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Nouvelles technologies

Un tracteur électrique conçu et fabriqué dans le Puy-de-Dôme


TNC le 05/08/2019 à 10:00
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L'Alpo Basic permet de réaliser toutes les opérations culturales et peut être le valet de ferme ou le tracteur principal selon l'exploitation. L'Alpo 4X4 capable de s’adapter à tous les projets agricoles. (©Marie Renaud)

A Saint-Beauzire (63), Alexandre Prévault-Osmani a imaginé et modelé un tracteur 100 % électrique. Conçue à la base pour son exploitation maraîchère, son invention est aujourd'hui présente sur des domaines viticoles et le sera, peut-être demain, en grandes cultures. Pensé comme un outil de précision, son tracteur respecte à la lettre le cahier des charges de l'agro-écologie.

Avec l’entreprise Sabi Agri, basée dans le Puy-de-Dôme (63), l’agriculture de précision n’a jamais aussi bien porté son nom. Maintes fois primée (*), la start-up développe et commercialise des tracteurs électriques depuis 2017.

Un premier prototype à pédales

L’histoire de ce tracteur, c’est celle d’Alexandre et de Laure Prévault-Osmani, devenus respectivement président et directrice de Sabi Agri. Celle d’un ingénieur-mécanicien, titulaire d’un BPREA, installé sur la ferme maraîchère familiale à Aubiat (63) et d’une avocate en droit de la famille et de l’environnement exerçant à Clermont-Ferrand. L’histoire d’un couple qui « partage les mêmes valeurs sur la préservation de l’environnement », d’un ingénieur qui bidouille une bineuse à pédales pour ne plus entendre les vrombissements du tracteur et améliorer son confort de travail.

« Au début, le tout premier prototype ressemblait à la bat-mobile », plaisante la co-fondatrice. Mais très vite, l’idée d’un projet plus abouti et surtout, porté à grande échelle, germe dans leurs esprits. Les pédales sont vite abandonnées pour un modèle tout électrique. Le couple quitte ses jobs respectifs, monte un dossier, réalise une étude de marché, remporte une foultitude de prix … L’entreprise est née, l’aventure a commencé en 2016.

Allier performances technologiques et respect du sol

Avec son prototype, Alexandre arpente le sud de la France, va tester son produit dans les fermes maraîchères, confronte son invention à d’autres types de terres, évalue les besoins et peaufine son concept.

« On a constaté un réel intérêt et on a voulu construire un modèle plus abouti, plus pro. Le prototype V2 naît à ce moment là. Pour faciliter le travail quotidien sur l’exploitation, nous avons repensé entièrement la notion traditionnelle du tracteur pour ne conserver que les éléments nécessaires au travail agronomique, en alliant performances technologiques et respect du sol », poursuit la co-fondatrice.

Maraîchage, viticulture … grandes cultures ?

C’est en 2017, au salon Tech&Bio que le tracteur se fait un peu plus connaître. « On se rend compte à ce moment là que la moitié des gens qui viennent nous voir sont des viticulteurs ». Une production qui rappelle le maraîchage avec des besoins en outils modulables et précis. C’est donc un nouveau marché qui s’ouvre.

Dans le même temps, l’entreprise se structure, une levée de fond permet de récolter 1,8 million d’euros, et des embauches ont lieu. Aujourd’hui, Sabi Agri emploi cinq salariés.

Une gamme, trois modèles

À ce jour, l’entreprise commercialise trois modèles au sein de sa première et, pour l’instant, unique gamme Alpo. L’Alpo Basic permet de réaliser toutes les opérations culturales, il peut être le valet de ferme ou le tracteur principal selon l’exploitation. L’ Alpo 4X4 capable de s’adapter à tous les projets agricoles et l’Alpo enjambeur viticole tout spécialement conçu pour le travail de la vigne.

« Notre double ADN agricole et industriel nous permet de vous proposer un produit unique et innovant pensé au plus près des besoins. Notre volonté est de mettre au service de l’homme des technologies de pointe robustes qui respectent la terre ». La définition de l’agro-écologie, en somme.

Nouvelle usine et parcelles d’essais

Pour l’heure, l’entreprise a livré cinq tracteurs et en a huit autres sur les rails. Et, les projets ne manquent pas : « Nous sommes en train de terminer notre usine de fabrication, située à Saint-Beauzire à laquelle nous ajoutons des parcelles d’essai ». Puisque, après avoir prouvé son intérêt en maraîchage et en viticulture, le couple réfléchit aux grandes cultures. « On pense vraiment qu’il y a une place dans ce secteur. Il ne s’agit pas de remplacer le tracteur principal sur les grands domaines mais plutôt d’apporter un outil de précision capable de se faufiler partout ».

(*) Premier prix de l’innovation du Salon Tech&Bio en 2017 ; Grand Prix « iLab » décerné par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en 2018 ; Premier prix de l’innovation du Salon Med’Agri en 2018.