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Carsolel

Comment évolue le stock de matière organique sur mes parcelles ?


TNC le 27/01/2022 à 06:01
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Stock de carbone organique en France. (©Gis Sol)

Mes pratiques permettent-elles d’augmenter le stock de carbone dans mes sols ou au contraire de le réduire ? L’Idele et l’Inrae ont mis en place un outil, Carsolel, qui permet de répondre à cette question rapidement en se basant sur l’état de vos sols, vos pratiques, vos rotations et le climat local.

Les prairies ont un rôle prépondérant dans le maintien du stock de carbone. « En moyenne, en France, une prairie contient 85 tonnes de carbone par hectare. En grandes cultures, on est plutôt autour de 50 t par ha », rappelle Hélène Chambaut de l’Idele.

Malgré une baisse de 5 millions d’hectares depuis les années 60, les surfaces en prairie restent malgré tout importantes en France puisqu’elles représentent 44 % de la SAU française et jusqu’à 70 % dans certains territoires comme le Massif central.

Or aucun outil ne permettait jusqu’à présent de mesurer l’évolution du stock de carbone dans les prairies et de savoir quelles pratiques mettre en place pour le maintenir voire l’augmenter.

85 tonnes de carbone/ha en prairies contre 50 t/ha pour les grandes cultures

Le projet Carsolel (Carbone Sols Elevage), débuté en 2018, se donne pour objectif de remédier à ce manque. « L’idée de ce projet mené en partenariat avec l’Inrae, est de créer un outil de quantification de l’évolution des stocks de carbone vraiment adapté aux exploitations d’élevage. Il prend donc en compte les prairies en plus des grandes cultures. Il s’intéresse aux rotations prairies-cultures-prairies permanentes afin d’adapter au mieux le conseil en exploitation », explique Hélène Chambaut, responsable du projet à l’Institut de l’élevage.

L’outil a été élaboré à partir de l’étude de l’Inrae 4 pour 1 000 et des modèle Stics (cultures) et PaSim (prairies). Son fonctionnement est simple :

  • Sélectionner la zone correspondant à votre exploitation : l’outil recherche alors les caractéristiques climatiques (pluviométrie, températures moyennes minimales et maximales…) et du sol (profondeur du sol, taux de cailloux, texture (argile, sable), ph et CaCo3, état du stock initial de carbone… ). Si vous avez des analyses de sol, vous pouvez les intégrer dans l’outil, sinon le référentiel Inrae sol sera pris par défaut.
  • Lancer ensuite une simulation pour chaque groupe de parcelles : les parcelles en cultures/cultures ; cultures/prairies ; et prairies permanentes de fauche ou pâture.
  • Remplir ensuite les paramètres pour :

– Les années avec cultures : nombre d’années en cultures et en prairie ; types de culture, rendement moyen, fertilisations minérales ou organiques, fréquences d’implantation de couverts, irrigation ou non…

– Les années en prairies : nombres de coupes et rendement moyen annuel d’herbe et/ou chargement au pâturage en UGB jour de pâturage équivalent par ha et par an ; fertilisations minérales ou organiques, légumineuses…

  • Un résultat apparait immédiatement pour chaque groupe de parcelles : il indique la variation du stock de carbone pour chacune d’elle. Soit la conduite de la parcelle permet d’enrichir le sol en matières organiques, soit à l’inverse elle « déstocke du carbone ».

Un exemple breton 

Hélène Chambaut présente un exemple de ferme laitière finistérienne, avec un sol argileux (20 % d’argile) et riche en matière organique, une pluviométrie de 1 040 mm/an et les rotations suivantes : maïs ensilage/blé ; prairie temporaire/maïs et prairie permanente.

Exemple concret en Bretagne. Cliquez sur la photo pour l’agrandir. (©Idele)

Après entrée des données dans l’outil Carsolel, il apparait que :

  • La zone en rotation maïs/blé, malgré l’apport de fumier/lisier et un couvert un an sur deux, perd progressivement du carbone au fil des années.
  • la zone prairie temporaire/maïs sans apport de déjections animales maintient sur 30 ans le stock de carbone dans le sol (85 t/ha).
  • La zone prairies temporaires/maïs avec épandage de lisier augmente son stock de carbone.
  • La zone en prairie permanente, avec lisier, qui part déjà avec un stock de carbone élevé l’augmente encore au bout de 30 ans.

L’outil permet ensuite de simuler un changement de pratiques. Sur cet exemple, les leviers permettant d’améliorer le stock de carbone sont  d’augmenter la fréquence des cultures intermédiaires, d’insérer davantage de prairies temporaires et de luzerne, de revoir la flore des prairies, de baisser les chargements en prairie, d’accroître les surfaces pâturables… L’éleveur choisit ensuite le scénario le plus cohérent et qui lui convient le mieux.

Cet outil, disponible courant 2022, sera intégré dans les diagnostics carbone Cap’2ER. Il sera un allié précieux pour conseiller les éleveurs sur la fertilité de leur sol et sur les pratiques favorables au climat.