Accéder au contenu principal
Désherbage des betteraves

La planète sucrière entame sa révolution grâce à l’Ara, le robot d’Écorobotix


TNC le 19/05/2021 à 06:02
fiches_TEREOS_Test_Ecorobotix_Chevrieres_0521_Michel_Blossier_pour_Tereos_14_sur_33-resized

Tereos et Ecorobotix travaillent de pair pour répondre aux enjeux environnementaux et économiques des producteurs de betteraves sucrières. Réduire les IFT et assurer la rentabilité de la culture : deux défis auxquels le robot désherbeur l'Ara pourrait répondre grâce à son débit de chantier et la baisse pouvant atteindre 95 % de la quantité de désherbant utilisé. Sans oublier que la technologie serait abordable dès 200 ha de cultures.

Écorobotix annonce une révolution dans le désherbage des betteraves sucrières grâce à son robot capable de cibler les adventices et ainsi réduire la dose de produit jusqu’à 95 %. Un chiffre à couper le souffle dont l’origine est vérifiable grâce aux essais conduits en plein champ sur l’exploitation expérimentale de Tereos Polycultures installée à Chevrières dans l’Oise.

C’est déjà la troisième génération du robot, autant dire que la technologie évolue vite et pourrait encore réserver quelques surprises. L’outil détecte la présence d’adventices en amont de l’appareil et son algorithme puissant gère la pulvérisation du produit, uniquement là où c’est utile. Son nom : l’Ara.

Traitement ultra localisé grâce à des buses espacées de 4 cm

En travaillant en partenariat avec la coopérative Tereos, le constructeur a donc pu tester grandeur nature les performances de sa machine et vérifier si les capacités répondent aux exigences des agriculteurs afin de ne pas être un frein à sa vulgarisation. L’engin est capable de reconnaître une plante de betterave dès le stade 4-6 feuilles, et donc de pulvériser du désherbant aussitôt qu’une mauvaise herbe est détectée. Concrètement, le dispositif s’appuie sur les images fournies par les trois caméras de très haute définition. L’algorithme analyse la vidéo pixel par pixel pour reconnaître les adventices selon le principe de l’auto-apprentissage. Sous le capot, les buses de pulvérisation sont espacées de 4 cm, de quoi garantir la précision du ciblage.

Sur la rampe de pulvérisation, les buses sont espacées de 4 cm pour un ciblage hyper précis des adventices. (©Michel Blossier/Tereos)

À noter que contrairement à la plupart des robots proposés en agriculture, l’Ara est attelé au tracteur. Il n’est pas autonome en termes de déplacement mais sa vitesse d’exécution ne devrait pas être une butée. La troisième version travaille jusqu’à 6 m de large, contre 2 pour le premier jet de l’outil. Question vitesse d’avancement, l’opérateur peut atteindre 5 km/h à son rythme de croisière. Certes, les pointes à 7 km/h sont possibles mais les techniciens préfèrent raison garder pour ne pas dégrader la qualité du travail. Sans compter qu’à 5 km/h, sur 6 m de large, l’outil traite jusqu’à 3 ha/h en ultra localisé, soit 30 ha par jour. Plus besoin de traiter le matin avant la levée du jour, l’agriculteur est affranchi des contraintes horaires et venteuses en raison de la position basse et intégrée du dispositif.

Rentable dès 200 ha de surface à travailler

Côté prix de vente, le constructeur ne s’avance sur aucun chiffre pour le moment. Seule indication selon les calculs de Tereos, la machine serait rentable dès 200 ha de cultures de betteraves. Les entrepreneurs de travaux agricoles et les Cuma pourraient donc compter parmi les premiers clients de l’entreprise. Cependant, le rôle de Tereos est plutôt d’accompagner et de fédérer les planteurs sur ce type de problématique. L’objectif final est de permettre aux coopérateurs de bénéficier des dernières technologies pour répondre aux enjeux en matière d’amélioration des pratiques culturales durables et de réduction des coûts de production.

Autre avantage que pourrait représenter la méthode : la réduction drastique des produits chimiques utilisés engendrera naturellement moins de stress pour la culture. Les plantes ont moins besoin de se détoxifier, ce qui pourrait se mesurer sur le rendement parcellaire. Outre les économies liées à la baisse d’intrants, les producteurs pourraient aussi voir grimper la production. Des mesures sont en cours, les résultats devraient être connus dès la prochaine campagne d’arrachage.

Des économies perceptibles en matière d’insecticides également

La technique vise pour le moment à faire baisser la quantité de désherbant mais pourrait évidemment répondre aux problématiques liées à la disparition programmée des néonicotinoïdes. En inversant le principe d’identification, c’est à dire en identifiant strictement les betteraves, la technologie permet d’appliquer de l’insecticide seulement sur la plante. Là encore, les économies en matière d’intrants pourraient être importantes. Côté fongicide, les applications ont surtout lieu en été, période à laquelle les plantes recouvrent le sol. Résultat : le logiciel n’est plus capable de différencier les zones couvertes ou non, ce qui reviendrait à traiter en plein. Sans intérêt donc d’autant plus que l’engin embarque 170 l de bouillie, capacité étudiée pour répondre au besoin d’une application hyper ciblée.