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Etat des nappes phréatiques

58 % des nappes sont au-dessus des normales suite aux pluies de mars


AFP le 16/04/2024 à 15:35
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En mars 2024, l'excédent pluviométrique était d'environ 85 % en France selon Météo France. (© Mariana Anatoneag de Pixabay))

La situation des nappes phréatiques françaises s'est améliorée en mars, grâce notamment aux pluies importantes, plus de la moitié d'entre elles se trouvant désormais au-dessus des normales, avec toujours un point noir en Languedoc-Roussillon, selon le dernier bulletin du BRGM publié mardi.

« En mars, la situation s’améliore de nouveau par rapport au mois précédent. L’état des nappes est généralement satisfaisant : 27 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 15 % sont comparables et 58 % sont au-dessus (respectivement 36 %, 18 % et 46 % en février) », résume le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans son bulletin mensuel.

La situation apparaît beaucoup plus favorable qu’en mars 2023, où 75 % des niveaux étaient sous les normales. Le mois passé a, en effet, été marqué par des pluies abondantes avec, selon Météo-France, un excédent pluviométrique d’environ 85 % par rapport à la période de référence 1991-2020. Des intempéries et des crues ont même marqué plusieurs régions françaises.

Le territoire a toutefois été touché inégalement par ces précipitations, avec un déficit de 50 % dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, en grave manque de pluie depuis deux ans, selon Météo-France. 

Par ailleurs, les pluies n’ont pas toujours un effet immédiat sur les nappes : cela dépend de leur nature, plus ou moins rapides à se remplir, mais aussi d’un historique de sécheresse.

« On a une situation qui est globalement satisfaisante mais qui est contrastée, selon le cumul pluviométrique depuis mi-octobre 2023 et puis surtout selon la réactivité de la nappe », a résumé lors d’une conférence Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. Les spécialistes distinguent les nappes dites « réactives », qui réagissent rapidement à la météo et peuvent ainsi se remplir rapidement en cas de pluie mais sont aussi sensibles à la sécheresse, des nappes « inertielles » aux réactions plus lentes.

« Seules les nappes de l’ouest du pourtour méditerranéen (ouest Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales) conservent des niveaux plus bas qu’en mars 2023 », note pour sa part le BRGM. La nappe du Sundgau (sud Alsace) reste aussi basse, du fait de sa forte inertie, tandis que la situation est hétérogène en Corse.

Dans le Roussillon (qui correspond au département des Pyrénées-Orientales), « on est vraiment sur des records de bas », indique Violaine Bault, se référant à des mesures qui remontent aux années 1990. « Il y a certains points qui sont en baisse constante depuis mai 2022 : ça fait deux ans qu’ils ne font que baisser », souligne-t-elle.

Restrictions dans le Roussillon

Concernant les tendances d’évolution dans le pays, la recharge des nappes est restée « active sur la plupart des nappes » en mars avec des niveaux en hausse pour 64 % des points d’observation (57 % en février).

« La période de recharge devrait se terminer en avril ou mai, selon les cumuls de pluie et la réactivité de la nappe. Les épisodes de recharge devraient ensuite rester ponctuels et peu intenses, sauf événements pluviométriques importants », prévoit le BRGM.

« Il y a encore un petit peu d’espoir que ça se recharge encore courant avril mais à partir du moment où la végétation va vraiment reprendre ses droits, ça va être un petit peu plus compliqué à se recharger », explique Mme Bault. À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures et la reprise de la végétation limitent en effet l’infiltration des pluies vers les nappes.

« Pour l’instant, on est assez optimiste sur les prévisions pour cet été », indique la spécialiste. Mais « la situation devra être particulièrement surveillée sur les nappes du littoral du Languedoc, du Roussillon et de Corse », prévient le BRGM.

Cette mise en garde intervient après une année marquée par une sécheresse historique dans les Pyrénées-Orientales, département à l’activité agricole et touristique importante qui a subi de nombreuses restrictions d’usages de l’eau. « On ne va pas voir les arrêtés préfectoraux de restriction d’eau se lever avant les pluies de l’automne, ce serait vraiment très étonnant », prédit Violaine Bault.

De l’autre côté de la frontière, Barcelone et sa périphérie ont été placées début février en état « d’urgence » avec de nouvelles restrictions d’usage de l’eau.