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Académie d'agriculture de France

Les systèmes alimentaires territorialisés durables


Jean-Louis RASTOIN, membre de l'Académie d'Agriculture de France le 18/01/2022 à 08:45
Aerial view of Sierentz village in Haut-Rhin - France

Aerial view of Sierentz village in Haut-Rhin - Alsace, France

Dans la quête d'une alimentation durable, on observe un foisonnement d'initiatives locales en réaction aux chaînes globales de valeur alimentaires. Ces micro-projets – qu'il convient d'encourager – présentent cependant des limites, qui appellent un cadre opérationnel performant entre local et global. On peut les qualifier de systèmes alimentaires territorialisés durables (SATD). Le point sur ce sujet avec l'Académie d'agriculture de France.

Un foisonnement d’initiatives locales sous forme de micro-projets participatifs, en réaction aux chaînes globales de valeur alimentaires

L’Observatoire de l’alimentation, créé par Resolis en 2015, compte plus de 750 fiches d’initiatives pour une alimentation responsable et durable (IARD), en France principalement et dans une cinquantaine de pays étrangers, ce qui témoigne d’un mouvement de grande ampleur se chiffrant probablement en dizaines de milliers de projets à travers le monde.

Ces projets concernent toutes les composantes du système alimentaire tel que défini par le professeur Louis Malassis : « Le système alimentaire est la façon dont les Hommes s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture » : la production agricole et ses intrants, la transformation artisanale ou industrielle agroalimentaire, la commercialisation, la restauration hors foyer, la consommation à domicile, ainsi que les activités périphériques nécessaires au fonctionnement du système alimentaire (R&D, formation, institutions financières, services aux entreprises, administration publique). […]

Les IARD constituent des leviers indispensables à la transition socio-écologique du fait du haut niveau de risque atteint par les externalités négatives imputables au modèle agroindustriel ; ces externalités sont attestées par une abondante littérature scientifique, ainsi que par les alertes des grandes organisations intergouvernementales fin 2019, tels les rapports :

  • du GIEC, sur les menaces du changement climatique et le rôle des terres cultivées,
  • de l’IPBES, sur la chute de la biodiversité,
  • de l’OCDE, sur la montée des inégalités,
  • de l’IFPRI et de la FAO, sur l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.

Les limites des micro-projets d’alimentation responsable et durable

Les IARD apparaissent comme une condition nécessaire, mais non suffisante pour assurer le succès de la transition socio-écologique.

Condition nécessaire, car émanant de la société civile, avec une démarche multi-acteurs bottom up, basée sur les critères du Développement Durable et à ce titre véritables moteurs d’une dynamique de transition.

Condition non suffisante, car l’essaimage des micro-projets que sont les IARD et leur consolidation sont handicapés par:

  • Leur taille, souvent trop faible pour mobiliser des ressources humaines, technologiques et financières suffisantes et pérennes pour atteindre un équilibre économique de longue durée.
  • Le nombre restreint des acteurs concernés, tant du côté des producteurs que des consommateurs.
  • Leur vulnérabilité aux risques locaux qu’ils soient agro-climatiques, logistiques ou économiques.
  • L’individualisme parfois excessif des porteurs de projet, et donc les difficultés de création de synergies entre les IARD.
  • Leur ancrage dans un territoire de taille restreinte. […]

La nécessité d’un cadre opérationnel performant entre local et global : les SATD

Pour dépasser les limites des IARD, l’existence d’un dispositif de mise en cohérence et de pilotage est nécessaire. Il doit répondre à 2 impératifs :

  • Un espace géographique suffisant pour répondre à l’objectif d’une alimentation durable, c’est-à-dire (selon la FAO), en quantité suffisante et diversifiée, de bonne qualité nutritionnelle, élaborée et commercialisée dans des conditions optimisant les ressources humaines et naturelles;
  • Une structure administrative territoriale permettant de mobiliser les moyens humains et financiers adéquats, c’est-à-dire dotés de pouvoirs délibératifs, exécutifs et budgétaire. […]

Réflexions et propositions de l’Académie d’Agriculture de France

Un rapport de l’Académie d’agriculture de France propose 9 pistes d’action pour aider à l’émergence de systèmes alimentaires territorialisés, en insistant sur le rôle central d’une « stratégie nationale d’alimentation durable » s’appuyant sur une recherche pluridisciplinaire, l’innovation et la formation, l’aide aux investissements et les incitations fiscales.

Pour opérationnaliser la mise en place de SATD, on pourrait, notamment, s’appuyer sur les conférences régionales de l’alimentation (CORALIM), instances associant les services compétents de l’État, les Conseils régionaux et le monde associatif ; en effet, la loi Egalim de 2018 prévoit de donner un rôle accru à cette instance, dans le cadre du programme national pour l’alimentation et la nutrition (PNAN 2019-2023). Plus globalement, les SATD devraient constituer un élément-clé des SRADDET (schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) issus de la Loi NOTRe de 2015. […]

Accédez à l’intégralité de la publication en téléchargement ci-dessous.

https://www.academie-agriculture.fr/

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