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Académie d'agriculture de France

Quelle transition agro-écologique pour l’élevage en France métropolitaine ?


Gérard MAISSE et Claude BERANGER, Membre de l'Académie d'Agriculture de France le 09/01/2020 à 19:30
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(©Pixabay)

C’est dans un contexte difficile que l’élevage français doit aborder la transition agro-écologique. L’ensemble des filières animales sont touchées par des crises économiques liées à des facteurs conjoncturels et structurels. De plus, au sein d’une société de plus en plus urbanisée qui s’interroge sur la relation homme-animal, l’image des productions animales et des produits animaux est controversée, notamment dans les domaines du bien-être animal, de l’environnement et de la nutrition humaine.

L’agro-écologie est plus que l’association entre agronomie et écologie

Le terme « agro-écologie » est apparu durant la première moitié du XXe siècle. François Léger, journaliste et écrivain français, a développé l’idée d’une « agro-écologie forte ». Selon lui : « l’agriculture doit être pensée comme un système écologique aussi bien que comme un système socio-économique […]. Le travail de conception doit intégrer les liens qui unissent l’agricole et le non agricole, le rural et l’urbain, le local et le global ».

La transition agro-écologique de l’élevage

Bertrand Dumont pose cinq principes à respecter pour inscrire l’élevage dans l’agro-écologie :

  • Développer des pratiques de gestion intégrée pour améliorer la santé animale ;
  • Potentialiser l’utilisation de toutes les ressources pour diminuer les intrants nécessaires à la production ;
  • Optimiser le fonctionnement métabolique des systèmes d’élevage pour réduire les pollutions ;
  • Gérer la diversité au sein des élevages pour renforcer leur résilience ;
  • Adapter les pratiques d’élevage pour préserver la biodiversité dans les agro-écosystèmes.

Pour B. Dumont, la transition agro-écologique génère une redistribution des contraintes par rapport aux systèmes conventionnels. Tant dans la dépendance accrue des conditions pédoclimatiques que dans le choix des systèmes de production et du savoir-faire des éleveurs dans ces nouvelles pratiques.

L’élevage dans la transition agro-écologique de l’agriculture

Le pâturage paraît être, en première approche et par comparaison avec l’élevage hors sol, une pratique en accord avec les principes de l’agro-écologie. Ce type d’élevage bénéficie d’une image bucolique avec une bonne acceptabilité sociétale. Il permet de valoriser l’herbe au profit de l’homme, tout en rendant des services environnementaux.

L’élevage hors-sol appliquant des principes de l’écologie industrielle peut être intégré dans la démarche agro-écologique à la condition du double respect du lien au sol et du bien-être animal, facteur de santé et de moindre consommation de médicaments, dont les antibiotiques.

L’élevage facilite la transition agro-écologique

En zone céréalière par exemple, les associations céréales-protéagineux, particulièrement intéressantes en agro-écologie, ne sont possibles qu’avec un débouché en alimentation animale. De même les contraintes en matière de choix de succession de cultures dans les rotations sont beaucoup plus fortes lorsque les produits sont destinés à l’alimentation humaine et peuvent s’opposer à la mise en oeuvre de pratiques agro-écologiques.

L’alimentation animale est en outre le premier secteur de valorisation des coproduits. En volume, l’élevage valorise les ¾ des coproduits de l’agroalimentaire français. C’est en associant écologie industrielle et économie circulaire incluant l’élevage que le passage à l’agro-écologie sera rendu possible pour des exploitations de grandes cultures.

L’élevage est un élément clé d’une agro-écologie territoriale

Le caractère agro-écologique d’un bassin de production doit être évalué au niveau des interactions entre les structures de production et non au niveau de chacune d’elles prises isolément.

L’intérêt de l’application de principes de l’écologie industrielle à l’échelle d’un territoire est réel. Par exemple, le fonctionnement d’un méthaniseur permet d’associer élevages, cultures, industries agroalimentaires et collectivités locales dans un cercle vertueux fournissant biogaz, énergie, chaleur et fertilisants aux différents acteurs, y compris les citoyens.

Outre les produits agricoles et agroalimentaires, la production d’un agro-écosystème doit inclure les services participant au développement durable du territoire : emplois, entretien du paysage, protection de la biodiversité, production d’énergie renouvelable, offre d’espaces récréatif (chasse, pêche, randonnée), lien social entre ruraux et urbains (circuits courts, fêtes, image patrimoniale du territoire…).

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