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En élevage laitier

Robotiser la traite : les points d’attention à avoir en tête


TNC le 23/06/2022 à 05:09
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Après l'installation, la mise en route du robot de traite doit se prévoir dans une période relativement calme car les vaches ont besoin de temps pour s'y habituer. (©TNC)

L'arrivée d'un robot de traite impacte fortement l'organisation quotidienne. Temps de travail, aménagement du bâtiment, alimentation, pâturage : il y a de nombreux points à anticiper.

« En Normandie sur 2021-2022, plus de 80 % des nouvelles installations de traite sont des robots », affirme Olivier Veron, référent nutrition chez Littoral Normand. Mais l’arrivée d’un robot de traite se prépare. Avec Louis Jacquin, consultant robot, ils passent en revue les points clés pour une mise en route réussie.

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Financer le robot de traite

L’étude économique est la première brique du projet robot. « Les impacts économiques sont très variables d’un élevage à un autre : les augmentations de charges sont de l’ordre de 10 à 50 €/1000 l. Il faut donc être rigoureux dans le chiffrage. Il s’agit de mesurer les principaux impacts :

Charges en +Charges en –

Remboursement du robot

Frais de fonctionnement
(eau, électricité, consommables, entretien)

Coût alimentaire (dans certains cas)

Frais de fonctionnement de la salle de traite
(eau, électricité, consommable, entretien)

Main-d’œuvre (dans certains cas)

Coût alimentaire (dans certains cas)

Frais d’élevage (si augmentation production avec volume à livrer constant)

Produits en +Produits en –
Production laitièreRisque possible de sous-réalisation en année 1

L’organisation du travail avec un robot de traite

Avant toute chose, les conseillers d’élevage recommandent aux éleveurs intéressés d’aller passer une journée dans un élevage équipé pour se rendre compte de l’organisation, car le robot donne de la souplesse mais exige une certaine rigueur dans le suivi.

Pour le consultant robot, l’organisation type serait :

MatinMi-journéeSoir

1/ Consultation du logiciel
(vaches en retard, qualité du lait, repro…)

2/ Gestion des animaux en alertes

3/ Distribution de la ration

4/ Entretien de la machine

6/ Consultation du logiciel
(vaches en retard, qualité du lait, repro…)
Répéter les tâches du matin

« Les interventions ponctuelles doivent être planifiées : chantiers de parage, tarissements, échographies, SAV sur la machine… Il faudra éviter les heures où le robot est le plus fréquenté. » En ce qui concerne les alarmes, Louis Jacquin explique : « Tous les intervenants sur le troupeau doivent être en mesure d’utiliser l’outil robot pour répartir la gestion des alarmes et remplacements. »

Agencement du bâtiment

« Selon un sondage interne, 70 % des éleveurs équipés auraient agencé différemment la zone robot. » L’agencement doit être réfléchi dans un objectif de simplifier les tâches, de travailler confortablement et d’optimiser le temps de travail.

À penser dans l’implantation du robot :

L’accès au pâturage

Robot de traite et pâturage sont compatibles. Ils nécessitent seulement d’être organisé. « On peut jouer sur les paramétrages du logiciel pour gérer l’acceptation de sortie en lien avec les acceptations de traite. »

2 équipements possibles pour le pâturage :Sortie par une porte de pâturageSortie par le robot
AvantagesPas besoin de passer par le robot

Favorise la sortie au pâturage

Moins d’investissement

Inconvénients

Investissements

Accès à l’auge possible après la traite

Nécessite que toutes les vaches passent par le robot

Ensuite, comme en salle de traite, il s’agit de gestion classique de pâturage : aménagements extérieurs (surface offerte, points d’eau, chemins d’accès, gestion des hauteurs d’entrée et de sortie, etc.).

La circulation des animaux

Prévoir plus de 5 m de dégagement devant le robot pour une bonne circulation. « La zone robot doit toujours être propre. Il faudra aussi penser au système de récupération des écoulements car le robot génère beaucoup d’eau », ajoute Louis Jacquin.

La gestion des tris

Pour faciliter le tri des vaches, les conseillers recommandent de prévoir deux zones (avec accès à l’auge et un retour libre vers le robot) :

– Une d’isolement pour les interventions ponctuelles (avec une capacité idéale de 5 % des vaches),

– Une zone paillée pour les vaches fragiles (capacité de 10 % des vaches).

À cela s’ajoute l’installation de contention pour les interventions de type parage, insémination, tarissement, etc.

Stockage et distribution de l’aliment

« Qui dit traite robotisée dit ration semi-complète », rappelle Olivier Veron qui recommande aux éleveurs d’équilibrer la ration à l’auge 5 à 8 kg en dessous de la moyenne de troupeau. « En fonction des marques, on peut distribuer jusqu’à cinq aliments différents au robot. Et pour garantir la circulation au robot, il faudra y distribuer 0,8 à 1 kg d’aliment minimum (jusqu’à 7 kg grand max). »

Préparer le troupeau à passer au robot

La date de mise en route du robot doit être calée sur une période plus calme (pas pendant les semis, l’ensilage ou la moisson par exemple). « L’idéal serait qu’il n’y ait pas de changement alimentaire non plus, et attendre deux mois après la mise en route pour réintégrer le pâturage », recommande Olivier Veron.

« Il faudra ajuster les effectifs pour la mise en route (notamment en réformant les animaux non compatibles ou en tarissant les animaux peu productifs ou proches du tarissement). Il faudra aussi prévoir un chantier de parage 3 à 6 mois avant la mise en route et viser un niveau cellulaire faible pour assurer le démarrage avec un troupeau en bonne santé. »

Quelques points de vigilance « de routine » sur le troupeau au robot :
– génétique (morpo membres et mamelle, production, fonctionnels),
– reproduction (vêlages étalés, effectif constant, étalement des génisses)
– santé des pieds (préventif Mortellaro, organisation des chantiers de pédicure),
– qualité du lait (être réactif sur les alertes).