« Performance solide » du sucrier Tereos malgré un plongeon de son bénéfice net
AFP le 28/05/2025 à 15:47
Tereos, numéro deux mondial du sucre, a publié mercredi une « performance solide » pour son exercice 2024-25, où il a réalisé le « troisième meilleur résultat de son histoire » en dépit d'une chute de 71 % de son bénéfice net, dans un contexte de forte baisse des prix en Europe.
Propriétaire des marques Béghin Say et La Perruche, le groupe sucrier français a vu son chiffre d’affaires refluer de 17 %, à 5,93 Mds€, sur cet exercice clos fin mars 2025.
« Tereos garde le cap », a affirmé son président Gérard Clay, saluant des résultats qui permettent au groupe de « maintenir les surfaces de betteraves » sucrières, « d’investir » dans les usines et de « poursuivre (son) désendettement ».
Le bénéfice net du groupe s’établit à 131 millions d’euros, en baisse de 71 % par rapport à l’exceptionnel résultat de l’an dernier.
Cela reste « une performance solide, malgré un environnement dégradé », a commenté le directeur général, Olivier Leducq, lors d’une conférence de presse à Paris.
L’entreprise accuse le coup de la « baisse des prix du sucre », notamment en Europe (-40%), et « des aléas climatiques majeurs impactant les récoltes », a-t-il expliqué. Le sucre représente 47% du chiffre d’affaires du groupe, devant l’éthanol (moins de 20%).
Le secteur du sucre et des renouvelables (alcool, éthanol) en Europe – dont les ventes refluent de 13% – a subi une « double pression », note Tereos dans un communiqué. D’une part « une surproduction liée à l’augmentation de 12 % des surfaces betteravières cultivées en Europe » et d’autre part « une concurrence accrue avec l’arrivée massive d’importations », du sucre ukrainien mais aussi de l’alcool pakistanais et de l’éthanol de maïs américain.
La cercosporiose et le cyclone Garance ont altéré la production
Par ailleurs, de l’océan Indien aux plaines de la Somme, les conditions de récoltes ont été rendues difficiles par des aléas climatiques.
Au Brésil, « où se concentrent 75% des exportations mondiales de sucre roux, la sécheresse et les incendies ont impacté fortement les rendements », relève le sucrier français dans son communiqué.
« Malgré un déficit mondial estimé à 5 millions de tonnes (soit deux fois la consommation française de sucre), les prix mondiaux ont baissé significativement par rapport à l’année précédente », souligne le groupe coopératif, tout en reconnaissant que les prix mondiaux, en repli de 20%, « conservent un niveau correct ».
Concernant les amidons et produits sucrants, utilisés dans l’industrie alimentaire comme pharmaceutique, la demande « reste en retrait par rapport à l’avant-Covid ». Cette division, la deuxième en chiffre d’affaires, accuse la plus forte baisse des ventes (-24%).
En France métropolitaine, berceau du groupe, ce contexte économique instable s’est doublé d’une nouvelle année difficile sur le plan agricole. Des pluies automnales et l’émergence précoce de la cercosporiose – une maladie foliaire de la betterave – ont affecté les productions du tubercule et sa teneur en sucre.
Les baisses de rendement « concernent également la luzerne et la canne à sucre », notamment à La Réunion, où « la campagne 2024-2025 a atteint un point bas historique, avec une chute de 20% des récoltes et des dégâts majeurs », notamment causés par le passage du cyclone Garance.
Incertitude quant au prix du sucre
« Les pertes sont estimées à 80 millions d’euros pour la filière » et Tereos participe à un plan de relance de la filière, notamment pour aider à la replantation de la canne.
Le groupe, qui emploie 15 000 collaborateurs dans le monde et compte 38 sites industriels, reste « confiant » pour l’avenir, en dépit d’une forte incertitude quant au prix du sucre, et annonce poursuivre sa stratégie de transformation.
Il a engagé « 353 millions d’euros d’investissements pour ses activités industrielles » en 2024-25, notamment pour améliorer la performance de ses sucreries et maintient ses objectifs de décarbonation (avec 800 millions d’euros sur 9 ans pour réduire de 65% l’empreinte carbone de ses usines européennes).
Tereos a aussi poursuivi ses efforts de réduction de sa dette, « pour atteindre en mars 2025 2,22 milliards d’euros », contre 2,37 milliards un an auparavant.