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Sans contrôle de l'État

Méthanisation: pas de nouveaux financements en Normandie qui pointe des dérives


AFP le 22/11/2023 à 10:43
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Des exploitants de méthaniseurs achèteraient du maïs à des prix deux fois supérieurs à ceux du marché. (© Wolfgang Jargstorff, Adobe Stock)

Le président de la Région Normandie, Hervé Morin, a fustigé mardi des « dérives » dans la méthanisation issue des activités agricoles, particulièrement dans le maïs, et a annoncé la suspension de tout nouveau financement jusqu'à ce que l'État ait procédé à des contrôles.

La Région Normandie s’est dotée d’un programme de développement de la méthanisation (transformation des matières organiques en biogaz par fermentation) avec de nombreux financements à la clé, à la fois régionaux et européens via le Feder pour des montants de plusieurs dizaines de millions d’euros, rappelle-t-elle dans un communiqué. 

Elle compte aujourd’hui 188unités de méthanisation qui permettent de diversifier les sources d’énergie en développant le gaz renouvelable et d’offrir un complément de revenus aux agriculteurs.

Toutefois, l’existence de pratiques non conformes aux directives sont apparues, selon elle. « De plus en plus de témoignages me parviennent d’acteurs locaux et d’agriculteurs sur des dérives dans l’usage fait des méthaniseurs », déclare Hervé Morin dans ce communiqué.

« Il apparaît que des surfaces agricoles, particulièrement de maïs, se trouvent détournées d’une destination de production alimentaire animale vers une destination énergétique, étant entendu que les méthaniseurs doivent valoriser avant tout les déjections animales », relève le président de Normandie. « De nombreux producteurs de maïs nous signalent des propositions d’achat de la part d’exploitants de méthaniseurs à des prix deux fois supérieurs au prix du marché agricole », s’insurge Hervé Morin.

Le maïs est considéré par les experts comme l’une des cultures les plus productives en biogaz mais une directive de 2016 interdit théoriquement aux méthaniseurs d’injecter plus de 15 % par an de produits issus de ressources alimentaires cultivées à titre principal (maïs, orge, choux, etc.) « La production agricole doit d’abord être affectée » à « nourrir les hommes et les animaux. La méthanisation est au service de l’agriculture et non le contraire », insiste toutefois Hervé Morin, indiquant avoir saisi le préfet de région au sujet de « ces dérives » contrevenant aux réglementations.

« Je suis intéressé de savoir si tout ou partie des installations aidées par la Région et entrées en service avant le 31 décembre 2022 ont fait l’objet d’un contrôle » des services de l’État. « En attendant de connaître l’état exact des contrôles et le bilan qui en sera fait, j’ai décidé de suspendre toute instruction de dossier de financement de méthanisation », a annoncé M. Morin.