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Energies alternatives

Comment diminuer l’impact carbone des tracteurs agricoles ?


TNC le 12/05/2023 à 05:03
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21 % des émissions de gaz à effet de serre sont d'origine agricole, les moteurs des machines génèrent 13 % d'entre eux. (©Adobe Stock)

13 % des rejets de carbone émis par l’agriculture concernent les émissions des moteurs des machines agricoles. Quelles solutions mettre en place en matière d'agroéquipements pour limiter l'impact carbone de la filière ?

« Nous allons devoir décarboner l’ensemble de l’économie d’ici à 2050. Pour cela, la France doit bénéficier d’un mix énergétique, en particulier en agriculture », a affirmé Julien Painaud, coordinateur agriculture au marketing de Total Énergies France lors de la convention nationale des agroéquipements organisée par Axema et le Sedima.

Actuellement, l’agriculture émet 21 % des gaz à effet de serre (Ges) dans l’hexagone. Le méthane en représente 45 %, il est principalement issu de l’élevage. Le protoxyde d’azote atteint 42 % (engrais azotés, effluents d’élevage et résidus de cultures) et la part du carbone lié aux émissions polluantes des moteurs thermiques des engins présents dans les fermes est de 13 %.

Total Energies s’oriente vers la production d’électricité

Remplacer l’énergie fossile ingurgitée par les moteurs peut donc permettre de faire chuter la quantité de carbone émise mais autant dire qu’il reste du chemin à parcourir pour y parvenir. Le représentant de Total Energies a rappelé quelles étaient les pistes envisageables à l’heure actuelle.

La première, c’est simplement de l’économie d’énergie. Effectivement, l’énergie non utilisée ne génère pas de rejets, inutile de décarboner ensuite. En adoptant une conduite économe, le taux de CO2 émis diminue, c’est l’exemple le plus visible. 

Autre piste : la mobilité légère, et notamment les fourgons et les véhicules particuliers, qui s’orientent vers l’électrification partout en Europe. « Le constat est quotidien », selon Julien Painaud. Et d’ajouter : « la mobilité lourde devrait emboîter le pas de l’électrique rapidement. Les premiers poids-lourds fonctionnant grâce à l’électricité ont été livrés. Avec cette technologie, les émissions sont quasi nulles. Quid des tracteurs et des télescopiques ? Certains constructeurs travaillent le sujet et ont même déjà présenté leurs solutions. A l’image de JCB avec son modèle à hydrogène ou New Holland et son tracteur au méthane. L’électrique aura sans doute davantage de difficulté à percer faute d’autonomie suffisante. 

Biocarburants : une solution explorée par certains

Les biocarburants sont une autre alternative disponible. Par exemple, le B30, le B100 ou HVO100. Le gain en termes de réduction des émissions polluantes oscille entre 50 et 90 % avec du HVO 100, carburant de synthèse. Preuve aussi que la décarbonation est possible sans pour autant devoir changer tous les moteurs des machines. Et en maintenant la filière de distribution actuelle. Outre le prix au litre qui bloque encore, il est également impossible d’envisager le ravitaillement de toute la chaîne avec ce carburant. 

Le méthane vert est une autre piste prise au sérieux par le constructeur italien New Holland, avec son T6 Méthane Power et plus récemment la version plus puissante baptisée T7 Méthane Power. Enfin, l’hydrogène semble compléter le panel avec notamment le britannique JCB qui planche dessus. La technologie reste complexe, particulièrement en matière de logistique et d’impact environnemental. Pour rester vertueuse, la production d’hydrogène doit être obtenue par électrolyse de l’eau à base d’électricité verte.

Un changement progressif mais pas de rupture

Julien Painaud a d’ailleurs annoncé que son entreprise avait déjà démarré l’évolution de son modèle économique. En clair, le producteur et distributeur de carburants fossiles s’oriente vers la seule production d’électricité d’ici 2050. Le représentant ajoute : « nous avons le devoir d’offrir aux utilisateurs un mix énergétique suffisamment large pour répondre à leurs besoins, le tout à un prix acceptable ». Pour l’heure, force est d’admettre que la solution pour limiter les rejets de CO2 n’existe pas. D’où la nécessité de développer le mix énergétique qui est la meilleure hypothèse à court terme. 

Damien Fétis, président de Dintec, complète le propos en soulignant que les moteurs et leur carburant doivent être adaptés à l’usage et donc à la nécessité du terrain. Par exemple, avec le robot, léger le plus souvent, l’électrique semble adapté à la capacité de stockage d’une batterie. Ce qui n’est pas le cas avec un tracteur pesant parfois plus de 10 t. « Quoi qu’il en soit, l’évolution sera progressive, ne nous attendons pas à une rupture soudaine. Ce qui n’empêche pas d’agir sans plus tarder, faute d’action, nous risquons la fracture demain », conclut-il.