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Protection des cultures

En Ardèche, des guêpes asiatiques à la rescousse des cerises


AFP le 07/05/2024 à 20:20

Trois cents guêpes asiatiques ont été lâchées mardi dans un verger à Désaignes (Ardèche), dans le cadre d'une expérimentation qui vise à limiter les dégâts causés par une mouche sur les cerisiers, a constaté une correspondante de l'AFP.

Les 300 guêpes « Ganapsis cf. brasiliensis » ont été escortées à 600 mètres d’altitude par trois salariés de l’Inrae.

Ces insectes originaires d’Asie, élevés dans un laboratoire de Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) depuis 2016, s’attaquent aux larves de la mouche Drosophila suzukii – également asiatique – qui envahit la France ces dernières années et s’en prend aux cerisiers.

« Quand il fait chaud, la Drosophila suzukii se multiplie très rapidement et du jour au lendemain, dans nos vergers, on sent une odeur de vinaigre et les cerises sont immangeables », témoigne Christel Cesana, productrice de cerises et vice-présidente de la chambre d’agriculture de l’Ardèche.

A la ferme Bogue et châtaigne où les insectes ont été lâchés, 70 % de la récolte a été détruite en 2023 par ces mouches qui pondent dans les fruits mûrs.

La situation, similaire dans les autres bassins de production, est liée à l’interdiction de l’Imidan, produit insecticide utilisé contre la Drosophila.

Ces pertes ont donné lieu à un plan d’urgence de l’Etat à l’automne 2023 pour indemniser les arboriculteurs et financer la recherche.

Les introductions en vergers ont débuté cette année, avec une vingtaine de lâchers de Ganapsis prévus, notamment dans le sud-est de la France.

« Il s’agit d’une phase expérimentale qui peut durer plusieurs années », précise Nicolas Borowiec, ingénieur de recherche à l’Inrae. « Il faut qu’on acquière suffisamment de données pour envisager une phase de déploiement à grande échelle », ajoute-t-il.

Des suivis permettront de connaître l’efficacité de la méthode mais impossible de tout miser sur Ganapsis qui, d’après Nicolas Borowiec, sera insuffisante pour réguler toute la population de mouches. D’autres techniques, telles que l’introduction de Drosophila stériles, sont à l’étude.

En attendant, avec l’humidité et si les températures augmentent, les mouches pourraient pulluler dans les vergers, selon Aurélien Soubeyrand, arboriculteur et représentant de la Fédération nationale des producteurs de fruits. « S’il y a des dégâts, on espère le même plan d’aide que l’année dernière. C’est en tout cas ce qui nous avait été promis par le ministère » dit-il.