Les assureurs estiment « limité » l’impact de l’incendie dans l’Aude
AFP le 08/08/2025 à 17:10
Le gigantesque incendie dans l'Aude, que les pompiers mettront encore plusieurs jours à éteindre, aura causé un niveau de dégâts encore inconnu. Mais selon les professionnels de l'assurance, le montant de ces dégâts semble a priori limité.
Parties mardi après-midi du village de Ribaute, entre Carcassonne et Narbonne, les flammes ont parcouru 17 000 hectares de pinède et de garrigue, dont 13 000 ont brûlé, selon la sécurité civile. Elles ont coûté la vie à une personne.
Il s’agit du pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon une base de données gouvernementale répertoriant les feux de forêt depuis 1973.
Le feu est-il une catastrophe naturelle ?
Selon les experts en assurance, la réponse est « non, les incendies de forêts n’entrent pas dans le régime assurantiel des catastrophes naturelles. »
La sécheresse, qui elle est considérée comme une catastrophe naturelle au même titre que les inondations et les tremblements de terre par exemple, peut cependant alimenter les feux de forêt. Ces derniers peuvent aussi avoir une cause naturelle, même si elle est rare : la foudre.
Les biens touchés par un feu de forêt ne pourront donc pas bénéficier de ce système de partage du coût de sinistres entre les assureurs privés et le réassureur public, la Caisse centrale de réassurance (CCR).
Les entreprises couvertes pour les pertes d’exploitation pourront également obtenir une indemnisation de leurs assureurs, selon les modalités de leurs contrats.
Cela peut être le cas des exploitants forestiers par exemple, des viticulteurs – 800 à 900 hectares de vignobles ont été perdus, selon le préfet -, de professionnels de l’hôtellerie ou de l’exploitant de l’autoroute A9, principal axe routier France-Espagne fermé entre mardi et mercredi.
Les vignes, comme les habitations d’ailleurs, peuvent être endommagées par les flammes mais aussi par les produits retardant l’incendie largués par les Canadair et les hélicoptères bombardiers d’eau.
Les particuliers et les entreprises sont en revanche couverts par leurs contrats IARD (incendie, accidents et risques divers), comme les contrats multirisques habitation (MRH), par exemple. Les particuliers et les entreprises concernés sont ainsi invités à consulter en détail leurs contrats et à contacter leurs compagnies d’assurance.
Est-ce un sinistre important pour les assureurs ?
Si la surface touchée est impressionnante, le nombre d’habitations et de véhicules atteints – le feu a détruit ou endommagé 36 habitations et brûlé 54 véhicules, selon le dernier bilan de la préfecture – reste faible pour le moment, en comparaison avec d’autres événements naturels de grande ampleur.
« Sur la partie (…) qui couvre les dommages des particuliers et des entreprises, ce sinistre-là va rester relativement limité », estime auprès de l’AFP Christophe Gadouleau, directeur national dommage du cabinet spécialisé Saretec.
« Dans la hiérarchie (…), les événements naturels comme les inondations, la sécheresse, les tempêtes (…) sont en haut de la pile », complète Yann Le Caë, directeur « Stratégie et performance indemnisation » chez Allianz France. Il est encore trop tôt pour donner un estimation chiffrée, selon ces deux professionnels.
Les pertes couvertes par les compagnies d’assurance seront en tout cas bien inférieures à celles des incendies de Los Angeles en janvier, chiffrées à 40 milliards de dollars par le réassureur Swiss Re.
Quels biens sont couverts ?
Les maisons « bénéficient généralement d’une garantie multirisques habitation », explique à l’AFP M. Le Caë, et dans ce bouquet de garanties, appelé communément MRH, « il y a la garantie incendie ».
Les contrats ne couvrent cependant pas systématiquement les dommages subis par les ouvrages extérieurs: portail, abri de jardin, piscine… Certains particuliers sont par ailleurs soumis à une obligation légale de débroussaillement dans un rayon de 50 mètres autour de leurs constructions.
L’indemnisation des véhicules endommagés par les flammes dépend du type de contrat souscrit, les contrats « tous risques », plus chers, protègent naturellement mieux que les seules garanties obligatoires, dites « au tiers ».
Si le relogement est prévu pour les particuliers dont la maison est inhabitable, la majorité des contrats du marché ne prévoit pas de garantie de relogement lorsque l’incendie ne touche pas la maison, souligne M. Le Caë, dans le cas où les autorités demandent par exemple aux habitants d’évacuer à titre préventif.
Quelque 2 000 personnes évacuées n’avaient pas encore pu regagner leur domicile, affirmait jeudi le préfet de l’Aude Christian Pouget.