Cristal Union embarque ses 9 000 coopérateurs dans la décarbonation

La coopérative Cristal Union lance Cristal Vision Empreinte zéro, sa démarche de décarbonation en association avec MyEasyFarm, en impliquant la totalité de ses adhérents.

« Une nouvelle étape dans la démarche de décarbonation de la coopérative, impliquant 100 % des coopérateurs. » C’est ainsi que Xavier Astolfi, directeur général de Cristal Union, a présenté ce mercredi 10 décembre 2025 Cristal Vision Empreinte zéro.

Le groupe coopératif a déjà agi sur son Scope 1, c’est-à-dire ses émissions directes, en remplaçant, dans les sucreries, le charbon par des chaudières au gaz naturel ou à la biomasse, et en réduisant les consommations d’énergie. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont ainsi diminué de 15 % entre 2010 et 2020.

« Après la décarbonation industrielle, il nous faut agir sur notre Scope 3, c’est-à-dire la matière première agricole, et au final sur celui de nos clients. L’objectif est de diminuer de 27,5 % les GES agricoles en 2030 par rapport à 2019, en impliquant nos 9 000 coopérateurs », poursuit le DG de Cristal Union.

Réduire de 27,5 % les GES agricoles à horizon 2030

Depuis 2015, les planteurs pouvaient déjà, dans le cadre de Cristal Vision, effectuer un bilan carbone simplifié et s’engager dans l’agroécologie et l’agriculture régénérative. 900 agriculteurs volontaires ont adhéré à cette démarche. « L’objectif est aujourd’hui d’emmener 100 % des agriculteurs avec Cristal Vision Empreinte zéro », explique William Huet, directeur agricole de la coopérative.

Depuis 3 ans, en association avec MyEasyFarm, Cristal Union a donc travaillé sur un outil de diagnostic carbone pour collecter les données des 9 000 agriculteurs. L’agriculteur peut ainsi en 20 minutes renseigner ses pratiques (types de cultures, surfaces, rendement, travail du sol, quantité d’engrais, couverts…) et obtenir directement son score carbone. Il peut alors comparer son résultat à la moyenne de sa zone et obtenir des conseils techniques personnalisés en fonction de ses pratiques pour réduire ses émissions de GES ou stocker davantage de carbone dans les sols. Les leviers identifiés sont essentiellement liés à l’utilisation d’engrais et aux couverts. L’azote est en effet le principal levier d’action puisqu’il est responsable de 75 à 80 % des émissions globales de la betterave.

« À l’échelle de l’Europe, nous sommes les seuls à mobiliser tous nos adhérents dans la décarbonation ! C’est ainsi qu’on aura un réel impact sur le climat », se réjouit Thomas Fleiter, responsable décarbonation agricole de Cristal Union, en précisant que le diagnostic est pris en charge par le groupe coopératif.

« En termes d’agrégation de données d’agriculteurs, c’est en effet le plus gros projet en Europe à ma connaissance. On couvre 150 000 ha », abonde François Thierart, le fondateur de MyEasyFarm

« On a déjà cartographié les émissions de chaque adhérent, cela nous permet de savoir où on peut agir. Demain, on pourra modéliser les changements de pratiques à grande échelle, c’est-à-dire pouvoir simuler les changements de pratiques de tel levier dans telle région et en connaître directement les effets », poursuit Thomas Fleiter.

Des primes progressives, versées dès mars 2026

Une prime bas carbone est mise en place pour les agriculteurs éligibles. Elle est progressive selon les émissions moyennes annuelles de l’exploitation : 1,5 euro par tonne de betterave à 16° si les émissions sont inférieures à 20 kilos de CO₂ équivalent par tonne de betterave à 16°, 1 euro si elles sont comprises entre 20 et 25 kilos et 50 centimes d’euros entre 25 et 30 kilos.

Selon les données Agribalyse de l’Ademe, la moyenne nationale des émissions se situe à 38,4 kg CO₂ éq/t de betterave. « On a déjà des adhérents positionnés dans les paliers présentés, précise William Huet. La prime est calculée à la tonne de betterave et non à l’hectare car on veut maintenir la production de biomasse. Notre objectif est de conserver les mêmes rendements tout en agissant sur la décarbonation. »

Le Conseil d’administration de Cristal Union a décidé de verser cette prime tous les ans, et a acté un versement dès mars 2026 sur la récolte en cours.

Le groupe coopératif et MyEasyFarm poursuivent leur collaboration en travaillant sur l’interopérabilité de l’outil, afin que les données des agriculteurs puissent être partagées, avec leur accord, à d’autres acteurs du milieu agricole, comme les coopératives céréalières. Enfin, une autre innovation sera bientôt prête : MyEasyBiomass, qui permettra une estimation de la biomasse des couverts par satellite.