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Cogénération

À l’EARL du four à chaux, « rien ne se perd, tout se transforme ! »


TNC le 11/06/2019 à 05:54
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Après 3 ans de réflexion et 18 mois de construction, le méthaniseur de l'EARL du four à chaux libère du biogaz. 2,1 millions d'euros d'investissement pour produire de l'électricité et de la chaleur à partir d'effluents d'élevage et de déchets organiques. La particularité du site : Sébastien et Nicolas Beugnet récupèrent l'herbe coupée sur le bord des routes de la communauté de communes. 1 000 t de matière supplémentaire pour alimenter le digesteur. Un projet qui a convaincu les élus locaux et les habitants grâce à la communication précoce des agriculteurs.

L’EARL du four à chaux, installée à La Chaussée-Tirancourt (Somme), inaugure son unité de méthanisation en cogénération. Trois ans de réflexion, un et demi de travaux. C’est le temps qu’il aura fallu avant que les exploitants ne tournent la clé du moteur Scania pour produire de l’électricité. En plus de l’énergie électrique, Nicolas et Sébastien Beugnet, les associés de l’entreprise, récupèrent la chaleur issue du refroidissement du moteur pour chauffer quatre maisons et le séchoir à naître. Sans oublier le projet de chauffage de l’école communale. Le tout seulement à partir des effluents de leur élevage et de l’herbe récoltée sur le bord des routes.

Rassurer la population avant la levée des boucliers

Avant de se lancer, les deux frères ont pris rendez-vous avec le maire de la commune pour lui présenter le projet. Ils l’ont emmené visiter des installations pour vérifier ensemble l’absence de nuisances sonores et olfactives. « Produire du gaz peut faire peur aux riverains. Il faut rassurer la population avant la levée des boucliers ! », explique Nicolas. « Je connais bien la famille Beugnet », ajoute le maire. « Quand ils ont une idée en tête, ils ne l’ont pas ailleurs ! » Et pour preuve, les éleveurs ont investi environ 2,1 millions d’euros, subventionnés en partie par la région Hauts-de-France et l’Ademe.

Le méthaniseur est conçu pour traiter environ 8 000 t de déchets par an. 3 500 t sont issues du fumier bovin de l’exploitation. La ration est composée aussi d’ensilage de maïs, de cultures intermédiaires à valorisation énergétique (Cive), d’issues de céréales sèches, de légumes et d’herbe récupérée sur les bords de route. En effet, « nous avons investi dans un engin de fauche avec un système de récupération de l’herbe ! », souligne le propriétaire.

Produire de l’électricité grâce à l’herbe des accôtements routiers

« Nous gérons la fauche des accotements de route pour le compte de la communauté de communes par exemple. Le dispositif aspire la matière et l’envoi dans la remorque juste derrière. Il suffit de revenir sur le site pour entasser l’herbe, comme un tas d’ensilage. Près de 1 000 t sont ainsi récupérées ! » Reste le problème des déchets abandonnés sur le bord de la route. Ils sont nombreux mais inutile de s’alarmer. « En fauchant à une quinzaine de centimètre de hauteur, la plupart d’entre eux sont écrasés et ne finissent pas dans le digesteur », explique encore l’agriculteur. Quelques kilos par tonne de matière sont cependant collectés.

Pour alimenter le digesteur, le constructeur utilise de la technologie simple. Selon Christophe Delommez, technico-commercial AgriKomp ayant bâti l’installation, « l’objectif est l’efficience de l’installation. Utiliser le moins d’énergie possible pour en produire un maximum, c’est la philosophie de notre marque. Le mélangeur incorpore le fumier directement. Les grandes pales assurent l’homogénéité du produit et limitent la consommation d’énergie. Seulement 20 kW alimentent le moteur là où les autres systèmes sont à 65 ! », témoigne le spécialiste.

Bien choisir la composition des CIVE pour optimiser la production

À noter aussi que la coopérative Noriap accompagne les exploitations dans leur projet. D’après Bertrand Van Wynsberghe, technicien en charge du dossier chez Yseo, « bien choisir les espèces et variétés avant d’implanter les Cive est primordial. Leur pouvoir méthanogène diffère. Mon rôle est aussi de conseiller les fermiers pour optimiser la production d’intrants. Côté composition physico-chimique de la ration, ce n’est pas de mon ressort. Des biologistes suivent les performances du digesteur et affinent la ration. En revanche, j’interviens sur le côté agronomique, une étape aussi importante pour maximiser la production d’énergie. »

Le biogaz produit alimente le moteur Scania six cylindres de 12 l de cylindrée. Lui-même entraîne la génératrice électrique qui génère jusqu’à 200 kW. Le dispositif de refroidissement récupère la chaleur, qui sert ensuite à chauffer quatre maisons individuelles et un séchoir. Pour l’heure, il n’est pas construit mais devrait être prochainement sur pied. « Le projet est encore en réflexion mais nous pourrions aussi assurer le chauffage de l’école de la commune », termine l’agriculteur.