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Nouvelles technologies

Les élevages allaitants seraient-ils en retard par rapport aux laitiers ?


TNC le 22/11/2018 à 10:21
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Robot de traite ou d'alimentation, détecteurs de chaleurs, colliers connectés, applications mobiles... : la plupart des éleveurs laitiers sont équipés d'outils connectés. Mais qu'en est-il des éleveurs allaitants ? Le développement des nouvelles technologies reste limité dans ces fermes car le retour sur investissement est plus difficile. Pourtant, de nombreux outils sont actuellement testés dans des fermes expérimentales pour accompagner les éleveurs dans leur quotidien.

« Que peuvent apporter les technologies digitales aux élevages et à la filière ? » : voici une question soulevée lors du grand angle viande, qui se déroulait le 13 novembre dernier à Paris. Pour y répondre, Clément Allain de l’Idele rappelle : « En élevage, le numérique sert à surveiller (grâce aux nombreux capteurs disponibles sur le marché), à limiter les charges physiques, à gagner du temps (c’est par exemple le cas pour les robots de traite ou d’alimentation), à décider grâce à de nombreux indicateurs et à limiter la charge mentale. »

Des technologies plus profitables aux laitiers qu’aux allaitants.

À ce niveau, l’élevage laitier a connu un très fort développement en 10 ans : 67 % des éleveurs seraient équipés d’au moins un outil connecté (le chiffre grimpe à 87 % pour les troupeaux de 100 vaches et plus) et le nombre d’éleveurs équipés de robots de traite a été multiplié par quatre en 10 ans.

Du côté des bovins allaitants, l’évolution est nettement moindre mais elle se justifie par quelques facteurs limitants : il y a une grande diversité des productions et des situations, le contact avec les animaux est moins fréquent, les bâtiments sont souvent plus éloignés entre eux et le retour sur investissement est plus difficile (moindre produit brut par vache).

Le digital au service de l’éleveur et du troupeau

Si toutes ne sont pas rentables, certaines nouvelles technologies peuvent faire évoluer le travail de l’éleveur. Concernant l’identification électronique, le projet Welhbeef vise par exemple à enregistrer les évènements sanitaires pratiqués chez le naisseur grâce aux boucles RFID. Aussi, les distances de lecture des boucles devraient être réglables afin de pouvoir identifier un groupe de plusieurs animaux en même temps. Il est également envisageable d’effectuer un suivi comportemental grâce à l’identification.

Pour le pâturage, les perspectives sont nombreuses : géolocalisation des animaux, clôtures virtuelles, planning de pâturage connecté, gestion de prairies, reconnaissances des espèces, etc. L’imagerie promet également de grandes choses : une évaluation du volume et de la surface corporelle, pointage, estimation des pièces bouchères, développement squelettique, etc.

C’est surtout au niveau de la santé et du bien-être animal que les concepteurs travaillent le plus. Les nouvelles technologies visent à suivre le comportement des animaux (activité, ingestion, rumination…) et à détecter les troubles sanitaires de façon précoce. À titre d’exemple, des projets sont en cours pour détecter des troubles respiratoires des jeunes bovins à partir d’une biopuce sous cutanée ou encore pour détecter des hyperthermies chez les veaux en engraissement grâce à des caméras thermiques.

Les Digifermes expérimentent pour vous

Le réseau des digifermes comporte 13 fermes pilotées par Arvalis en partenariat avec l’Idele, l’ITB et Terres Inovia. Ces fermes testent et développent des solutions numériques qui répondent aux besoins des agriculteurs. Elles travaillent sur quatre axes : le pilotage des productions (grâce à des outils d’aide à la décision), la digitalisation de l’agroéquipement (par la robotique et l’agriculture de précision), le pilotage des exploitations (pour améliorer les prises de décisions) et la valorisation des données (afin de gagner en réactivité et efficacité).

Sophie Valance, de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, est responsable de la ferme expérimentale des Etablières. Elle présente : « La ferme de 153 ha de SAU est en système naisseur engraisseur de Charolais. Elle se positionne sur quatre thèmes d’expérimentation : l’efficacité d’engraissement et la qualité des carcasses, la conduite alimentaire avec une recherche d’autonomie, le conduite du troupeau et le pâturage avec la production de fourrages. Pour cela, elle dispose de nombreux équipements connectés : une automotrice, un pont bascule, un système de pesée des animaux avec lecture des boucles électroniques, des caméras, des auges et abreuvoirs connectés, une station météo, un herbomètre, etc. »