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Au Salon de l'agriculture

un « job dating » pour les futures sentinelles de la forêt


AFP le 04/03/2023 à 14:05

L'un veut « protéger la nature », un autre « changer d'air »: sur le stand de l'Office national des forêts (ONF) au Salon de l'agriculture, collégien, juriste ou ouvrier participent à un « speed-jobing », pour « chercher des infos » et peut-être leur « futur boulot ».

Cette année, l’ONF, qui gère les 11 millions d’hectares de forêts publiques françaises, a besoin d’embaucher 150 techniciens forestiers pour entretenir les massifs qui souffrent d’une sécheresse aiguë, prévenir les incendies et accueillir les promeneurs.

« On a vu ces derniers temps apparaître des profils de reconversion: des gens qui aspirent à des métiers qui ont du sens, des gens qui témoignent d’une réflexion sur le changement climatique », explique Nadia Denarié, cheffe du département parcours et compétences à l’ONF, qui s’apprête à lancer une vaste campagne de communication sur ses métiers qui vont du garde forestier au commercial pour la vente du bois.

Vendredi, c’est la première fois que l’ONF organise un « speed-jobing », une manière détendue et informelle d’aller à la rencontre d’un public « intéressé » mais souvent « indécis ».

Morgan, 13 ans, sait déjà ce qu’il veut: « J’ai envie de protéger la nature. Il y a des animaux qui souffrent. Si on protège les arbres, on protège leur habitat », explique-t-il à l’AFP.

Le collégien a grandi à Boury-en-Vexin (Oise), tout près du parc régional naturel du Vexin, et n’a pas aimé voir « plein de plastique, parfois des décharges sauvages » dans sa forêt. Il voudrait faire partie d’une « police de l’environnement ».

« Spécialement pour venir voir l’ONF », ses parents l’ont autorisé à manquer une journée d’école. Eux veulent s’assurer qu’il y aura des débouchés professionnels pour leur fils quand il aura fini ses études.

Caroline Boulesteix, responsable nationale du recrutement à l’ONF, les rassure: « Nous avons 2.500 techniciens forestiers sur 8.200 employés à l’ONF, les forêts seront toujours là demain et il faudra les gérer ».

A la table voisine, un métallurgiste au chômage est venu déposer un CV. Il ne « connaît rien » à la forêt mais veut apprendre. Un surveillant de prison est venu se renseigner. Il aimerait bien quitter la pénitentiaire pour vivre au grand air.

« Il y a quelques années, on n’aurait pas été intéressés, mais aujourd’hui, on n’écarte aucun profil. On a besoin de renouveler les effectifs » pour compenser les départs en retraites, explique Nadia Denarié.

« Faire quelque chose »

Et l’ONF va avoir besoin de bras, pour planter le « milliard d’arbres » en dix ans promis par le président Emmanuel Macron: il s’agit de renouveler une forêt française en souffrance dont le tiers au moins est menacé par les effets du changement climatique, avec des attaques accrues de ravageurs qui profitent de températures en hausse comme les scolytes dans les massifs de résineux du Grand Est.

L’office, qui a perdu un tiers de ses effectifs en 25 ans, va, cette année, non seulement cesser de supprimer des postes mais pouvoir embaucher: 60 postes sont en cours de recrutement, notamment pour lutter contre les incendies, après un été 2022 dévastateur où plus de 70.000 hectares sont partis en fumée.

« Le profil d’un agent de la pénitentiaire, dans ce contexte, peut avoir des avantages: c’est quelqu’un d’assermenté, qui sera habilité à effectuer des contrôles et à verbaliser au sein de patrouilles DFCI (Défense des forêts contre l’incendie) », explique Nadia Denarié.

A la table du « speed-jobing », les plus nombreux sont les lycéens. Beaucoup ont encore en tête les images des flammes avalant les forêts de leur enfance: l’un en Gironde, l’autre dans le massif de l’Estérel (Var). Ils veulent « faire quelque chose » d’utile pour « leur » forêt.

Enzo Belen, 18 ans, quitte le lycée agricole Vert d’Azur d’Antibes dans quelques mois et rêve d’entrer en apprentissage à l’ONF. La solitude des hivers, à arpenter un massif sans parfois croiser âme qui vive pendant 24 heures, ne lui fait pas peur. « J’ai déjà fait des stages à l’ONF. Je suis prêt à aller n’importe où en France. »