les prix sont inférieurs en raison des inquiétudes liées au commerce. Tant que nous n’aurons pas conclu d’accords commerciaux pour dissiper ces inquiétudes, nous resterons coincés avec ces prix bas, » estime Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.
« La grande question sera celle de la Chine, qui n’a pas acheté de soja américain depuis environ sept semaines, » complète Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Le président américain entend imposer à nombre de pays à partir du 1er août des surtaxes dites « réciproques », initialement prévues au 1er avril.
Par ailleurs, le sort du soja a été particulièrement suivi cette semaine, le ministère américain de l’agriculture (USDA) ayant revu à la baisse l’état des cultures américaines, avec désormais 68 % jugées bonnes ou excellentes (contre 70 % dans un précédent bilan). Rassurés en début de semaine sur les bonnes conditions d’humidité, les cours se sont cependant quelque peu détendus.