« Le drone devient un vrai outil pour travailler en agricole »
TNC le 18/06/2025 à 18:00
La société Agrodrone déploie l’AG 150, le premier drone de 150 kg à voler dans les champs français. Sa puissance et son autonomie ouvrent de nouvelles perspectives, notamment pour le semis de couvert avant récolte.
Avec 70 litres en pulvérisation et 100 litres en épandage, l’AG 150 est le premier drone agricole de 150 kg à fendre l’air en France. Aux manettes, la société Agrodrone, basée à Saint-Aubin-de-Médoc, à deux pas de Bordeaux, est une pionnière du secteur : elle a été créée en 2023 mais ses premiers essais remontent à 2015, pour le compte de deux coopératives à la recherche d’une solution pour semer un couvert avant récolte sur maïs. « C’était un drone de 4 kg, cela a bien évolué », sourit Charlotte Rossignol, en charge de la communication.
« On commence à avoir un vrai outil pour travailler en agricole. Les trémies de 8 kilos, c’est fini », souligne Vincent Deslandes, technico-commercial chez Agrodrone. En partant sur une densité de semis à 10 kg par hectare, l’AG 150 peut couvrir 10 hectares en deux ou trois minutes. « Si vous avez un maïs qui fait deux mètres, c’est la seule solution, même avec un enjambeur c’est compliqué », poursuit-il.
Des tests depuis 2015
Stéphane Ballas, responsable du service projets innovation dans les systèmes de production à la chambre d’agriculture du Gers, va réaliser fin août des essais de semis de couvert avec Agrodrone. Une société qu’il connait bien : il a participé aux tout premiers tests en 2015 lors de son précédent emploi.
« Ils ont une expérience importante, que ce soit au niveau des technologies, de la précision mais aussi de l’agronomie », avance-t-il. Ne fais pas voler un drone qui veut, surtout de cette taille : Agrodrone dispose des toutes les autorisations adéquates.
Plus complexe qu’un semis classique
Familier de l’usage des drones, Stéphane Ballas livre son analyse : « Sur du maïs, c’est très intéressant. C’est le seul équipement qui peut intervenir avant récolte, à part l’enjambeur mais peu de monde en possède un. Sur céréales, on peut épandre à la volée, classiquement, le drone se justifie moins ».
L’implantation précoce a « des avantages et des incertitudes », constate-t-il. « Dans certains cas, notamment sur du maïs semence, on a enregistré une biomasse plus développée avant l’hiver, pour une meilleure captation de l’azote, une érosion limitée… Mais c’est plus complexe qu’un semis après récolte, il faut penser à la lumière, à l’eau, faire le lien avec l’irrigation… Le drone fait des choses incroyables, il faut juste ne pas oublier l’agronomie », résume Stéphane Ballas.
Une façon de populariser les couverts
Il continue à mener des essais : « L’utilisation du drone pour le semis de couvert est une pratique très innovante, on a encore peu de données dessus. L’épandage de trichogrammes est plus implanté. » Stéphane Ballas voit un dernier avantage au drone : « C’est une machine ludique, elle attire le public, c’est aussi une bonne façon de parler des couverts et les populariser ! »
Agrodrone se déplace dans toute la France. L’intervention coûte en moyenne entre 50 et 60 € de l’hectare. « On ne remplacera pas le tracteur, c’est sûr, mais quand nos clients essayent, ils reviennent souvent, assure Vincent Deslandes. Et ce ne sont pas que des jeunes ! Le drone peut apporter des solutions pour tout le monde ».