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Transition agro-écologique

Agriculture de précision : be Api veut passer la vitesse supérieure


TNC le 23/11/2023 à 11:40
EquipebeApietutilisateurs

De gauche : Thierry Darbin, directeur général de be Api qui est désormais remplacé par Olivier Descroizettes, Eloi Martin, chef de culture d'une exploitation dans l'Oise, Laurent Béguin, ATS référent productions végétales chez Natup, Laurent Maillard, responsable réseau be Api et Laurent Briquet, responsable agriculture durable et réglementation adhérents chez Sévépi. (© TNC)

« La bonne intervention au bon endroit » : voilà 6 ans que la société be Api développe ses services de modulation intra-parcellaire sur le territoire français. Maintenant que « le concept est éprouvé », la filiale de Bioline by InVivo entre dans « une deuxième phase de développement ». Son ambition : tripler le nombre d’hectares diagnostiqués d’ici 2030.

« Plus l’hétérogénéité intra-parcellaire est forte, plus l’intérêt de faire de la modulation est important », rappelle Laurent Maillard, responsable réseau be Api. Depuis sa création en décembre 2016, la filiale de Bioline by InVivo met en avant l’agriculture de précision afin « d’augmenter l’efficience des intrants et d’optimiser leur utilisation ».

Aujourd’hui, elle réalise 25 % des analyses de sols en France et rassemble 1 600 agriculteurs utilisateurs dans sa démarche. L’entreprise s’appuie notamment sur 27 distributeurs partenaires répartis sur tout le territoire, dont un nouveau, Vivadour. Jusque-là, be Api comptabilise près de 300 000 ha diagnostiqués au titre de la fertilité et/ou du potentiel des sols : 55 000 ha l’ont été au cours de la campagne dernière et 64 000 ha de diagnostics sont vendus pour la suivante. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là !

Schéma explicatif de la démarche proposée par be Api. (© be Api)

800 000 ha diagnostiqués d’ici 2030

« Nous avons prouvé l’efficacité de nos services, c’est l’heure désormais d’accélérer leur développement pour répondre aux enjeux économiques, environnementaux et sociaux auxquels fait face le secteur agricole », annonce Laurent Martel, directeur général de Bioline by InVivo.

be Api vise ainsi les 800 000 ha diagnostiqués et suivis d’ici 2030. « Une ambition mesurée mais réaliste qui nous permettra de faire reconnaître la capacité de be Api à agir comme un acteur majeur de la transition agro-écologique », souligne aussi Olivier Descroizette, son nouveau directeur général, qui succède à Thierry Darbin.

Sur 15 millions d’hectares de grandes cultures dans l’Hexagone, environ 70 % sont concernés par de l’hétérogénéité intra-parcellaire, selon l’outil révélateur mis au point par les équipes be Api. Et si aujourd’hui 85 % des diagnostics sont réalisés en grandes cultures, l’entreprise envisage également d’accompagner les secteurs de la viticulture et de l’arboriculture notamment.

De nouveaux services dans les tuyaux

Afin de rassembler davantage d’agriculteurs, be Api travaille à une meilleure couverture territoriale : l’entreprise souhaite « recruter de nouveaux distributeurs, coopératives et négoces, mais aussi fournisseurs d’intrants, concessionnaires, centres de gestion ou GRCeta ». Elle compte également « rassembler de nouveaux technico-commerciaux dans les structures déjà partenaires, ainsi que développer les savoir-faire et les partenariats pour proposer de nouveaux services innovants ».

Après Azote SP, Rendement et CarboN, les équipes be Api planchent, en effet, sur différentes prestations autour de l’irrigation, de la protection herbicide et de la qualité des sols, dévoile Laurent Maillard.

« 85 % des agriculteurs satisfaits des diagnostics »

« La preuve de concept est faite », reprennent les équipes be Api, qui ont mené une enquête de satisfaction cet été à ce sujet. Sur 1 020 agriculteurs interrogés, « 85 % se disent satisfaits à très satisfaits des diagnostics, 73 % jugent bon à très bon l’accompagnement au conseil et 31 % ont déjà perçu un retour sur investissement (55 % pensant qu’il est encore trop tôt), celui-ci intervenant généralement entre 2 et 5 ans ».

Après 6 ans de modulation, be Api a réalisé un nouveau prélèvement sur cette parcelle. Il a permis d’observer notamment l’évolution du pH sur cette période. (© be Api)

Parmi les agriculteurs utilisateurs, Eloi Martin, chef de culture d’une exploitation située entre l’Oise et le Val-d’Oise, est venu témoigner de son expérience. Il utilise les services be Api sur la totalité de l’exploitation (550 ha de grandes cultures et 130 ha de fruits rouges) : engrais, densité de semis, fongicides… et aussi irrigation. Et même si la prestation n’est pas encore déployée pour cette dernière, l’agriculteur module les apports en eau grâce à la carte de RU.

Moduler en fonction du potentiel et des aléas de la campagne

Concernant l’option be-Api Azote-SP, en partenariat avec Wanaka (télédétection sur blé, orge, colza), Eloi Martin met en avant l’intérêt de pouvoir moduler en fonction du potentiel de rendement, mais aussi en fonction des aléas de la campagne (climat, dégâts de ravageurs…) grâce à la mesure de LAI (indice de surface foliaire). Il cite l’exemple d’une parcelle de 14 ha où le conseil azoté varie du simple au double selon les zones (de 80 à 180 u/ha). Dans le contexte de hausse des prix des engrais, « les diagnostics ont ainsi été rentabilisés en une année », précise le chef de culture.

Au-delà d’une consommation d’azote maîtrisée, Laurent Béguin, ATS référent productions végétales chez Natup, souligne « un gain de 2 à 5 q/ha en moyenne et aussi de 0,2 à 0,5 point au niveau du taux de protéines ». « C’est aussi le moyen de sécuriser l’accès à certains marchés et/ou filières de qualité », ajoute Steve Briquet, responsable digitalisation et réglementation adhérents chez Sévépi.

Eloi Martin souligne toutefois la nécessité d’avoir accès à un parc matériel récent et adapté à la modulation intra-parcellaire. Il note aussi le temps de formation par lequel il a dû passer pour la création de ses cartes de modulation. « Certains agriculteurs souhaitent être autonomes sur ce point, d’autres préfèrent être accompagnés, note Olivier Descroizettes, l’objectif est de trouver les bonnes solutions afin de s’adapter et de répondre aux besoins du plus grand nombre ».