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Achats sur internet

Pièces de rechange, intrants et pourquoi pas bientôt des tracteurs ?


Communication agricole le 06/02/2017 à 18:25
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Des chaussures aux séjours à l’autre bout du monde, en passant par le mobilier et certains produits alimentaires : les consommateurs achètent de plus en plus de produits en ligne. Une tendance qui pourrait bien gagner le monde agricole.

Vêtements, spectacles, voyages, repas préparés, etc. On trouve de plus en plus de produits sur internet. Pour expliquer comment le e-commerce s’est développé, on peut s’appuyer sur la typologie des acteurs du secteur.

En premier, on retrouve des enseignes classiques, qui réalisent une partie plus ou moins importante de leur chiffre d’affaires en ligne. Cette catégorie est appelée « click and mortar » (des clics et du mortier) car les entreprises qui en font partie, comme la Fnac et la SNCF, combinent la vente sur internet (des clics) et en magasins (des briques). Autre type d’acteurs : les « brick and mortar », c’est-à-dire les entreprises de vente traditionnelle reconnues, qui n’ont pas de site internet (elles n’ont que des briques et du mortier), à l’opposé des « pure play » (tout en ligne) qui, eux, commercialisent leurs produits uniquement sur le web.

Bien que certains experts jugent passéiste cette opposition des deux catégories, les « brick and mortar » prédominent dans la distribution agricole. En effet, la plupart des concessionnaires et des enseignes rurales n’ont pas encore pris le virage du e-commerce. Beaucoup n’utilisent pas du tout internet. Autre catégorie de commerçants en ligne, les vendeurs par correspondance, qui se servent de ce canal supplémentaire pour les prises de commande et la diffusion de catalogues. C’est pourquoi ceux de La Redoute ou des 3 Suisses sont de plus en plus rares dans nos boîtes aux lettres. En 2013 déjà, 80 % des ventes de La Redoute s’effectuaient par internet ! Logique donc que les vendeurs agricoles par correspondance aient investi ce créneau il y a quelques années.

Enfin, des modèles de commercialisation particuliers, comme la vente privée ou l’achat groupé, existent aussi dans le secteur agricole. Le principe est simple : il suffit de s’inscrire sur ces sites pour pouvoir bénéficier de remises de groupe. Néanmoins, ces modes de distribution, bien que récents, sont déjà mis à mal par de nouveaux intervenants, les « places de marché » (marketplace). Imaginez-vous un magasin qui ne vendrait que les produits d’une seule marque ou d’un seul fournisseur. Vous n’y retourneriez pas souvent ! Reprenant le concept des grands magasins parisiens du 19e siècle, les places de marché proposent à leurs fournisseurs de créer des boutiques virtuelles dans un espace commun. L’idée est alléchante car les grandes marques sont regroupées au même endroit. L’acheteur peut donc choisir en comparant les modèles et les prix. C’est pourquoi les places de marché devraient vite avoir un rôle central dans la distribution.

C’est déjà le cas en grand public avec le site Amazon. Dans le monde agricole, plusieurs tentatives ont vu le jour, mais avec un succès mitigé. Comme souvent sur le web, il faut être là au bon moment. Trop tôt, la force de l’habitude et la peur de la nouveauté font échouer les projets. Trop tard, les leaders ont pris une telle place qu’il devient difficile d’émerger sauf si l’on se spécialise sur des marchés de niche.

Si, dans le domaine agricole, de nombreux acteurs se sont déjà positionnés sur la vente en ligne de pièces de rechange, équipements de ferme ou produits d’hygiène pour les animaux, peu se sont encore lancés dans celle d’intrants ou de semences. Mais ce n’est sans doute qu’une question de temps : les avantages du e-commerce auront raison des quelques réticences. Car commander n’importe quel produit ou presque, à tout moment, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, c’est plutôt pratique. En fait, les entreprises leaders à l’heure actuelle sur ce marché freinent son développement, prétextant un besoin accru en conseils et une législation pas toujours adaptée. Qu’à cela ne tienne, la vague est en marche, mieux vaut donc la prendre maintenant que sur la tête ensuite ?

Parmi les évolutions possibles, on peut facilement imaginer l’essor des ventes transfrontalières, facilitées via internet. La monnaie unique en Europe simplifie déjà les achats à l’étranger. Mais la barrière de la langue et la peur du service après-vente limitent les transactions. Des obstacles levés grâce au e-commerce. Alors à quand une marketplace agricole européenne ? Les acteurs spécialisés mènent par ailleurs des réflexions sur les pièces de rechange techniques (embrayages, boîtes de vitesse, etc.). Une base de données mutualisée sur internet permettrait en effet, aux utilisateurs, de trouver rapidement leur bonheur dans un stock multi-site, multi-entreprise et, qui plus est, européen. Avec, à la clé, une diminution des temps d’immobilisation et des coûts. Là aussi, des freins liés aux zones de chalandise exclusives, concédées par les fabricants de tracteurs, ralentissent la mise en place de sites performants de vente en ligne. Cette nouvelle forme de distribution étant très récente, des ajustements d’acteurs, de tarifs et de modèles économiques seront inévitables dans les années à venir. Selon la Fevad, « on ne parlera plus du e-commerce dans trois ans. Non pas parce qu’il n’y aura plus d’achat et de vente en ligne, mais parce qu’il n’y aura plus de distinction entre commerce et e-commerce. »