54e édition du Sia

Au Salon de l’agriculture, Hollande retrouve un monde paysan découragé


Communication agricole le 25/02/2017 à 14:25
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François Hollande a retrouvé samedi un monde paysan en proie au découragement et éprouvé par deux années de crise profonde, lors de l'inauguration de la 54e édition du Salon de l'agriculture.

« A ujourd’hui s’ouvre un Salon qui n’est pas comme les autres, marqué par une profonde tristesse et par la gravité des crises que nous traversons », a dit le président en référence à la mort récente du président de la FNSEA, Xavier Beulin, décédé récemment. François Hollande a dévoilé une plaque commémorative en son hommage. Xavier Beulin « avait alerté sur l’importance des crises climatique, sanitaire et économique que traverse l’agriculture. Ce message doit être entendu par l’ensemble de la société », a ajouté François Hollande. Cette visite est « un message d’encouragement, de soutien et de solidarité envers les agriculteurs », a-t-il ajouté.

Le président, qui inaugure le Salon pour la cinquième et dernière fois de son mandat, est arrivé peu après 6h30 avant de poser avec « Fine », la vache « rockstar » de l’événement. Sa race, la Bretonne pie noir, est à l’honneur de l’événement.

François Hollande, qui avait été accueilli l’an dernier par des agriculteurs en colère, fait face cette année à l’indifférence de ses interlocuteurs dans une ambiance calme. Interpellé par deux éleveurs qui lui disent que « personne ne parle d’agriculture » parmi les politiques, le président leur répond que lui est là. « Mais vous, c’est fini », lui rétorquent-ils. « Je ne vois pas l’intérêt qu’il vienne faire le beau au Salon », peste Antoine 24 ans, producteur laitier venu du Jura.

Le découragement pointe même chez les agriculteurs exposants du salon. « Ce gouvernement a mené une Pac pas à la hauteur. Ils ne se rendent pas compte du malaise », dit Pierre Besancenot, 58 ans, exploitant de Montbéliardes en Haute-Saône. « Tant qu’on ne gagne rien avec ce qu’on produit, on ne pourra pas avancer », ajoute t-il.

Avec des millions de canards abattus dans le Sud-Ouest depuis janvier pour cause de grippe aviaire pour la deuxième année consécutive, les éleveurs de palmipèdes sont parmi les plus touchés. « La profession est en danger, j’espère que le monde va s’en rendre compte », dit à l’AFP Richard Beziat, un exploitant du Gers dont les 6.000 canards ont été euthanasiés. Dialoguant avec des éleveurs de canards en colère, François Hollande a répondu : « on était obligé d’abattre les canards on aurait même dû le faire plus tôt ».

François Hollande a mis en garde les candidats qui préconiseraient une sortie de l’Union européenne et donc de la Pac. « Il faut quand même se souvenir de ce qu’était l’agriculture sans l’Europe et ce que peut être l’agriculture avec l’Europe », a-t-il dit. « Il y a une politique agricole commune qu’il va falloir repenser mais qu’il va falloir surtout préserver parce que si la Pac est mise en cause vous allez voir la situation que vont avoir beaucoup d’agriculteurs ».

Un vote de colère des agriculteurs est « un vrai risque » a estimé la présidente de la FNSEA par intérim, Christiane Lambert. « Nous le redoutons et nous expliquons que l’agriculture française doit beaucoup à la construction européenne », a-t-elle dit sur France Inter.

Eprouvé par deux ans de crise, le monde agricole espère retrouver un peu d’optimisme à l’occasion de la 54e édition de ce rendez-vous annuel qui sera marqué également par le défilé de la plupart des candidats à l’élection présidentielle. A moins de deux mois du premier tour de ce scrutin, ils sont soucieux de se concilier un monde agricole et rural en pleine mutation.