Chalutage : les annonces de Macron reçues avec scepticisme par les ONG
AFP le 08/06/2025 à 14:30
« Manque d'ambition », « imposture » : l'annonce par Emmanuel Macron d'une limitation du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) françaises suscite un fort scepticisme parmi les ONG environnementales, même si certaines saluent « un bon premier pas ».
« Le président a mis en scène l’annonce… du statu quo ! », a vilipendé l’association Bloom dans un communiqué diffusé dimanche, estimant qu’Emmanuel Macron avait « confirmé que l’imposture de la politique de protection maritime de la France se poursuivrait, à savoir qu’il n’existerait jamais de cadre contraignant pour protéger véritablement les aires marines dites protégées. »
Dans un entretien à la presse régionale donné à la veille du sommet de Nice sur les océans, Emmanuel Macron a annoncé une limitation du chalutage de fond dans certaines zones des AMP françaises. Il a admis que cette technique de pêche, qui râcle le fond de la mer, « vient perturber la biodiversité et des écosystèmes qu’il faut apprendre à protéger ».
« Il y a un tout petit peu de progrès sur la formulation : le chalutage de fond a pris la place qu’il mérite » dans la communication gouvernementale, a souligné auprès de l’AFP François Chartier de Greenpeace. Cependant, « on a l’impression qu’il annonce qu’il ne va rien annoncer », a-t-il ajouté, déplorant le « peu d’ambition » des déclarations du président. Greenpeace plaide pour une interdiction du chalutage de fond dans 30 % des eaux françaises classées en aires marines protégées.
L’ONG Oceana a salué « un bon premier pas », selon les mots de son porte-parole Nicolas Fournier, car « jusqu’à présent, c’était tabou de parler de ces questions-là. » Le chalutage de fond a été pratiqué pendant 17 000 heures dans les aires marines protégées françaises en 2024, selon un rapport publié en mai par Oceana, qui appelle à bannir la pratique.
Nicolas Fournier remarque qu’Emmanuel Macron a cité dans son interview l’AMP de Port-Cros (Var), « où il n’y a déjà pas de chalutage ». « Si on décide de l’interdire, l’impact sera minimal pour la biodiversité », a-t-il pointé auprès de l’AFP.
« Interdire le chalutage de fond dans une aire marine protégée ne la rend pas en « protection stricte » car il faudrait pour cela y interdire toutes les activités extractives y compris la pêche », ajoute-t-il. A ce jour, 33 % des eaux françaises sont couvertes par au moins une AMP, mais la plupart d’entre elles autorisent toutes les pratiques de pêche.