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Agricultrice et infirmière

« Deux passions pour un même objectif : prendre soin des autres »


TNC le 25/04/2022 à 16:53

La saison 2 de la web-série « Et en vrai ? » est sur les réseaux sociaux depuis novembre dernier ! Créée par Jeunes Agriculteurs, elle vise à promouvoir le métier d'exploitant agricole, à travers des portraits vidéos de producteurs récemment installés. « Ma plus grande joie aujourd'hui, c'est d'être épanouie dans ma vie d'agricultrice, de maman, de femme et d'infirmière », insiste dans ce 2e épisode Flavie Melendez, éleveuse en Haute-Savoie. Cette finaliste du concours Graines d'agriculteurs 2021 mène de front deux passions, soigner et nourrir les gens, malheureusement tout aussi mal payée et peu soutenue par l'État.

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« Je me suis toujours dit qu’un jour, je serai ingénieure agricole ou que j’exercerai un métier en lien avec l’agriculture. » Flavie Melendez ne s’est pas trompée : depuis février 2019, elle est éleveuse de vaches (une vingtaine d’Abondances, Tarines et Montbéliardes) et de chèvres en Haute-Savoie, où elle a ses « racines ». Même si son mari est agriculteur, elle s’est associée en hors cadre familial, en Gaec avec un père et son fils, Pierre et Jean-Pierre Amafroi-Broisat. La Ferme des Roches Fleuries à Saint-Gervais-les-Bains compte 94 ha dont 55 ha d’alpages. De l’élevage au pays du Mont-Blanc, elle apprécie « les valeurs et savoir-faire ancestraux, l’importance du terroir ». « Les qualités culinaires et gustatives passent par le produit », souligne-t-elle.

On doit savoir tout faire !

« Je suis maman et agricultrice, poursuit la jeune femme de 35 ans. « Et en vrai ? » » (c’est le titre de cette web-série du syndicat Jeunes Agriculteurs, diffusée sur les réseaux sociaux, à laquelle appartient la vidéo ci-dessus, 2e épisode de 2e saison). « Je suis bien d’autres choses », répond-elle, faisant référence aux « multiples facettes du métier d’agriculteur aujourd’hui ». « Nous ne sommes plus les paysans d’il y a 50 ans, on doit savoir tout faire ! Produire, transformer (avec le lait de ses bêtes, elle fabrique de la tomme, raclette, faisselle, fromage blanc, yaourts), faire la comptabilité, accueillir le grand public et organiser des visites de fermes, voire fournir les cantines comme ici celles de Saint-Gervais ou les restaurants. C’est loin d’être monotone ! » 

« L’important, ce qui m’anime, c’est de partager »

D’autant que Flavie est aussi infirmière aux urgences des hôpitaux du pays du Mont-Blanc. Une profession pas si éloignée de l’agriculture, estime-t-elle. « C’est la même passion, vécue intensément, et finalité : l’humain. On prend soin des gens, en les sauvant ou en les nourrissant avec des produits de qualité respectant un ensemble de normes : AOP, bien-être animal… ». Sans, pour autant, être payé à la hauteur des efforts fournis ni soutenu par l’État. Pourtant, comme le montre la pandémie de Covid-19, « on ne peut se passer ni de l’une ni de l’autre », met-elle en avant (au premier confinement, pour aider, elle a repris sa blouse, ôtée pour devenir éleveuse, et ne l’a plus quittée, ce qui lui a valu la distinction « coup de cœur » du jury au prix Femme d’influence 2020). 

Dans mes deux activités, « et c’est ce qui m’anime, l’important est de partager ». Ainsi, à la ferme, l’éleveuse fait « découvrir son métier, son univers » aux écoliers, comme aux vacanciers. Et peut-être bientôt aux personnes handicapées, puisqu’elle envisage de se lancer dans la zoothérapie pour allier ses deux centres d’intérêts : soigner et les animaux. « Expliquer pourquoi on fait ça comme ça » permet de réduire « les clivages entre la population urbaine et rurale, et avec les exploitants agricoles notamment ». « Il y en a tellement, déplore-t-elle. Il faut remettre l’église au milieu du village ! » Avant de conclure : « Ma plus grande joie, c’est d’être épanouie dans ma vie d’agricultrice, de maman (d’une fillette de neuf ans), de femme et d’infirmière. »

Remettre l’église au milieu du village.

Heureusement, ses associés et salariés s’adaptent à l’emploi du temps qu’impose sa double activité sachant qu’à l’inverse, Flavie tient compte de la saisonnalité des productions, travaillant plus à l’hôpital l’hiver. Mais elle en convient : concilier vie professionnelle et personnelle n’est pas toujours facile. Tout en reconnaissant qu’elle n’est pas la seule exploitante agricole maman et engagée professionnellement ou dans le milieu associatif. « Quand on est heureux dans plusieurs métiers difficiles, je crois qu’on a gagné. » C’est ce message qu’elle veut faire passer aux autres, aux agricultrices, aux femmes et surtout à sa fille.

Retrouvez le 1er épisode de la saison 2 de « Et en vrai ? » :

« Ma famille est là depuis des générations. C’est pour ça que je suis attaché à cette terre, je pense », raconte Gabriel, agriculteur dans le Loiret, en prenant une motte dans ses mains. « Théoriquement, je suis le patron de mon entreprise mais, en réalité, c’est la nature qui commande, jusqu’aux productions que je sème ! », ajoute le producteur de 34 ans. Pourtant timide, il s’implique en dehors de son exploitation, de manière régulière dans une association ou au conseil municipal, ou plus ponctuelle comme l’an dernier à Innov-Agri au service restauration. « Ce n’est pas parce qu’on est seul dans le tracteur, qu’on ne peut pas travailler en équipe sur d’autres projets », pro comme perso, explique Gabriel. « Le côté agricole nous rassemble, mais l’humain aussi ! »