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Reportage chez Poget, le spécialiste de la coupe à tournesol qui voit large


TNC le 31/01/2025 à 18:00
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Pour faire connaître son savoir-faire auprès des agriculteurs, Poget mise beaucoup sur les démonstrations. (© TNC)

Installé dans les Deux-Sèvres, le fabricant s’industrialise et s’ouvre à d’autres cultures. Niché au sein d’un groupe qui assure la tôlerie et le zingage, il maîtrise sa production de A à Z.

Les visages de toute l’équipe Poget, spécialiste de la coupe à tournesol, sont dessinés sur le catalogue du constructeur. Ils tiennent sur une page : l’équipe, familiale, regroupe 13 personnes, de l’atelier aux bureaux, à Noirterre dans les Deux-Sèvres. « Quand un client appelle, il sait à qui il parle. La proximité, cela fait partie de notre identité », sourit Marie Gatard, « fille et petite-fille d’agriculteur » en charge du marketing.

Poget est né au début des années 1980, du cerveau fécond de Jean-Pierre Poget. Au départ, il distribuait des machines puis cet éternel bricoleur les a vite fait évoluer. « Les plateaux, la coupe avancée, c’est lui. C’était à chaque idée un produit. Le catalogue était très riche. Entre la machine numéro 1 et la quinzième, il y avait 14 versions. Il passe toujours tous les ans nous dire bonjour. Et il a toujours des idées ! » raconte Franck Tassin, qui préside à la destinée de Poget depuis 2013.

Poget possède au total trois lignes de montage pour l’ensemble de son catalogue. (© Terre-net Média)

Le dirigeant a fait de Poget une marque des Ets Bossard & Cie, une manufacture séculaire qu’il a reprise en 2008 (l’entreprise a été cofondée en 1924 par Théophile, l’arrière-grand-père de sa femme). Au fil de son existence, Bossard a fabriqué des fers pour les chevaux, des fourches de télescopiques et se spécialise aujourd’hui dans le traitement de surface par électro-zingage. Et comme Franck Tassin dirige aussi depuis 2017 ATMC, une tôlerie située non loin, à Sévremont en Vendée, Poget maîtrise de A à Z la fabrication de ses machines.

L’époque foisonnante des éternels prototypes des débuts de Poget est finie. « Les processus ont été standardisés et professionnalisés. Le travail du sol a été arrêté. Et nous industrialisons de plus en plus », détaille Gaël Jacob, « fils de paysan » et responsable commercial. Hors coupe, la gamme reste éclectique : désherbage de voirie, balayage et… trufficulture.

Il faut une semaine pour assembler une coupe Poget. (© Terre-net Média)

Ces « produits de niche », c’est « une force pour se démarquer de la concurrence ». C’est aussi une limite et un risque. Alors Poget élargit ses cibles. La coupe à plateaux s’adapte à toutes les marques de batteuses. Et des essais de récolte dans le sorgho et le maïs sec se sont révélés prometteurs.

Sur la une de son catalogue, Poget se définit fièrement comme « Fabricant français de matériel ». « Une coupe russe ou turque, le jour où ça tombe en panne, ceux qui se focalisent sur le prix savent qu’ils l’ont achetée par chère et puis c’est tout. Ceux qui prônent le made in France, ils regardent la globalité du produit, pas seulement le prix à l’achat. Ils vont aller chercher de la tranquillité », analyse Gaël Jacob.

Les plateaux tournesol (ici à l’assemblage) sont un des best-sellers de Poget. (© Terre-net Média)

Depuis 2021, Poget a stoppé la vente directe et travaille exclusivement avec des concessionnaires. « L’obsession, c’est le service, le service, le service… Avec les distributeurs, on gagne en vitesse de SAV. Si la coupe est en panne et qu’il va tomber 50 mm, l’agriculteur souhaite être dépanné et finir son chantier avant la pluie », confie Gaël Jacob.

La marque mise également sur les démonstrations, « comme un boulanger qui fait goûter son pain ». « Notre coupe est réputée pour son débit de chantier, notamment avec ses sections à grands dégagements, sections créees par Mr Poget », poursuit le responsable commercial.

Les commandes de plateaux tournesol sont livrées en 15 jours maximum. (© Terre-net Média)

Pour répondre aux demandes, Poget possède trois lignes de montage : une pour le petit matériel, une pour les plateaux à tournesols et une pour la coupe/broyeur. Quand les éléments sont réunis, une coupe nécessite une semaine d’assemblage. Toutes les commandes de coupes passées jusqu’en mai sont livrées pour la saison, et sous quinze jours toute l’année pour les équipements « plateaux à tournesol ». Le fabricant a toujours deux coupes « en rab ». Car, tous les ans, il y a des achats de dernière minute à livrer en urgence !

Pour s’approvisionner, Poget peut compter sur ATMC et Bossard. « Il y a une vraie cohérence, une synergie entre toutes ces entités. Ce qui profite à l’un profite à l’autre », met en avant Franck Tassin. D’autant qu’ATMC, qui travaille à 20 % pour Poget et à 80 % comme sous-traitant, investit : une plieuse robotisée ultra intuitive début 2024, une découpe laser dernier cri opérationnelle 7 j/7 en mars 2025 et une cabine pour être autonome en peinture pour 2027.

La future découpe laser d’ATMC fonctionnera 7j/7. (© Terre-net Média)

Pour l’anecdote, ATMC s’appelait à sa création la MFTO, pour Manufacture française des tuyaux d’orgue. « Mon prédécesseur ne voyait pas des débouchés et une croissance extraordinaire dans ce secteur, il a plutôt misé sur la tôlerie », sourit Franck Tassin.

Poget réalise aujourd’hui entre 1,8 et 2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec objectif à terme de le doubler notamment grâce à « un projet en récolte » tenu secret qui sera commercialisé en 2027.