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Récolte de lin fibre 2022

« La qualité est là, mais il manque de la quantité » pour Terre de lin


TNC le 15/11/2022 à 10:05
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Terre de lin dresse un premier bilan de la campagne de lin fibre 2022. (©Nadège Petit @agrizoom/Banque d'images FranceAgriTwittos)

Suite aux derniers chiffres collectés, Terre de lin livre son retour sur la récolte de lin fibre 2022. Après deux années quelque peu compliquées, « on revient sur des standards de qualité conventionnels, le stress hydrique a, par contre, impacté le rendement ». La coopérative basée en Haute-Normandie fait le point aussi sur les tendances du marché et l'essor du lin d'hiver dans l'Hexagone.

Pour la récolte 2022, Terre de lin annonce « un rendement de poids de paille de 5,5 t/ha, ce qui est plutôt faible. On considère un bon rendement à 7 t/ha », indique Laurent Cazenave, chargé de communication de la coopérative.

Retour sur la campagne 2022

Sur le plan technique, « les semis se sont déroulés dans de très bonnes conditions, mais la vague de froid ensuite a entraîné une perte de pieds, la densité des lins est donc restée assez moyenne dans les champs », précise-t-il. Autre évènement météorologique de l’année : « la période de stress hydrique importante subie au printemps. Les quelques pluies reçues en juin ont été salvatrices : elles sont arrivées globalement au bon moment et ont permis d’éviter la catastrophe. Certains secteurs ont néanmoins été plus impactés par la sécheresse… ».

« Relativement précoces par rapport à une année classique, les arrachages 2022 se sont déroulés dans de très bonnes conditions. Le rouissage s’est aussi bien passé. On revient sur des standards de qualité conventionnels alors que les deux années précédentes ont été plutôt compliquées ». « On a une récolte globalement qualitative, mais il manque un peu de quantité », résume Cyril Delacroix, agriculteur et responsable semences chez Terre de lin.

« Un marché dynamique »

Côté filière, « le marché du lin fibre se porte très bien », avait assuré le président de la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC), Bart Depourcq, en juin dernier. « Si les hectares et les prix ont pu diminuer en 2021, ce n’est en aucun cas le signal d’une crise structurelle. Il s’agit simplement de la conséquence du Covid-19. » Structurellement, la demande augmente : + 133 % exactement entre 2011 et 2020.

Fibres textiles naturelles, locales et traçables : la filière a des atouts à faire valoir. « L’offre est inférieure à la demande depuis plusieurs années et on devrait rester sur cette dynamique. Il peut toujours y avoir d’autres facteurs qui viennent bousculer cette tendance, mais, pour le moment, le marché reste dynamique, précise Laurent Cazenave. Pour la campagne 2023, on envisage 130 000 ha de lin fibre en Europe, dont 115 000 ha en France et 15 000 ha en Belgique environ ». Pour sa part, Terre de lin estime ses surfaces autour de 17 000 ha concernant la récolte à venir.

La campagne de commercialisation devant se terminer d’ici mars 2023, la coopérative n’a pas pu partager le prix moyen pour la récolte 2021, mais souligne « un bon niveau de prix moyen ». « Tous les voyants sont au vert, même si chaque récolte est différente », ajoute Laurent Cazenave.

Essor du lin d’hiver

Autre élément à noter : le développement du lin d’hiver. « Aujourd’hui, on compte environ 10 000 ha dans l’Hexagone. Entre les semis de la récolte 2021 et ceux de la récolte 2022, les surfaces ont été quasiment multipliées par 2 et cela continue de croître de façon exponentielle, indique Cyril Delacroix. Cette demande est particulièrement liée aux périodes de stress hydrique rencontrées. Dans certaines zones, cela devient compliqué de faire du rendement au printemps. […] En termes de poids de paille, les lins d’hiver ont, par exemple, obtenu 7 t/ha en 2022, quand ont été récoltés plutôt autour de 4-5 t/ha en lin de printemps sur le même secteur. […]  Sur les quatre dernières campagnes, les lins d’hiver ont offert des meilleurs résultats technico-économiques trois années sur quatre. »

« Toutes les zones qui expérimentent le lin d’hiver depuis 7-8 ans, le Calvados et le sud de l’Eure notamment, commencent à se faire la main. Aujourd’hui, on a de nouveaux secteurs qui s’y mettent aussi, dans des zones plus continentales ou avec des terres un peu plus difficiles notamment. » Pour le responsable semences, s’il n’y a pas de problème de gel lors de la campagne en cours, les surfaces de lin d’hiver pourraient augmenter significativement encore pour les semis 2023. En théorie, le seuil de sensibilité du lin d’hiver est à – 13°C. « Mais un coup de gel à – 7 ou – 8°C, après fin février-début mars, peut déjà entraîner des dégâts si la culture est repartie en végétation.  »

« Si on arrive assez facilement à faire du rendement en lin d’hiver car le cycle est plus long, la qualité des fibres n’est, par contre, pas la même que celle des lins de printemps. Les connaissances et la maîtrise technique s’améliorent toutefois, et la sélection variétale aussi, souligne Cyril Delacroix. La génétique lin d’hiver reste encore relativement jeune (environ 30 ans) et de nouvelles variétés sont à venir dès l’année prochaine, qui pourront apporter de meilleurs niveaux en termes de productivité et de tolérance au froid, et ainsi contribuer aussi à l’essor de l’espèce ».

« Une campagne d’écapsulage exceptionnelle »

Sur le plan des semences, la coopérative Terre de lin dresse un bilan très positif de « la campagne d’écapsulage 2022 ». « La fenêtre de tir a été particulièrement propice cette année pour écapsuler. Et le potentiel des graines, se déterminant plutôt au mois de juin, est très bon, contrairement au rendement des fibres », ajoute Cyril Delacroix. Cela tombe plutôt bien. La coopérative a connu une campagne très compliquée l’an dernier, « la récolte 2022 va permettre d’alimenter le marché et de constituer un stock de sécurité pour l’année N+1 ».