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Tempête Ciaran

« On a perdu notre outil de travail », dit une maraîchère


AFP le 08/11/2023 à 07:05

Tunnels de culture emportés par le vent, légumes attaqués par le sel... « La tempête a entièrement détruit notre outil de travail », se désole Sandrine Gawron, maraîchère à Plougastel-Daoulas (Finistère), qui demande une aide urgente de l'État pour pouvoir continuer à produire.

Les tunnels en armature métallique recouverts de bâches pour abriter les cultures – « notre gagne-pain », dit Mme Gawron – n’ont pas résisté à la violence des vents de la tempête Ciaran, qui a frappé de plein fouet la Bretagne dans la nuit du 1er au 2 novembre. « Pourtant, on est dans le Finistère, on est habitué aux tempêtes », et ces tunnels sont « conçus pour supporter des vents de 180 », pointe-t-elle.

Deux d’entre eux, les plus anciens, gisent à terre, écrasant les cultures, tandis que les deux autres sont éventrés, leur armature métallique pliée.

« Si on n’a pas ces petits bouts de terrain couverts par nos tunnels, on ne peut pas avoir de revenus », insiste la maraîchère installée en bio avec son mari, depuis 2019, sur ce champ baptisé « Le jardin de Tikélio ».

D’autant que le couple ne peut rien attendre des assurances qui ne couvrent pas les tunnels de culture, dont le prix peut s’élever à 8 000 euros l’unité, et que les maraîchers n’ont pas encore fini de rembourser.

Et, « je ne suis pas toute seule sur Plougastel. Tous les maraîchers ont été impactés. Que ce soit des petits ou des gros maraîchers, c’est pareil : notre outil est foutu », dit celle qui est administratrice du groupement des agriculteurs biologiques du Finistère (GAB-29).

La maraîchère, qui ne touche pas d’aide de la Pac (politique agricole commune), dit dégager, ainsi que son mari, l’équivalent d’un Smic par mois sur leur exploitation de 1,5 hectare. Mais « on n’a pas d’avance de trésorerie. On ne peut pas se permettre d’avoir une année blanche », pointe cette mère de trois garçons, âgés de 15 à 22 ans.

« Même plus de quoi me nourrir »

Les cultures d’hiver sont déjà perdues. Et, « si dans trois semaines, on n’a pas remonté la totalité de nos tunnels, il n’y aura pas de production au printemps » (petits pois, pommes de terre nouvelles, radis, salades, carottes, etc), explique-t-elle. « Donc on perd déjà 50 % de notre chiffre d’affaires ».

« Et l’autre 50 %, c’est au mois de mars », pour les semis d’été (tomates, aubergines, poivrons, melon, pastèque, concombre, etc.) eux aussi cultivés sous tunnels.

« J’ai même plus de quoi me nourrir parce que j’ai perdu mes légumes. Les légumes que je produis sur mon exploitation, je me nourris avec aussi », dit-elle. « On a des patates et des poireaux, c’est bon mais on va vite tourner en rond ».

Cette tempête, « c’est un coup dur pour toute la famille », souligne l’agricultrice, qui dit adorer son métier malgré l’amplitude horaire et l’absence de vacances.

« Les petits maraîchers, on nous entend jamais. On ne dit jamais rien. On se contente de ce qu’on a. Et maintenant, le peu qu’on a, on nous l’a retiré avec la tempête », constate-t-elle.

« Il faut vraiment que le gouvernement comprenne qu’il faut aller vite. On ne peut pas attendre. Cette profession-là, du maraîchage, ne peut vraiment pas attendre », enjoint Mme Gawron. « Il va vraiment falloir avoir un soutien, que ce soit de l’État, de la MSA (mutualité sociale agricole, NDLR), des banques, des assurances afin que tout le monde s’y mette. » La maraîchère, qui vend toute sa production localement, a interpellé Emmanuel Macron à ce sujet, lors de la visite du président sur la commune au lendemain de la tempête. Mais elle n’a pas été convaincue par sa « réponse toute faite ».

« On ne leur demande pas la lune », avance-t-elle pourtant. « On leur demande de nous remettre un outil de travail et qu’on n’ait pas de charges supplémentaires. »