Enquête ouverte après l’infection de plusieurs enfants par une bactérie E.coli
AFP le 05/07/2024 à 18:50
Une enquête a été ouverte fin mai à Paris pour blessures involontaires et mise en danger notamment, afin de déterminer les circonstances dans lesquelles des enfants ayant consommé du morbier en novembre 2023 ont été infectés par une bactérie E.coli.
La justice s’intéresse à « plusieurs cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) consécutive à une infection à E.coli STEC (bactérie pathogène) chez des enfants liée à la consommation de morbier », selon le parquet de Paris, qui confirmait une information de l’Informé.
Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) dû à cette bactérie peut se traduire notamment par une insuffisance rénale et est particulièrement dangereux pour les enfants et les personnes âgées.
Le pôle Santé publique a aussi ouvert l’enquête pour mise sur le marché d’un produit préjudiciable à la santé, tromperie aggravée et « non information du préfet du risque pour la santé présentée par une denrée alimentaire révélé par un autocontrôle ».
Selon Santé publique France, onze enfants ont été infectés avec une souche commune en novembre et décembre : cinq étaient dans une crèche à Toulouse, et six autres résident dans différentes régions.
En décembre, les autorités sanitaires avaient engagé le rappel de plusieurs fromages – du morbier, de la tomme et de la raclette – fabriqués jusqu’au 11 octobre 2023 dans une usine du Jura par l’entreprise Route des terroirs. L’agrément sanitaire de ce site avait été suspendu.
Le 14 décembre 2023, Santé publique France, le ministère de l’Agriculture et la Direction générale de la santé assuraient dans un communiqué conjoint que la santé des enfants infectés « ne suscit(ait) plus d’inquiétudes ».
« Descente aux enfers »
Pourtant, des familles ont décrit auprès de l’AFP des « séquelles à vie ». Damien Playe, qui vit dans l’agglomération lyonnaise, est le père d’un bébé de presque deux ans, infecté par la bactérie Escherichia coli après avoir mangé du morbier du Jura.
Il a raconté vendredi à l’AFP la « descente aux enfers » après l’hospitalisation de sa fille Clara. Hospitalisée fin décembre, cette dernière a subi une opération d’urgence de quatre heures, avant d’être placée en coma artificiel pendant 25 jours. Pendant cette période, « ses poumons sont sous respirateur artificiel, son coeur est maintenu avec des produits, ses reins sous dialyse… » Clara en est ressortie avec « des lésions cérébrales ».
Après deux mois dans un centre de rééducation, elle a « récupéré certaines fonctions mais d’autres restent encore à déterminer, comme le langage et l’apprentissage », a souligné Damien Playe. « On va se battre pour notre fille et pour d’autres enfants qui pourraient être victimes », a-t-il insisté.
Selon L’Informé, qui a eu accès à l’arrêté de suspension de la préfecture du Jura, les inspecteurs de l’administration ont identifié six lots de morbier commercialisés « pour lesquels des analyses ont révélé la présence d’E.coli STEC hautement pathogènes ».
Et Route des terroirs disposait de plusieurs « résultats d’autocontrôles défavorables » mais n’a pas signalé ces analyses aux autorités, toujours selon l’Informé qui cite l’arrêté. Sollicitée par l’AFP, l’entreprise n’a pas donné suite.
La même bactérie est au cœur d’une autre affaire judiciaire, qui a connu cette semaine une avancée notable : Nestlé France a annoncé vendredi avoir été mis en examen pour « homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie » dans l’information judiciaire ouverte sur les pizzas Buitoni contaminées et suspectées d’avoir provoqué la mort de deux enfants en 2022.
Une filiale exploitant l’usine de Caudry (Nord), où les pizzas avaient été fabriquées, a aussi été mise en examen, selon un communiqué de Nestlé France. Sollicité, le parquet de Paris n’était pas en mesure vendredi de confirmer les chefs de poursuites visant Nestlé France et cette filiale.