Accéder au contenu principal
Pneumatique

Comment détecter l’usure anormale des pneus


TNC le 18/05/2022 à 04:33
fiches_Pneu_use

Détecter l'usure anormale des pneus peut limiter le coût lié au remplacement trop fréquent des pneus. (©Adobe Stock)

Vu le prix d'une monte de pneus agricoles, mieux vaut en prendre soin et bien les utiliser pour les faire durer le plus longtemps possible. Détecter leur usure prématurée peut donc limiter la facture. Sans oublier les pertes en matière de performances, de confort d'utilisation, de sécurité et la détérioration mécanique d'autres organes. Voici donc quelques clés pour vous aider à y voir plus clair et pour repérer les problèmes avant qu'il ne soit trop tard.

Remplacer les pneumatiques des engins agricoles coûte cher alors autant les préserver et prendre en compte tous les signes d’usure anormale. Celle-ci peut avoir de multiples causes qu’il est préférable de savoir détecter pour résoudre le problème et ne pas recommencer avec les pneus neufs.

L’usure normale doit se faire progressivement et de façon régulière sur toute la surface du pneu. Si ce n’est pas le cas, vous devez déterminer quelles sont les causes exactes qui génèrent l’usure du train de pneus actuel. Parfois, il est difficile voire improductif de diagnostiquer soi-même et de corriger le défaut. C’est pourquoi Firestone a listé les signaux censés mettre l’agriculteur sur la bonne voie.

Usures spécifiques liées aux problèmes mécaniques

Lorsqu’un essieu de remorque est mal aligné, le désalignement se reporte sur les essieux du tracteur : l’avant et l’arrière du tracteur sont alors poussés dans des directions opposées. Des traces de ripage et des stries latérales sur les barrettes apparaissent alors sur le pneu de la remorque. Mais aussi sur ceux du tracteur associé. L’anneau d’attelage peut également présenter une usure irrégulière.

Si un mamelon se forme en nez de barrette des pneus arrière, c’est à dire que la gomme restante est plus épaisse, voire que la barrette s’use en biseau avec des traces de ripage alors que les pneus avant sont usés de manière uniforme, le problème provient sans doute de l’utilisation du pont avant sur la route. L’opérateur doit contrôler le différentiel avant sans attendre. En cas d’usure irrégulière prononcée à l’arrière, de fortes vibrations peuvent apparaître et ainsi diminuer le confort et la stabilité du tracteur.

Si l’usure se concentre sur un seul côté avec une symétrie droite / gauche, vérifiez le différentiel avant, l’alignement des roues, le jeu dans les rotules de direction et dans les roulements. En effet, plusieurs causes peuvent expliquer ce type d’usure :

  • L’utilisation du pont avant en parcours sinueux ;
  • Le défaut de carrossage, c’est-à-dire le mauvais alignement des roues par rapport à la verticale ;
  • Le défaut de parallélisme (pincement ou ouverture).

Dans ce cas, il est possible de permuter les pneus pour accroître leur longévité. Pensez à demander l’avis de votre fournisseur dont l’expertise permettra de confirmer le diagnostic.

Le carrossage des pneus est l’inclinaison de la roue verticalement par rapport au sol. (©Firestone)

Le défaut de carrossage est une cause fréquente d’usure prématurée. Pour le vérifier, c’est assez simple : contrôler l’inclinaison de l’ensemble de la roue par rapport au sol. À l’idéal, la roue doit être parfaitement verticale, soit le plus à plat possible au sol. Les experts disent que le carrossage est positif lorsque le haut de la roue est plus à l’extérieur du tracteur que le bas, par rapport à la verticale. Dans ce cas, la tranche extérieure du pneu s’usera plus vite. Inversement, le carrossage est négatif lorsque les roues sont écartées vers le bas, par rapport à l’axe vertical. Ici, l’usure apparaît sur le bord intérieur du pneu.

Autre possibilité : les deux pneus avant s’usent beaucoup plus vite que les pneus arrière ou inversement. Il s’agit d’un problème de prépondérance, donc de synchronisation du train avant avec le train arrière de la machine. Le réglage doit permettre à l’essieu avant de tracter légèrement plus que l’arrière. Si l’essieu arrière freine l’essieu avant, alors le train avant s’usera plus vite. À l’inverse, si l’essieu arrière pousse l’essieu avant, alors le patinage excessif de l’essieu arrière entraîne davantage d’usure à l’arrière. Dans les deux cas, l’usure mécanique de la transmission et l’échauffement des ponts est à craindre.

La monte d’origine du tracteur n’est pas obligatoirement la plus adaptée aux travaux de l’exploitation. Le fermier doit profiter du remplacement pour analyser ses besoins en termes de performances pour adapter sa monte de pneus. Il est donc primordial de déterminer le diamètre maximum de la roue et de sélectionner le modèle qui convient. Sans oublier de calculer le diamètre du pneu à monter à l’avant pour ne pas désynchroniser le train avant. La règle de prépondérance prévoit une tolérance comprise entre 0 et 5 %.

Usures liées à la pression de gonflage

1- Le sous-gonflage :

Lorsqu’un pneu est sous-gonflé, il s’écrase au sol provoquant une usure anormale des barrettes et des épaules. Sur route, si la pression est trop basse, la gomme s’échauffe. Le risque est qu’en cas de fréquence trop élevée, la structure du pneu se dégrade. Résultat : les composants se séparent.

2 – Le sur-gonflage :

Lorsque la pression est trop élevée, le pneu s’use prématurément. Sur route, celui-ci se bombe et la partie centrale de la bande de roulement est beaucoup plus sollicitée. Au champ, le pneu surgonflé aura moins d’adhérence car son empreinte au sol diminue. La surface de contact des barrettes n’est pas suffisante et le débourrage ne sera pas suffisant, ce qui augmente le patinage et l’usure prématurée.

Usures liées à l’environnement

Les sols durs ou coupants à base de silex (par exemple) accélèrent la détérioration du pneu. Cumulé à d’autres problèmes comme la vitesse, la charge ou la pression inadaptée, le phénomène s’en trouve augmenté. Si un pneu présente plus d’usure d’un côté que de l’autre et que ce n’est pas lié à un défaut de géométrie ou de montage, la probabilité que le pneu plus usé roule plus souvent sur le bas-côté est importante. Sans oublier le report de charge lié à la forme bombée des routes. C’est l’origine d’une usure du côté extérieur du pneu droit et du côté intérieur du pneu gauche.

Le problème s’accentue si la pression d’utilisation est trop faible ou inégale des deux côtés. Cela se corrige en réglant la direction de sorte à minimiser le glissement vers le bas de la route. Si l’usure est marquée, il est préférable de permuter les pneus pour augmenter leur longévité.

Usures liées à la charge

Avec le poids de l’outil, le report de charge vers l’essieu arrière du tracteur génère la compensation par les pneus. Ils se déforment et s’écrasent. Si le sol est dur, les barrettes plient sous l’effort de traction. Les flancs vont alors se déformer latéralement.

La masse exercée sur la gomme échauffe très rapidement le pneu avec la vitesse sur route. L’usure est alors très rapide. En cas de surcharge, si celle-ci est fréquente, l’usure accélère d’autant. Leur durée de vie est réduite de 25 à 50 % en fonction de l’excès de charge.

Quand les pneus arrière du tracteur présentent un aspect lisse avec une usure plus marquée au centre, c’est certainement que l’engin est utilisé avec de trop fortes charges. Le revêtement routier, plus abrasif que la terre, et la vitesse plus élevée, en sont la cause.

A noter aussi que le bonne répartition du poids est indispensable pour garantir de bonnes performances sur route comme au champ. Si la charge est trop élevée par rapport aux performances du pneu, délester l’ensemble ou choisir un modèle de capacité plus importante.

Usures liées à l’utilisation inadaptée

Au même titre que les pneus de Formule 1, différents selon que le temps est sec ou pluvieux, les pneus agricoles doivent être adaptés à l’utilisation. Opter pour une gomme souple dans les champs, avec davantage de gomme pour l’utilisation sur route ou en cours de ferme, ou encore avec des composants plus résistants mais offrant plus ou moins de flexibilité au niveau des flancs.

Le tracteur passe en moyenne de 25 à 40 % de son temps sur la route. Le chiffre peut grimper à 90 % dans certains cas. Or, la route est certainement l’endroit qui use le plus à cause de son revêtement abrasif pour la gomme. L’irrégularité du sol, les freinages et les accélérations sont autant de facteurs qui augmentent l’usure.

Les griffures sur les barrettes indiquent que le pneu travaille souvent sur les sols pierreux. (©Firestone)

La vitesse élevée en charge entraîne l’échauffement excessif de la gomme, ce qui la fragilise. Mieux vaut donc lever le pied quand le convoi est chargé. Si les barrettes présentent des griffures et des parties arrachées sur toute leur surface, des coupures droites, croisées avec arrachements en bord d’attaque et de fuite, ce pneu a travaillé sur des terrains très durs à silex ou est utilisé fréquemment pour travailler à la ferme ou sur sols pierreux.

Si l’agriculteur remarque des coupures à la base des barrettes, partant du nez de crampon et suivant le sens longitudinal de la barrette, alors c’est le signe d’un grande fatigue du pneu. Il a subi des efforts de traction trop importants sur des sols durs engendrés par des reports de charge trop importants à l’essieu. La torsion excessive des barrettes sur le sol a provoqué leur cisaillement. Les parties de barrettes peuvent s’arracher entraînant de très fortes vibrations avec la vitesse. Pire, la perte de contrôle du tracteur.