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Chevaux mutilés

«Les mêmes moyens que sur n’importe quelle scène de crime» selon la gendarmerie


AFP le 11/12/2020 à 13:41

Plus de 500 signalements et des mois d'investigations, mais seulement 84 cas avérés de chevaux mutilés par une action humaine... La gendarmerie nationale emploie pourtant « les mêmes moyens que sur n'importe quelle scène de crime » pour résoudre les enquêtes, assure à l'AFP Marie-Béatrice Tonanny, coordinatrice nationale à la sous-direction de la police judiciaire.

Quatre personnes ont été arrêtées dans le cadre des multiples enquêtes ouvertes depuis des mois à travers toute la France.

Q: Comment expliquez-vous que sur un tel nombre de signalements, seuls 16% des cas soient formellement imputables à l’Homme ?

R: Les actes de cruauté n’ont pas explosé par rapport aux autres années. Il y a eu une petite augmentation, peut-être due à la médiatisation et aux copycats (NDLR : imitateurs). Ce qui explose c’est le nombre de signalements, d’appels de personnes nous disant « mon cheval est blessé ». Nous avons établi un protocole, notamment avec l’appui du vétérinaire en chef de la Garde républicaine. Il faut prendre en compte l’environnement du cheval, le type de blessures, leurs emplacements, en s’appuyant aussi sur ce qu’on connaît du comportement du cheval. Par exemple une jument en chaleur est susceptible de se frotter sur différents supports, allant parfois jusqu’à se blesser au niveau des parties génitales. Quand une intervention résulte de la main de l’homme, c’est vraiment qu’on a pu s’appuyer sur une combinaison d’éléments.

Il y a des animaux qui vraisemblablement ont été anesthésiés, mais pas tous. Il n’y a pas non plus systématiquement une oreille coupée. Nécropsie réalisée par des vétérinaires, enquête de voisinage, téléphonie, vidéo : tous les moyens d’enquête sont déployés pour essayer d’identifier les auteurs.

Q: Avec quels résultats ?

R: On a eu quatre arrestations et le dernier individu a été condamné dans la Meuse à 12 mois d’emprisonnement avec sursis pour « actes de cruauté » notamment (par le tribunal de Bar-le-Duc le 8 décembre, NDLR). Cela faisait suite à un signalement : dans un champ, une des juments avait été retrouvée avec les organes génitaux abîmés. Les trois autres arrestations sont en lien avec le phénomène, elles font partie des signalements mais pas des 84 cas répertoriés comme actes de cruauté. Elles sont plutôt liées à des actes déviants, de zoophilie. Un des mis en cause a été condamné le 30 octobre par le tribunal correctionnel de Poitiers pour des faits commis sur une ponette en avril dernier. Les autres affaires sont encore en cours.

Sur les 84 cas, on sait qu’il y a une multiplicité d’auteurs. Mais pour l’instant, il n’y a pas de mobile qui apparaît. On s’est aussi appuyé sur l’expérience d’autres pays européens, et dans chaque pays concerné malheureusement, personne n’a pu identifier réellement un mobile. Tout a été exploré, on a fait de la recherche sur d’éventuels challenges sur internet. Ce n’est pas connu dans les milieux du satanisme, ce n’est pas un rituel d’une culture, ce ne sont pas que des juments, on a eu de tout, du cheval de course à l’âne.

Q: Que répondez-vous aux propriétaires et éleveurs, certains gagnés par la psychose, qui craignent que ces affaires soient mises de côté ?

R: On continue tous les jours à recevoir des signalements, beaucoup moins qu’à l’été, quelques dizaines par semaine en moyenne. Mais tous les gendarmes sont encore engagés. Au niveau de chaque région, des groupes de référents ont été formés. Je peux vous assurer que ce n’est pas quelque chose qui est négligé, les moyens engagés sont les mêmes que ceux qu’on mettrait sur n’importe quelle scène de crime. Ça n’a pas été écarté, au contraire, on est encore en plein dedans. La vigilance se maintient et nous sommes toujours vraiment mobilisés.