Airinov soriente vers le service et le conseil agronomique
Innovations et machinisme le 11/03/2016 à 07:25
Parrot a présenté au Sia un nouveau capteur multi-spectral destiné au monde agricole, sur la base du capteur Multispec de la start-up française Airinov. Interview de Romain Faroux, cofondateur et directeur général d'Airinov, fils dagriculteurs du Poitou, sur les raisons de ce succès et la spécialisation de son entreprise dans le conseil agronomique en France mais aussi à linternational.
Airinov a été créée en 2010. Avec deux associés, nous avions l’intuition que la technologie des drones aurait une place de plus en plus importante dans l’agriculture. Nous avons commencé à en fabriquer dans la grange de mes parents, agriculteurs dans le Poitou.
En 2011, l’Inra nous a apporté ses compétences en télédétection multi-spectrale. Un partenariat qui amorce le projet de transformer des drones en outils d’analyse, capables d’identifier les besoins de fertilisation des cultures, grâce à un capteur multi-spectral déduisant des indicateurs agronomiques. Nous déposons un brevet concernant un capteur capable d’acquérir de la donnée sur quatre spectres lumineux.
Dès 2012, le savoir-faire en cours d’acquisition débouche sur 3 000 hectares de cartographie et de conseils. À cette époque, la start-up regroupe cinq métiers différents : la conception de drones, celle de capteurs, la cartographie, le traitement agronomique et le service. La croissance est au rendez-vous. En 2013, la société compte déjà 10 salariés et cartographie plusieurs dizaines de milliers d’hectares.
L’intérêt du concept ayant été prouvé, nous devions réfléchir à une forme de mise en marché plus efficace. Parrot a analysé le marché du drone pro et a déjà investi dans une entreprise de fabrication de ce type d’outils et dans une autre spécialisée en cartographie. Les géomètres et les topographes sont alors au cur de leur activité, pour réaliser des cartographies de carrière en 3D par exemple. Parrot cherche maintenant à explorer le marché de l’agriculture et se tourne naturellement vers nous. L’idée serait de mettre le capteur Airinov dans les drones Parrot, plus faciles à utiliser et équipés d’un mode de vol automatique. De là, est né le pack Agridrone avec aile et capteur intégrés.
Tout d’abord, cela nous a permis de sortir du modèle artisanal. Grâce à cette collaboration, nous disposons du capital nécessaire au développement de notre entreprise à plus grande échelle. En effet, en 2015, nous avons cartographié, analysé et fourni des préconisations pour plus de 107 000 ha et une cinquantaine d’opérateurs. Le résultat commercial est là ! Avec plus de 75 packs Agridrone vendus, nous conseillons plus de 6 000 clients finaux. Cela nous a encouragé à passer à la seconde phase.
À industrialiser le capteur Multispec pour qu’il devienne Sequoia, c’est-à-dire compatible avec tous types de drone. Cela internationalise notre modèle économique, notamment dans les pays d’Europe du Nord, en complément des prestations de suivi d’essais variétaux que nous réalisons déjà dans toute l’Europe.
Ainsi, de nos cinq métiers de départ, nous nous concentrons sur l’agronomie et le service, puisque nous avons industrialisé avec le groupe Parrot les drones, la cartographie et les capteurs. Les concurrents poussent toujours à se recentrer sur les vraies forces intrinsèques de l’entreprise. Chez nous, c’est le conseil agronomique et le service.
Nous travaillons exclusivement avec un réseau d’opérateurs, d’agriculteurs, d’entrepreneurs, de coopératives ou de Chambres d’agriculture. Nous enregistrons la commande, réalisons des opérations de tour de contrôle comme l’optimisation en lots agronomiques et lots règlementaires. Ensuite, nous éditons les plans de vols et envoyons des opérateurs les réaliser.
Les retours de vols nous permettent d’éditer deux types de cartes :
– des cartes dites « bilan de santé » : qui montrent l’état des cultures (on distingue même les silos des années précédentes, les parcelles remembrées…)
– des cartes de préconisation d’apport d’engrais, qui précisent la quantité d’azote à appliquer sur toute la parcelle et par zone. Elles comportent un zonage simple ou détaillé et permettent même d’aller jusqu’à la modulation intraparcellaire de dose. À ce jour, 20 % de nos clients ont recours à des appareils de modulation de dose.
Les avantages premiers sont ceux de la modulation des apports. Nous apportons des éléments de décision et de conseil en azote pour optimiser la quantité d’engrais à l’intérieur de la parcelle.
Notre système de collecte de données par drone n’est pas forcément moins cher que le satellite, mais beaucoup plus précis (précision au mètre carré) et on peut s’en servir quand on veut. De plus, nous nous faisons preuve d’une grande réactivité dans la prestation. Nous nous engageons à réaliser les cartes en quatre jours maximum. Airinov amène de vraies solutions pour simplifier les opération d’agriculture de précision et de modulation de dose.
Nous souhaitons que le matériel d’acquisition de données se déploie le plus possible. L’objectif serait d’aller à plus de 100 prestataires pour mailler complètement le territoire.
Ensuite, nous voulons développer notre offre produits. En 2016, nous allons nous pencher sur le rattrapage d’adventices en cultures sarclées les dégâts subis par les parcelles (gibier, accidents climatiques).
En plus des recommandations que nous effectuons déjà sur blé tendre, blé dur, orge, colza, nous nous orientons vers la gestion des prairies, la viticulture, le maraîchage et la production fruitière. C’est pourquoi nous avons ouvert un pôle agronomique en janvier à Angers avec trois collaborateurs.