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Interview

Laforge réalise les deux tiers de son chiffre d’affaires hors d’Europe


TNC le 19/04/2019 à 10:00
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De retour dans l’entreprise familiale depuis cinq ans, Hervé Defrancq dirige avec son père le groupe Laforge qui réalise une grande part de son chiffre d’affaires à l’export. Il revient sur la fierté de l’entreprise d’avoir été récompensée d’une médaille d’or au dernier Sima. Il évoque également les avantages et les inconvénients de la production française de machines agricoles.

Hervé Defrancq, le directeur général de Laforge, a réalisé des études supérieures à l’école de commerce de Nantes. Pendant six années, il a conforté son expérience professionnelle dans deux entreprises différentes : il a eu en charge l’achat d’engrais dans les pays producteurs et a géré la livraison en France dans les ports pour les coopératives et les négoces. De retour en 2014 dans l’entreprise familiale que dirige son père Hubert Defrancq, il occupe différents postes avant de prendre la direction générale. Aujourd’hui marié et père de de deux fils de 1 et 3,5 ans, il partage avec nous sa vision du groupe Laforge.

TNC : Pourquoi revenir dans l’entreprise Laforge en 2014 ?

Hervé Defrancq (HD) : « Je suis revenu dans l’entreprise familiale car je souhaitais relever de nouveaux défis. Avoir ce poste à responsabilités me permet d’apporter ma vision de l’entreprise pour construire quelque chose en m’appuyant sur mes expériences. Je souhaite prendre le meilleur de mon vécu professionnel pour l’apporter à l’entreprise et construire un projet qui a du sens. »

TNC : Quels sont les avantages de travailler dans une entreprise familiale ?

HD : « Une bonne connaissance de l’entreprise et de sa culture. Son historique est infusé en moi. Le partage des responsabilités avec mon père est stimulant car nous sommes complémentaires. Cela nous permet de travailler en confiance de manière efficace. »

TNC : Cela pose-t-il certains problèmes ?

HD : « Lorsque nous ne sommes pas d’accord, cela peut avoir une répercussion personnelle même le week-end en famille (Rires). Toutefois, après la phase de découverte, le binôme fonctionne très bien. D’autre part, comme l’entreprise est familiale, cela crée des responsabilités supplémentaires. Il faut être présent à tous les moments de la vie de l’entreprise, y compris les plus difficiles s’ils se présentent. Mais cela est d’autant plus motivant pour réussir. Cela oblige à faire face à l’adversité et c’est d’autant plus formateur. »

TNC : Produire pour trois continents au départ de l’Aisne, cela ne doit pas être facile tous les jours ?

HD : « Effectivement, surtout pour la partie Etats-Unis car en Chine, on ne possède pas d’usine. Il faut gérer la différence culturelle et le décalage horaire. Cela prend du temps et de l’énergie. Cependant, c’est stimulant de rencontrer de nouvelles personnes et de nouvelles cultures. Cela démultiplie les opportunités. Par exemple, le Dynatrac, la nouveauté Sima 2019 pour laquelle nous avons été récompensée d’une médaille d’or, provient du marché USA au départ. »

TNC : Quelles sont les principales difficultés rencontrées pour produire en France ?

HD : J’ai vécu quatre ans en Suisse et je suis revenu en France et je sais pourquoi je reviens (sourires). Le coût du travail est globalement plus élevé en France qu’en Allemagne par exemple. Cela nous oblige à être encore plus efficace que nos concurrents. Cela limite le droit à l’erreur sur nos nouveaux projets car les risques sont plus grands. La France, c’est aussi une diversité de l’agriculture et le plus grand marché d’Europe pour le machinisme agricole.

TNC : Quels sont les principaux avantages à produire en France ?

HD : Les salariés français sont globalement bien formés. Ils sont attachés à l’entreprise, ils sont plus engagés et plus autonomes en France qu’aux Etats-unis par exemple où ils sont plus liés aux procédures. Le turn-over en France est également moins élevé qu’aux USA. Le crédit impôt recherche permet de financer de nouveaux projets comme le Dynatrac. Une partie des coûts investis est donc remboursée à l’entreprise.

TNC : Vous avez des contacts industriels en Chine au travers de votre filiale EasyMasse. Avez-vous réfléchi à transférer tout ou une partie de votre production dans un pays étranger ? Pourquoi ?

HD : Non, car l’histoire et le savoir sont ici à Gignicourt avec nos salariés qui sont la richesse de l’entreprise. De plus, les délais de livraison depuis la Chine ne sont pas compatibles avec la demande du marché. Il faut également prendre en compte que, en Chine, le coût du minerai de fer est plus élevé qu’en France. Même si l’on peut y produire des matériels à prix compétitif, cet écart tend à se réduire. Il en va de même dans les pays de l’est où les salaires montent vite.

TNC : Quel est le produit actuellement au catalogue de Laforge dont vous êtes le plus fier ?

HD : Nous sommes fiers du Dynatrac car tout le monde est gagnant que ce soit le concessionnaire, ou l’agriculteur. La société met la pression sur les agriculteurs pour la réduction des phytos. Avec notre produit, nous apportons une solution qui permet d’y répondre tout en apportant une réduction des charges pour l’exploitant. Notre produit permet de diminuer la chimie tout en apportant plus de revenus aux agriculteurs. C’est une réponse aux besoins des agriculteurs et à la demande sociétale actuelle.