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Les casiers alimentaires automatiques surfent sur la crise et le consommer local


AFP le 27/11/2020 à 15:12
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Au bord des routes ou près des fermes : les casiers alimentaires automatiques connaissent un fort développement, porté par le confinement et la volonté des agriculteurs de diffuser leurs productions sans intermédiaire.

Signe de cet essor, la société Le Casier Français, implantée à Ennevelin (Nord), croule sous les demandes et son chiffre d’affaires – 1,2 million d’euros en 2019 – devrait doubler cette année.

La PME de 22 salariés conçoit, développe et assemble des casiers alimentaires automatiques et connectés, réfrigérés ou non. Principaux clients : agriculteurs, producteurs et artisans, bouchers-charcutiers, boulangers ou même… l’Assemblée nationale.

« Nous recevons une dizaine de demandes chaque jour », même si « toutes n’aboutissent pas en commande, car il faut un temps de réflexion pour concrétiser le projet, démarcher les banques, trouver un emplacement, etc… », détaille son dirigeant Manuel Moutier, qui voit arriver « des nouveaux clients, comme des entreprises de restauration collective ou des traiteurs, pour proposer des plateaux repas à toute heure ».

Pour une centaine de casiers dans cette entreprise, il faut compter entre 40 et 50 000 euros. Un investissement conséquent, mais que certains producteurs amortissent rapidement.

Benoit Soufflet, maraîcher à Emmerin, près de Lille a ainsi installé une soixantaine de casiers début juillet : « en trois mois, les 30 000 euros investis sont déjà rentabilisés », au vu des recettes générées – entre 10 et 15 000 euros mensuels.

Nouvelle installation d’un distributeur automatique Le Casier Français 🇫🇷 pour Gaec d’Emmerin – distributeur…

Publiée par Le Casier Français sur Mercredi 15 juillet 2020

Le deuxième confinement l’a convaincu définitivement de sauter le pas : « nos champs sont juste à côté d’un supermarché et d’un drive, et beaucoup de gens s’arrêtaient pour nous demander d’acheter une salade ou une botte de radis, ça nous a mis la puce à l’oreille ».

Jusqu’alors, il « travaillait essentiellement avec des centrales d’achat, le marché de Rungis et des négociants ». Aujourd’hui, les distributeurs automatiques représentent 30 à 40 % de son volume de vente, pour des fruits et légumes vendus 30 % moins chers qu’en supermarché, « car il n’y a plus d’intermédiaire ».

« Ça marche mieux que notre magasin à la ferme »

« Je ne pensais pas faire des chiffres pareils, ça marche mieux que notre magasin à la ferme », corrobore Marie Froment, qui a installé 88 casiers à deux pas de son exploitation à Thun-Saint-Amand (Nord), village de 1 100 habitants. Elle y vend ses produits laitiers mais aussi d’autres produits locaux, légumes, jus de pommes, gaufres, œufs… « Avec le Covid, les gens préfèrent même venir au distributeur plutôt qu’au magasin ».

Mise en route plus compliquée en revanche pour Mathieu Lucas, agriculteur à Bailleul-le-Soc (Oise) : « il y a parfois des soucis de connexion avec la 4G qui ne passe pas toujours, explique-t-il, et puis nous avons arrêté le monétaire pour faire uniquement de la carte bancaire, car des petits malins venaient forcer les casiers pour récupérer quelques euros ».

Remplir régulièrement les casiers

Les agriculteurs doivent aussi s’organiser pour remplir les casiers régulièrement : « nous avons un temps plein uniquement pour les distributeurs, qui conditionne et approvisionne deux fois par jour minimum. Si les casiers sont vides, le client ne reviendra pas », détaille Benoit Soufflet.

Ces trois agriculteurs ont choisi le Casier Français, car c’est « une entreprise des Hauts-de-France ». Pourtant, leurs casiers sont « 10 à 20 % plus cher que nos concurrents français », selon Manuel Moutier. Une différence s’expliquant selon lui par la technologie utilisée – écran tactile, application mobile – l’accompagnement marketing et une production quasi 100 % made in France, les matériaux utilisés provenant « d’un rayon d’une centaine de kilomètres autour de l’usine ». Exception faite du système connecté pour fermer les casiers, fabriqué en Chine « car ici en France, on ne sait pas faire », d’après l’entrepreneur.

Son principal concurrent français est l’entreprise alsacienne Filbing Distribution, qui a importé cette solution d’outre-Rhin en France, en 2009, et qui utilise des tôles importées d’Allemagne, « mais tout est conçu et assemblé en France », affirme son dirigeant Didier Filbing. Un autre concurrent se dispute le marché français, le Mosellan Providif, dont les casiers sont fabriqués en Italie.