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Moisson

Comment améliorer son rendement en paille


TNC le 14/07/2021 à 06:02
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Pour faire de la paille, la règle est simple : avoir une batteuse avec le moins d'organes de battage possibles. Et si l'on ne choisit pas tout le temps sa machine, il est toujours possible d'optimiser son rendement en faisant les bons réglages, en battant de nuit ou en récupérant la menue paille dans l'andain.

Pour Julien Hérault, consultant indépendant en agroéquipements, on confond souvent quantité de paille et forme de la paille. « Aucune batteuse ne mange de la paille : si elle avale 4 tonnes de paille/ha, elle ressort 4 tonnes de paille/ha, reste à savoir dans quel état. Les contraintes météo incitent les constructeurs à améliorer le débit de chantier de leurs machines, or ce qui limite le débit de chantier d’une moissonneuse- batteuse, c’est justement la séparation du grain du flux de paille. Donc, si l’on veut battre plus vite, on rajoute des organes pour augmenter le débit de séparation et forcément, on abîme la paille. Pour avoir un bon rendement en paille, il faut viser des machines qui vont lentement, avec le moins d’organes de battage possibles : un batteur, un tire paille et des secoueurs, rien de plus. Les séries W de chez John Deere ou Avero chez Claas présentent des systèmes de battage conventionnel, de même pour les séries TC ou CSX chez New Holland. Laverda propose également des machines qui offrent la possibilité d’activer ou non le séparateur rotatif pour avoir plus de paille. »

La taille des coupes a doublé, mais les andains ne sont pas plus gros qu’avant

On trouve sur le marché des batteuses allant du simple au double en termes de débit de chantier. « Les plus lentes font du 4 t de paille/h, soit environ 1 ha/h, les plus rapides font 22 t de paille/h avec un débit de chantier de 5 à 6 ha/h, mais c’est au prix de la paille. » Avec un débit de chantier cinq fois supérieur, la proportion de menue paille est forcément plus grande. « Aujourd’hui, la taille des coupes de machines a doublé, mais les andains ne sont pas plus gros qu’avant. Une machine qui va vite et qui ne brise pas la paille, ça n’existe pas. Techniquement ça n’est pas possible. Elle abîme juste un peu moins la paille qu’un autre modèle de marque. » 

Bien régler sa machine pour ne pas abîmer la paille

« Avec une machine à secoueurs, on peut toujours tenter d’optimiser les réglages pour améliorer le rendement en paille. On cherchera alors à avoir le régime batteur le plus bas possible pour préserver la paille, la limite étant bien-sûr de ne pas perdre de grain. En contrepartie, on pourra augmenter la vitesse de nettoyage car on aura moins de menue paille, en bref on aura moins de pertes aux grilles. Ainsi, chercher à avoir de la paille peut faire gagner en débit de chantier et nettoyer davantage le grain, même si c’est contre-intuitif » explique Julien Hérault, qui propose également des formations et des diagnostics de machines au champ.  

Nicolas Fretin, entrepreneur à Deûlémont dans le Nord insiste, « l’essentiel, c’est de bien régler sa machine ». Pour ce faire, il ne faut pas hésiter à revoir ses réglages au cours de la journée. « Souvent je diminue le batteur à 900 voire 850 tours/min et je desserre un peu le contre-batteur pour être moins agressif en journée, le tout c’est de regarder derrière qu’il ne reste pas de grain dans les épis. Pour la nuit, la paille est moins cassante, généralement je remonte autour des 950-1 000 tours/min. »

Choisir son entrepreneur en fonction des organes de battages de ses machines

Si l’on délègue sa moisson, il faut se renseigner sur les batteuses dont disposent les entrepreneurs. « Peu importe la marque, ce qu’il faut savoir, c’est déjà s’il s’agit de batteuses à secoueurs, et du nombre d’organes de battage. Et cette démarche doit s’anticiper, parce qu’une fois que la machine est en route vers la ferme, c’est trop tard ! ,  recommande le conseiller.

Il faut trouver un bon compromis entre la vitesse de récolte et la qualité de la paille (©ETA Nicolas)

Nicolas Fretin nous éclaire sur les choix des agriculteurs : « au début, beaucoup d’éleveurs demandaient des petites machines pour optimiser le rendement en paille, mais ça n’est pas tant la taille qui joue, c’est surtout qu’au moins il y a de batteurs, au plus il y a de paille. La moisson c’est aussi le grain, alors je vois de plus en plus de clients opter pour le débit de chantier. On parle souvent du système de battage, je trouve aussi que la largeur de coupe joue un peu : plus elle est large, plus on brise la paille, mais en deçà des 6 m, ça reste correcte. » 

Battre de nuit, et récupérer la menue paille

À défaut de pouvoir choisir la machine, il est toujours possible de choisir ses créneaux de battage. Généralement l’humidité remonte dans la soirée, la paille est donc moins cassante. A minima, réintégrer la menue paille dans l’andain permettra toujours d’augmenter son rendement en paille. « Certains demandent à ce qu’on ne fasse pas tourner les éparpilleurs à menue paille pour qu’elle reste dans l’andain. C’est toujours ça de pris, il y a eu beaucoup de progrès sur la capacité de préemption des presses, mais si c’est trop petit c’est trop petit. »

Tous sont unanimes, le pressage a peu d’effet sur le rendement en paille final. « Tous les modèles avalent bien, la marge de manœuvre se situe plutôt autour de la moissonneuse-batteuse. Après, il n’y a pas de secret, pour faire de la paille il faut que le blé soit haut, mais une fauche basse avec de bons réglages, ça aide toujours ! » conclut le gérant de l’ETA Nicolas.